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Marta de Cidrac, Sénatrice des Yvelines (Île-de-France), Vice-Présidente de la Commission de l’aménagement du territoire et du développement durable, Secrétaire de la Commission des affaires européennes, Auditrice « politique de défense » 72e session de l’IHEDN, marraine des Trophées Européens de la Femme Cyber : Mesdames, engagez-vous en matière du Numérique, de la Cyber et de la Cybersécurité, parce que c’est passionnant !

novembre 2024 par Valentin Jangwa, Global Security Mag

Lors du 14ème Colloque du CEFCYS (Cercle des Femmes de la Cybersécurité) au Palais du Luxembourg, Marta de Cidrac, Sénatrice des Yvelines et marraine des Trophées Européens de la Femme Cyber, a accordé un entretien à Global Security Mag.

Dr. Nacira Salvan (à gauche), La Sénatrice Marta de Cidrac (à droite)

Global Security Mag : Bonjour Madame la Sénatrice Marta de Cidrac. Global Security Mag est ravi d’avoir cet entretien avec vous dans le cadre du 14e colloque du CEFCYS, dans les locaux du SENAT. Pouvez-vous vous présenter et nous dire comment votre parcours vous a amenée au CEFCYS et à la Cybersécurité ?

Marta de Cidrac : Je suis Marta de Cidrac, Sénatrice des Yvelines. Je fais partie au Sénat, de deux commissions qui m’intéressent énormément, dont une particulièrement sur le sujet qui nous réunit autour du Numérique, de l’Intelligence Artificielle, de la Cybersécurité. C’est la Commission des affaires européennes dans laquelle nous suivons de près tout ce qui est de l’ordre des décisions à l’échelon européen, et que nous, en tant que parlementaires français et nationaux, nous amendons par moment. Mais nous y reviendrons. La deuxième commission à laquelle j’appartiens, et qui a aussi une connexion avec le monde du numérique est celle de l’aménagement du territoire et du développement durable, puisqu’on constate maintenant, y compris sur des sujets qui peuvent paraître éloignés du monde de la Cyber, que nous avons de plus en plus d’applications dans le domaine de l’aménagement territorial, dans le domaine du développement durable et de l’environnement de façon générale, beaucoup de choses qui passent à travers des applications, et qui sont donc numériques. Cela nous interpelle toutes et tous sur le volet de la sécurisation de données, d’applications, de RGPD (Règlement Général sur la Protection des Données), enfin de sujets assez vastes sur lesquels, en tant que Parlementaire et particulièrement en tant que Sénatrice, membre de ces deux commissions, on ne peut se soustraire véritablement. Pour répondre pleinement à votre question, ce qui m’a amenée sur ces sujets, moi qui suis architecte de métier par ailleurs, c’est le fait d’avoir réalisé d ’une part que nous sommes maintenant dans un environnement éminemment numérisé, et que d’autre part, nous ne pouvons plus échapper aux applications dans nos vies quotidiennes, dans nos vies professionnelles, dans nos vies d’élu.e.s. Et c’est à ce titre, en tant qu’élue, Conseillère municipale dans ma ville, que j’ai réalisé à quel point, parfois, nous sommes vulnérables dans les communes par rapport à ces sujets de Cyberattaques. Dès lors que vous identifiez un problème, vous avez forcément envie d’en connaître plus et de savoir de quelle façon vous allez pouvoir le résoudre. Et pour pouvoir agir, il fallait commencer à se poser les bonnes questions. Comment ? Avec qui ? Quels sont les dangers ? Identifier tout cela et, à partir d’un moment donné, pouvoir, en tant que législateur, peut-être proposer des solutions. Voilà donc l’émergence de mes premières réflexions autour de la Cybersécurité. Et il se trouve aussi que les rencontres, parfois, sont très heureuses dans la vie. J’ai fait la connaissance de Dr. Nacira Salvan à l’occasion d’un évènement Cyber, et c’est ainsi que j’ai découvert, il y a quelques années, le CEFCYS, et j’ai trouvé le dynamisme qui se dégage de cette association tournée vers un autre sujet qui me tient beaucoup à cœur et qui est celui d’introduire de plus en plus de femmes dans ce monde de la Cybersécurité qui reste encore perçu comme un monde éminemment masculin. Et lorsque l’on fait la connexion à la fois de l’Union Européenne, avec moi en tant que membre de la commission des affaires européennes sur des sujets du numérique et de la Cybersécurité, et du monde numérique dans lequel les femmes sont encore un tout petit peu minoritaire tout de même, j’ai pensé qu’il y avait là quelque chose sur laquelle il fallait que je m’engage en tant que Parlementaire française, en tant que Sénatrice.

Global Security Mag : En rapport avec cet engagement de Sénatrice, vous avez évoqué le CEFCYS et les enjeux de la Cybersécurité. Que pouvez-vous nous dire de plus quant à la sensibilisation et à la formation de vos collègues Sénatrices et Sénateurs, des actions que vous menez notamment par rapport à ces directives européennes dont la transposition est en cours ?

Marta de Cidrac : Sur tous ces sujets, le Sénat est très engagé, et ce à travers trois vecteurs.
Le premier des vecteurs, nous l’avons déjà cité, c’est celui de la Commission des affaires européennes, puisqu’un certain nombre de propositions de résolution ont été émises par le Sénat dans le cadre des directives européennes. Notre collègue Catherine Morin-Desailly travaille sur tous ces sujets de suivi des textes et des directives européennes et très régulièrement nous nous réunissons au niveau de la Commission pour examiner un certain nombre de textes et pour que nous puissions émettre des propositions de résolution à destination de la Commission, et qui passent évidemment par le truchement de nos représentants au sein de la Commission des affaires européennes. C’est donc un premier vecteur important du Sénat dans le cadre des directives européennes.
Un deuxième vecteur, ou deuxième angle de réflexion et d’action, c’est la Délégation aux entreprises qui a un regard beaucoup plus d’application de ce que peut être le monde numérique appliqué à l’activité économique et donc avec tout ce que cela suppose comme possibles cyberattaques, comme possibles vulnérabilités autour de la sécurité numérique pour nos entreprises françaises, pour nos entreprises européennes. C’est le deuxième axe de travail au sein du Sénat et nous en avons un troisième et pas des moindres qui est celui du groupe d’études du numérique présidé par mon collègue Patrick Chaize et qui, à travers ses auditions, à travers les travaux que nous menons au sein de ce groupe d’études du numérique, nous sommes force de proposition au Sénat pour des textes de loi qui vont dans le sens, que ce soit de l’Intelligence Artificielle (comme évoqué à l’occasion des Tables Rondes qui ont posé de vraies questions sur par exemple la souveraineté d’un état à travers l’Intelligence Artificielle), ou à travers les bases de données, à travers tout ce que cela aussi peut amener comme vulnérabilité pour nos états. Tout cela représente une guerre qui ne dit pas toujours son nom et qui peut exister dans cet univers de la Cyber et quand on est parlementaire il est indispensable que nous puissions travailler sur ces différents axes. Au Sénat, nous avons donc ces trois vecteurs, et dans notre institution, nous sommes 348 Sénateurs et Sénatrices, et selon nos différents Départements, selon nos différents territoires, nous avons aussi des sensibilités diverses sur les sujets Cyber. J’ai évoqué mon département des Yvelines, pour effectivement illustrer ces cybermenaces qui existent également dans mon Département, à travers trois communes qui, récemment, ont connu des cyberattaques : Clairefontaine, que l’on connaît bien puisque l’équipe de France de football s’y entraîne, Sartrouville, qui est toute proche de ma commune d’attache, Saint-Germain-en-Laye. Et aussi la ville des Mureaux. Ces villes ont subi aussi des cyberattaques importantes ces dernières années. En tant que Parlementaire, et Sénatrice, on ne peut pas ignorer toutes ces problématiques des pirates ou hackers qui peuvent attaquer nos communes par leurs vulnérabilités, mais aussi accéder à des données qui sont essentielles pour nos concitoyens et concitoyennes, pour nos communes, et qui nous interrogent sur la démocratie locale. En effet, comment voulez-vous que nos concitoyens et concitoyennes puissent faire confiance aussi à l’outil que leur Commune leur met à disposition si la Commune ne peut pas leur garantir un minimum de défense face à des cyberattaques ? Tout cela fait aussi écho à ce qu’est aujourd’hui notre Démocratie, d’autant plus comme évoqué à l’occasion des tables rondes, que cela soulève les questions de la Souveraineté et la Nationalité des données qui nourrissent les Intelligences Artificielles au service de nos différents territoires.
Et à travers cette vulnérabilité cyber, peut aussi apparaître une forme d’ingérence dans un monde de plus en plus complexe, dans un monde de plus en plus trouble. Des ingérences plus ou moins malveillantes, plus ou moins bien intentionnées vis-à-vis de nos propres démocraties. En tant que Parlementaire et Sénatrice, il est exclu de ne pas s’intéresser à tous ces sujets. Il peut s’agir à la fois d’ingérence économique et d’ingérence politique, puisqu’avec les élections de cette année, il y a plus de 50 % de la population mondiale qui a voté ou va voter. Et ces élections peuvent forcément indirectement nous concerner. Donc ce sujet est éminemment important et doit absolument nous interroger sur le fonctionnement de nos démocraties. Pour prendre un exemple de la vie courante qui a d’ailleurs été évoqué à l’occasion de la première Table Ronde de ce Colloque, lorsque nos étudiant.e.s font appel à de l’Intelligence artificielle, celle-ci est alimentée par des sources qui ne sont pas toujours européennes, qui ne sont pas toujours françaises, pour de nombreuses raisons qui s’expliquent, mais c’est une réalité. Et si nous n’avons pas le recul suffisant quand on utilise cette intelligence artificielle, ce qui semble être souvent le cas de nos jeunes étudiant.e.s, on peut avoir des biais qui s’installent dans notre propre mode de raisonnement. C’est en ce sens que le législateur doit s’intéresser éminemment à ces sujets, sans pour autant légiférer sur tout. D’autre part, il peut y avoir aussi des sources qui ne sont pas fiables. Donc si on n’a pas la capacité de réinterroger la fiabilité des données que l’on met à disposition, il est évident que cela aussi doit nous rendre plus vigilant.e.s .

Global Security Mag : Quels seraient vos messages clés pour nos lectrices et lecteurs ? Quels sont vos messages clés pour encourager à plus de féminisation dans notre écosystème du Numérique, de la Cyber et de la Cybersécurité ?

Marta de Cidrac : Mon premier message est de dire : Engagez-vous ! Engagez-vous en matière de Cybersécurité, et comprenez bien quels sont les enjeux.
Quel que soit notre domaine, que nous soyons enseignant.e.s, que nous soyons dans le monde économique du privé, ou que nous soyons hommes ou femmes politiques, il faut absolument avoir une connaissance précise des enjeux qu’il y a dans ce monde de la Cybersécurité. Et plus particulièrement, en tant que Sénateur ou Sénatrice, il est fondamental que nous soyons très éclairé.e.s sur ces sujets. C’est ainsi qu’ici, dans cette maison à laquelle j’appartiens, au Palais du Luxembourg, nous auditionnons beaucoup sur ces thématiques, sur ces sujets, de manière à provoquer le débat, et de manière que chacun et chacune d’entre nous, puisse être le mieux outillé.e pour comprendre ces enjeux. Quand on arrive à bien cerner les enjeux, on peut se fixer des objectifs. Quand les objectifs sont clairement édictés, on peut commencer à mettre en place des outils et des moyens pour pouvoir les atteindre. Et pour répondre à votre dernière question, sur comment faire pour encourager à la sensibilisation des femmes, afin qu’elles intègrent le plus possible ce monde de la Cybersécurité, j’ai une conviction intime qu’il nous faut de la diversité dans cet univers, et pour une raison très simple qui est que la problématique est complexe. Et pour mieux comprendre cette complexité, il nous faut en réalité des sensibilités les plus diverses possibles. Chacun, chacune a sa propre approche du sujet, et je reste convaincue que nous les femmes, nous avons aussi quelque chose à apporter dans cet univers de la Cybersécurité, en évitant d’être sexiste ou genrée (ce qui n’est pas le sens de mon propos). Chacun, chacune d’entre nous, a des sensibilités, des expériences de vie différentes par rapport à l’outil numérique ou informatique dont nous disposons au quotidien, mais pour lequel nous ne sommes pas encore assez bien sensibilisé.e.s sur ce que peut vouloir dire cette vulnérabilité sujet à des cyberattaques potentielles qui peuvent nous atteindre tous et toutes.
Il me semble qu’une femme peut s’avérer utile dans cet univers. Donc, mesdames, engagez-vous en matière du numérique, bien évidemment, mais aussi de Cyber et de Cybersécurité, parce que c’est passionnant et intéressant, et surtout parce que vous serez utiles à la collectivité , aux hommes et aux femmes que nous sommes dans ce continent, dans ce pays, et plus largement sur cette planète !

Valentin Jangwa (à gauche), Dr. Nacira Salvan (au centre), la Sénatrice Marta de Cidrac (à droite)

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