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Vies virtuelles, vies connectées : miroirs de nos identités ?

septembre 2015 par GS1 France

Pour sa dixième édition, l’Université d’été de GS1 France s’est penchée sur un sujet passionnant, au centre des préoccupations actuelles et futures : les connexions entre le monde numérique et le monde réel.

Dans un monde en perpétuel mouvement où les personnes, produits, marques, entreprises, institutions existent aujourd’hui à la fois réellement et virtuellement, notamment via Internet, les réseaux sociaux ou les jeux vidéo … cette nouvelle Université d’été cherchait à définir comment se construisent et se constituent ces identités numériques, quels sont les enjeux d’une bonne coexistence entre ces différentes identités. Mais aussi quels sont les mécanismes qui permettent une transition fluide de la réalité virtuelle à la réalité, sans décevoir ni désenchanter.

GS1 France a une nouvelle fois convié pour son rendez-vous estival, un parterre d’intervenants, philosophe, psychanalyste, dessinateur … afin de nous offrir leurs points de vue éclairés, et parfois insolites, sur le sujet.

Une frontière « monde réel - monde numérique » en voie de disparition

Grâce aux plateformes de messageries instantanées (Skype, WhatsApp, FaceTime…), désormais à notre disposition, est-il encore pertinent de distinguer ce que nous tenons pour réel et ce qui reste du virtuel ? Stéphane Vial, maître de conférences en design et cultures numériques, a développé le concept de « l’ontophanie numérique », qui traduit le bouleversement de l’idée que nous nous faisons de ce qui est réel et virtuel. Une perception perturbée par cet univers hybride dans lequel nous vivons, à la fois numérique et non-numérique. Pour Stéphane Vial, une conversation sur Skype, tout en étant « virtuelle », a pourtant une résonnance concrète dans le monde « réel ». Idem pour Facebook, où une discussion débutée sur le site peut se conclure en face à face à l’occasion d’un dîner. Ce dualisme numérique est d’autant plus bouleversé par l’usage permanent des réseaux sociaux dans nos vies.

La frontière entre le réel et virtuel s’estompe également sous l’impulsion des technologies de réalité virtuelle de plus en plus perfectionnées. Une priorité pour Dassault Système qui travaille dans ce sens avec le développement de casques de réalité virtuelle pour le grand public. David Nahon, directeur du laboratoire d’immersion virtuelle, explique comment la « réalité virtuelle » et la « réalité augmentée » font vivre au consommateur une nouvelle expérience « produit » en lui donnant le sentiment d’être déjà au contact du produit qu’il convoite alors qu’il ne perçoit en réalité qu’un hologramme.

Les médias sont également témoins de cette disparition de la frontière réelle / numérique. TF1, à travers son application HBBTV pour l’émission Téléshopping, propose au téléspectateur d’acheter en direct, via un simple clic sur le bouton de sa télécommande, les produits présentés lors de l’émission. Autre initiative : personnaliser sa retransmission sportive et adopter, par exemple, le point de vue de l’arbitre, est désormais une réalité. Ce sont différents moyens d’immersion, pour faire vivre au téléspectateur une expérience différente, plus « réelle » depuis son salon.

L’identité, un concept à géométrie variable

Particulièrement sensibles à ces changements, les adolescents sont sans doute parmi les plus réceptifs. Xanthie Vlachopoulou, Psychologue clinicienne et Docteur en psychologie clinique et psychopathologie, étudie cette période de la vie où la constitution d’une identité est la plus sensible. A cet âge, le corps des adolescents évolue sans qu’ils le maîtrisent. La création d’un avatar dans un jeu vidéo, peut leur permettre de choisir exactement leur apparence physique : ils contrôlent totalement les caractéristiques qu’ils souhaitent avoir. Les jeux vidéo peuvent également, être créateurs de satisfactions personnelles –rejoindre un groupe, s’entraider, remporter des défis - qui entrent en résonnance avec la vie de l’adolescent. Le jeu est une source de restauration narcissique bénéfique à l’affirmation de l’identité de l’adolescent. Mais au fond qu’est-ce qu’une identité ?

« Pour les adolescents, il est inimaginable de ne pas être sur Facebook, car sans cela ils ont l’impression de ne pas exister, de ne pas avoir d’identité » affirme Olivier Iteanu, avocat. Cette remarque, qui pourrait faire sourire les plus réfractaires à l’usage de ce site, traduit pourtant une question que tout le monde se pose : comment se définit une identité ? Aux yeux de l’Etat, tout commence par la délivrance d’un acte de naissance qui confirme votre identité. Il est donc nécessaire que cette dernière se définisse par des identifiants consignés dans un registre ou une base de données, tenus et gardés par un tiers de confiance, en l’occurrence l’Etat. Les titres d’identités ainsi délivrés permettent l’identification et incluent des droits, des autorisations mais aussi des devoirs. Sur le net, la démarche est tout autre. Rien ni personne ne vous empêche d’endosser une autre identité que la vôtre. Alerté par cette pratique, Facebook a d’ailleurs inscrit dans ses conditions générales l’obligation de « donner son vrai nom et de vraies informations concernant l’utilisateur. »

Pour François Attali, Psychanalyste et Directeur Marketing Stratégique chez Sodiaal, la question de l’identité est essentielle. Nous évoluons désormais dans un monde où l’écart qui sépare le réel de l’imaginaire, le réel du virtuel, s’estompe. Nous entrons dans une nouvelle ère où il est permis de concevoir comme une seule et même réalité le corps et l’esprit. Ce mélange des mondes a des conséquences multiples, notamment dans le commerce. Les lieux de ventes vont progressivement mêler les espaces physiques et virtuels et l’interconnexion entre objets et individus va se généraliser et abraser la distinction entre produits et acheteurs. Si demain mon réfrigérateur connecté constate que le lait va manquer et décide de m’en commander, qui sera l’acheteur ? Moi, en tant que consommateur, ou cet objet ?
Ces évolutions nous poussent à nous interroger sur la vision que nous avons de notre propre identité. Notre présence dans cette vie virtuelle fait-elle de nous des êtres munis de plusieurs identités ?

Pas une, mais bien plusieurs identités

Selon Marie Haikel-Elsabeh, sur Internet notre identité est multiple. Dans ce monde numérique, l’identité se décline en 3 temps : la dévoiler, la prouver, l’authentifier.
Notre identité évolue constamment sur le web en fonction des informations que nous y laissons. Cette mouvance perpétuelle oblige les entreprises à se montrer très vigilantes sur l’identité numérique et les profils des consommateurs qu’elles souhaitent toucher. Pour dégager des tendances consommateurs, elles doivent être attentives à ces changements en étant capables de croiser toutes ces données présentes sur le net.

Elle propose un classement de l’identité dans 3 grandes catégories d’information :
• Les éléments d’identification (noms, prénoms, numéros de téléphone, adresse)
• Des traces numériques (liens des sites consultés, contributions sur le web, avis rédigés sur des sites marchands)
• Des signes de reconnaissances (vidéos, photos)

Données personnelles, entre protection de son identité et liberté individuelle
L’Etat travaille également à la digitalisation des données personnelles. France Connect sera la plateforme officielle qui permettra aux citoyens de se connecter à travers un portail unique à plusieurs services administratif. Il suffira d’établir une seule fois son identité pour accéder à ces sites.

Cette phase exponentielle du numérique dans nos vies pose également quelques questions d’ordre juridique. Pour que des dérives soient évitées, il est nécessaire que l’Etat ait une vision globale de la situation et crée des lois pour encadrer cet accroissement. Selon Alain Bensoussan, Avocat spécialiste du Droit de l’information et des télécommunications, 2 points sont primordiaux : le droit à la propriété des données et celui à l’autodétermination. Dans la déclaration des Droits de l’Homme figure celle de la propriété. Il est vital que cela s’applique au numérique. Le droit à l’autodétermination renvoi à celui du droit à l’oubli. Il est nécessaire que chacun soit le propre archiviste de son passé sur le net. Chaque personne est seule à décider de la trace qu’il laisse et peut ainsi maîtriser son identité.

Benoît Thieulin, Président du Conseil National du Numérique, pointe du doigt l’importance de la protection des données afin que l’utilisation de ces dernières soit clairement connue par les citoyens. Il est primordial que les acteurs du monde numérique puissent dialoguer avec les représentants de la société pour établir une bonne conduite et une certaine déontologie.

L’identité est donc un concept variable. Mais une fois clairement définie et acceptée par l’Etat et les gens qui nous entourent, il est important de la préserver.

Enfin, pour conclure cette journée, Alexis Nolent, dit Matz, est venu témoigner sur son expérience d’auteur de bandes dessinées. Alexis Nolent a en effet décidé d’utiliser un pseudonyme pour signer ses œuvres. Le nom est-il si important, dans la mesure où on peut le changer ? Pas pour Matz qui a parfois choisi de ne pas attribuer de noms aux personnages de ses fictions.


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