Gérôme Billois, Wavestone : Il faut espérer que les avancées de l’intelligence artificielle pourront simplifier et rendre plus efficaces les actions des équipes de cybersécurité
mars 2024 par Marc Jacob
A l’occasion du Forum InCyber 2024, Wavestone présentera l’ensemble de ces offres de services, en mettant l’accent celle concernant l’IA. Le salon sera aussi l’occasion d’échanger sur les enjeux croisés entre l’écologie et la cybersécurité. Selon Gérôme Billois, Partner de Wavestone il faut espérer que les avancées de l’intelligence artificielle pourront simplifier et rendre plus efficaces les actions des équipes de cybersécurité, pour faire face à tous ces changements.
Global Security Mag : Quelle sera votre actualité lors du Forum InCyber 2024 ?
Gérôme Billois : Nous serons bien évidemment présents sur le Forum (stand A3), pour échanger tout au long du salon avec les visiteurs et présenter nos expertises, notamment sur les sujets d’actualité (NIS 2, DORA, CIAM, etc…). L’IA occupera évidemment une part importante, avec d’abord nos deux démonstrateurs qui seront sur notre stand. J’animerai également une table ronde le jeudi 28 à 16h30 sur l’impact de l’IA sur le rôle du RSSI, et nous présenterons mercredi 27 à 11h20 notre tout nouveau radar des solutions de sécurité pour une IA de confiance, fruit de plusieurs mois de consultations et d’échanges avec les acteurs de ce marché en pleine croissance.
Mais les autres thématiques ne seront pas en reste. Pascal Vidal animera également une table ronde sur le sujet IAM-CIAM, le 27 mars à 15h45, et l’un de nos experts, Jean Marsault, interviendra au CORIIN le 26 mars à 17h20 pour partager un retour d’expérience sur une gestion de crise. Nous reviendrons aussi sur nos dernières actualités, comme le radar du RSSI 2024, ou la dernière édition de notre Cyberbenchmark. Enfin, le salon sera évidemment l’occasion d’échanger sur les enjeux croisés entre l’écologie et la cybersécurité, en lien avec notre toute récente étude sur l’impact environnemental de la cybersécurité, et comment le réduire !
Global Security Mag : Quels sont les points forts des solutions que vous allez présenter à cette occasion ?
Gérôme Billois : Nous tirons parti de notre positionnement auprès de plusieurs grandes organisations en Europe et dans le monde, et de notre expérience pour capitaliser sur les enseignements que nous en tirons, pour donner une vision exclusive des grandes tendances du marché.
Par exemple, les multiples missions réalisées depuis l’année dernière auprès de nos clients, aux contextes et enjeux très divers, et les consultations menées dans le cadre de notre radar des solutions de sécurité pour l’IA, nous permettent de disposer d’une vision fine de l’impact de l’IA sur la cybersécurité, et d’accompagner nos clients sur cette thématique. Mais ces atouts se retrouvent aussi sur d’autres sujets, comme la directive NIS 2 ou DORA, qui vont concerner beaucoup de nos clients et où notre expérience en matière d’accompagnement à la mise en conformité (NIS 1, LPM, …) sera un vrai atout.
Global Security Mag : Cette année le Forum InCyber aura pour thème l’IA, quelles sont les principales cyber-menaces qui en sont issus ?
Gérôme Billois : Elles sont nombreuses et encore en constante évolution, mais on peut les classer en deux types :
• D’abord les menaces venant de l’usage de l’intelligence artificielle par les attaquants : utilisation de « deepfakes » pour rendre plus crédibles les tentatives de fraudes, comme on l’a vu récemment à Hong Kong, usage de LLM pour générer à grande échelle des campagnes de phishing en plusieurs langues, et bien d’autres. L’IA peut devenir un outil puissant dans les mains d’un acteur malintentionné. Les équipes cybersécurité doivent augmenter leur niveau de jeu face à l’évolution de cette menace.
• Et ensuite les risques liés à l’utilisation d’intelligence artificielle non sécurisée par les organisations. Les modèles d’IA peuvent être vulnérables, et sont susceptibles de faire l’objet d’attaques de la part des attaquants : attaque par évasion, par empoisonnement, attaque de type oracle. Les modèles que l’on retrouve sur les sites d’hébergement open source peuvent être compromis, soit pour renvoyer des résultats erronés, soit pour introduire des vulnérabilités ou du code malveillant dans les systèmes d’information, comme dans le cas d’une attaque par supply chain. Et il ne faut pas oublier les risques légaux, en matière de protection des données personnelles, de droit d’auteurs, etc… A minima, il est nécessaire que toutes les organisations s’emparent du sujet et mettent en œuvre de l’IA « secure by design » en commençant par l’évolution de leur référentiel de politiques de sécurité et d’analyse de risque.
De plus, les menaces sont variées, et nécessiteront une approche globale de la part des organisations, au-delà uniquement de la cybersécurité, incluant un grand nombre de fonctions en leur sein, pour pouvoir créer des IA de confiance (« trustworthy AI »).
Global Security Mag : Avez-vous ou allez-vous intégrer des technologies d’IA dans vos solutions ?
Gérôme Billois : En tant que cabinet de conseil, nous sommes évidemment très impliqués pour explorer comment l’IA peut changer nos méthodes de travail. Nous sommes par exemple partenaire de Microsoft pour le déploiement de Microsoft 365 Copilot, ce qui permet à nos consultants de bénéficier d’accès en avant-première à la solution.
Et évidemment, nous accompagnons nos clients dans l’utilisation de l’IA pour améliorer leur niveau de sécurité. Notre maquette CISO GPT, qui sera présente sur notre stand, est un bon exemple : c’est un chatbot qui, à partir de votre corpus documentaire de sécurité, répond aux questions de vos employés sur les pratiques de sécurité à adopter. Cela permet de rendre plus accessible une documentation qui peut-être souvent longue et complexe.
Global Security Mag : Comment les technologies doivent-elles évoluer pour contrer ces menaces ?
Gérôme Billois : Du fait de l’arrivée de l’intelligence artificielle, les menaces vont évoluer sur deux axes :
• D’abord, leur volume va fortement augmenter, grâce à l’automatisation que permet l’IA, par exemple pour générer des mails de phishing. Les équipes de cybersécurité devront donc augmenter leur capacité à traiter ces attaques pour faire face à ce nouveau volume, et leur outillage devra suivre.
• Mais c’est surtout leur qualité qui va s’accroître, d’abord avec des menaces touchant directement des systèmes d’intelligence artificielle, ou des attaques améliorées par l’intelligence artificielle (génération de deepfakes très crédibles pour des fraudes, identification de vulnérabilité zero-day grâce à l’IA, etc…). C’est cet aspect qui est le plus dangereux car les technologies de sécurité ne sont pas toujours prêtes. Il faudra donc que la recherche invente de nouvelles solutions.
Global Security Mag : Quel message souhaitez-vous transmettre aux RSSI ?
Gérôme Billois : A court terme, le premier enjeu va être de passer l’échéance des Jeux Olympiques. Le menace la plus fréquente risque d’être l’hacktivisme, et les organisations doivent s’assurer de se protéger, notamment sur leurs sites vitrines, contre les défacements ou les attaques DDOS, et de pouvoir réagir en cas d’attaque réelle, ou affabulée mais relayée sur les réseaux sociaux à des fins de désinformation.
A plus long terme, les avancées technologiques que sont l’intelligence artificielle ou les ordinateurs quantiques vont également modifier de nombreux métiers, y compris la cybersécurité. De plus, les trois prochaines années seront ponctuées par la mise en application de nouvelles réglementations, notamment DORA, NIS 2, AI Act et CRA. Presque tous les secteurs seront touchés, en particulier le secteur financier (DORA) et l’industrie (CRA). Les RSSI et leur équipe sécurité devront poursuivre leurs efforts pour mettre en œuvre des mesures de sécurité et de résilience pour répondre à ces nouvelles exigences réglementaires et à ces évolutions technologiques.
Espérons justement que les avancées de l’intelligence artificielle pourront simplifier et rendre plus efficaces les actions des équipes de cybersécurité, pour faire face à tous ces changements.
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