Sébastien Jardin, IBM Security France : La cybersécurité est un moyen de réduire le risque digital
janvier 2020 par Marc Jacob
IBM durant l’édition du FIC 2020 présentera IBM Cloud Pak for Security et IBM Cloud Identity qui seront présenter lors de deux conférences.
Sébastien Jardin, Directeur du Business Development d’IBM Security France estime que la cybersécurité est un moyen de réduire le risque digital et de protéger ce qui nous est cher.
Global Security Mag : Quelle sera votre actualité lors du Forum International de la Cybersécurité 2020 ?
Sébastien Jardin : Les deux annonces principales d’IBM Security sur le FIC 2020 seront la présentation de l’IBM Cloud Pak for Security (plateforme évolutive dont la première version mise sur le marché fin novembre 2019 permet de réaliser des investigations transverses aux outils de cybersécurité, IBM ou non, sans avoir à parler le langage de chacun ni déplacer leurs données) et de la solution IBM Cloud Identity (plateforme cloud de gestion des identités & accès, particulièrement adaptée au monde du Customer Identity & Access Management et des objets connectés). Ces deux technologies seront présentées par Thierry Matusiak et Rafik Mezil lors de conférences officielles FIC. Et sur le stand IBM en A13, vous pourrez compléter la découverte de ces solutions par deux autres fleurons de notre portefeuilles logiciel que sont IBM QRadar (détection avancée d’incidents de sécurité en multi-canal et avec intelligence artificielle) et IBM Resilient (modélisation, simulation, orchestration, optimisation et conformité des processus de réponse aux incidents de sécurité).
Global Security Mag : Selon-vous, comment l’humain peut-il être acteur de la cybersécurité, alors qu’il est essentiellement regardé aujourd’hui comme victime ou comme auteur ?
Sébastien Jardin : Il est vrai qu’il est souvent dit que le plus grand facteur de risque se trouve entre l’écran et la chaise. C’est souvent vrai mais c’est aussi très réducteur car la cybersécurité est bel et bien l’affaire de tous. Les meilleurs outils du monde, s’ils ne sont pas utilisés correctement n’auront que peu de valeur. C’est pourquoi il est utile de s’équiper des bons matériels mais également de mettre l’emphase sur la vulgarisation et la transmission à tous de cette culture cybersécurité vue aujourd’hui encore trop comme un monde d’experts à part. Il nous paraît évident que lorsque l’on appelle la cellule cybersécurité quand la brèche est constatée, c’est qu’il est souvent trop tard. La première ligne de cyberdéfense sont les métiers et la cybersécurité doit être vue comme un moyen de réduire le risque associé au digital. L’humain est donc plus que jamais clef dans la cybersécurité.
Global Security Mag : Quels conseils pourriez-vous donner aux organisations pour qu’elles parviennent à impliquer les décideurs et sensibiliser leurs utilisateurs ?
Sébastien Jardin : Aujourd’hui, presque tout est devenu digital et dans bon nombre de secteurs, innovation rime souvent avec digitalisation. Et depuis des siècles, avant toute mise en place d’un nouveau projet, l’humain considère les risques associés pour les réduire et ainsi rendre pertinent son idée, son innovation, son outil… Dans le monde digital que nous connaissons, la cybersécurité commence à être vue comme un moyen de réduire le risque associé au digital, mais il ne faut pas relâcher nos efforts pour que cela devienne durablement un réflexe métier. L’actualité de ces dernières années prouve que lorsque ce n’est pas le cas, les conséquences sur les organisations et les humains peuvent être importantes. Ceci dit, avec la mise en lumière de certaines attaques et l’impact de ces dernières, les décideurs et les utilisateurs commencent à comprendre que la cybersécurité est l’affaire de tous et que la première ligne de cyberdéfense sont les métiers. D’ailleurs, à ce sujet, différentes études récentes montrent qu’en sept ans le risque cyber est passé de la 15ème à la 1ère place en France. La preuve me paraît donc faite que les décideurs ont clairement gagné en maturité sur le sujet, et je pense que c’est également grâce aux efforts des RSSI les plus visionnaires qui se positionnent désormais comme partenaire du business (ie. celui qui ne dit pas « non » mais « oui si »).
Global Security Mag : Comment les technologies doivent-elles évoluer pour une sécurité au plus près de l’utilisateur ?
Sébastien Jardin : J’ai tendance à dire que la cybersécurité doit être comme une chaude couverture que l’on met sur ses épaules en prévision des temps froids mais qu’elle ne doit pas nous gêner dans notre quotidien. Les technologies doivent donc évoluer dans deux axes qui peuvent paraitre antagonistes : plus efficaces et répandues (cf. zero trust, zero knowledge), mais à la fois toujours plus discrètes et autonomes (cf. biométrie, machine learning). De plus, et c’est la stratégie qu’applique IBM avec le Cloud Pak for Security, les technologies doivent être de plus en plus collaboratives et interopérables via des langages open source car n’oublions pas que la résistance d’une chaine se mesure à celle de son maillon le plus faible. Les technologies et les acteurs doivent donc se concentrer chacun sur leur expertise et à la fois savoir comment opérer efficacement en écosystèmes.
Global Security Mag : Quelles actions les acteurs de la cybersécurité peuvent-ils mettre en place pour attirer de nouveaux talents ?
Sébastien Jardin : La cybersécurité est sous les feux de la rampe depuis plusieurs années. A une époque encore assez récente, personne ne savait vraiment ce que c’était. Désormais, le Commandement de la Cyberdéfense défile sur les Champs Elysées tous les 14 juillet, certains constructeurs d’appareils mobiles utilisent la cybersécurité comme argument commercial, certaines assurances mettent sur le marché des polices cyber, et de plus en plus de films & séries tv mettent en scène des cyber-attaques. Donc pour attirer de nouveaux talents, je pense que le principal est de se concentrer sur la création de cursus de formation car, encore une fois, tous les experts vous diront que le marché de la cybersécurité est en manque de ressources humaines et que la création de compétences est aujourd’hui en dessous du rythme de la demande. Une fois les ressources formées, et parce que l’on sait pertinemment que même une fois formé, devenir expert en cybersécurité prend du temps, il convient également de se poser la question de comment attirer les bonnes ressources au sein de nos entreprises de cybersécurité. Et là, nous sommes comme dans beaucoup d’autres domaines, dans une dualité de profils. Certes le salaire reste un point important, et dans un contexte de ressources expertes rares, c’est le salarié qui est en position de force ; mais souvent dans la cybersécurité ce n’est pas le seul paramètre qui compte. En effet, on trouve deux types de profils, les premiers plutôt tournés vers les grandes entreprises comme IBM par exemple, les seconds plutôt tournés vers des startups hyper spécialisées. Certains passent d’un cadre à l’autre, mais c’est n’est pas la majorité. Et pour retenir ces talents, ce qui compte en plus du salaire, c’est tout ce qu’une grande entreprise en cybersécurité peut leur apporter en termes de visibilité sur le marché, de diversité de projets à traiter, de multiplicité de chemins de carrière, de réseau international de ressources expertes pour continuer à progresser dans la durée.
Global Security Mag : Selon vous, à quoi pouvons-nous nous attendre en termes d’attaques et de défense pour 2020 ?
Sébastien Jardin : L’année 2019 a été très intense en termes de cyber-attaques. On a vu des villes et des gouvernements se faire attaquer via des ransomwares. On a vu de très larges vols de données à travers le monde dans des secteurs d’activités très variés. On a également vu des organisations de cyber criminels révélées au grand jour et commettant des attaques massives. Alors oui, on peut penser que si 2020 suit la tendance prise par la cyber criminalité depuis quelques années, il va falloir redoubler d’effort pour protéger ce qui nous est cher. En termes de tendance pour 2020, on peut en pressentir quelques-unes. Du côté des attaques on pressent un regain des attaques sur les organismes bancaires, une multiplication des attaques dans le but de détruire, une accélération de l’usage du vecteur cyber par certains pays dans une démarche combative, une recherche de l’exploitation de l’intelligence artificielle à des fins néfastes, ou encore un élargissement des attaques au monde des entreprises de tailles intermédiaires. Côté défense maintenant, on pressent un mouvement des équipes cybersécurité à penser comme l’attaquant et à chercher toujours plus d’interopérabilité entre les systèmes en place mais aussi à mobiliser les directions générales sur le sujet du risque digital.
Global Security Mag : Quel message souhaitez-vous transmettre aux RSSI ?
Sébastien Jardin : Tout est digital, c’est un fait, c’est pratique, c’est utile, mais cela peut aussi se révéler risqué. La cybersécurité est donc un moyen de réduire le risque digital et de protéger ce qui nous est cher. Certes, la cybersécurité reste un métier d’experts mais plus elle sera prise en compte dans les projets métiers, plus les experts pourront se concentrer sur les sujets critiques. Il faut donc chercher à répandre la culture cybersécurité dans les organisations et le monde éducatif, mobiliser toujours davantage les directions générales, et renforcer les systèmes de défense en prenant bien soin de veiller à l’interopérabilité de leurs éléments unitaires.
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