Philippe Marxgut, Mancala Networks : L’Etat doit pousser auprès des administrations un programme de préférence nationale
juillet 2012 par Marc Jacob
Suite à la publication du Rapport sur la Cyberdéfense par le sénateur Jean-Marie Bockel, Philippe Marxgut, VP Business Development, Mancala Networks considère qu’il est primordial que dans chaque domaine clef de la sécurité informatique, il existe au moins un acteur crédible Européen. Ainsi, l’état doit favoriser par des mesures d’accompagnement, un programme de préférence nationale au sein de l’administration et une éducation des donneurs d’ordre.
GS Mag : Le sénateur Jean-Marie Bockel, dans son Rapport sur la Cyberdéfense, souhaite que l’ANSSI ait une position plus incitative en matière de préconisation de solutions de sécurité, qu’en pensez-vous ?
Philippe Marxgut : Je pense que c’est une excellente démarche. En effet, l’ANSSI depuis sa création a beaucoup œuvré pour une vraie prise de conscience des risques encourus par nos entreprises et nos organismes gouvernementaux. Il reste encore beaucoup de chemin à faire notamment au sein des administrations qui devraient pouvoir être citées en exemple. L’exemplarité de l’état doit être une première priorité. L’ANSSI plaide pour une vraie politique de sécurité opérationnelle et efficace et non pas quelques déclarations d’intention ou juste un RSSI sur l’organigramme. Le renforcement des prérogatives de l’ANSSI est une excellente initiative.
GS Mag : Vous êtes en cours d’obtention d’une certification par l’ANSSI pensez-vous qu’elle vous permette d’élargir vos perspectives de marché ?
Philippe Marxgut :Actuellement notre solution n’a pas encore obtenue cette certification mais nous travaillons dessus très activement. Notre objectif est d’être sur de l’obtenir en une seule soumission même si nous sommes sur de la qualité et de la fiabilité de notre design. La certification de l’ANNSI est une reconnaissance du sérieux d’une solution et une référence de bon fonctionnement sans perturbation chez le client ce que nous comprenons totalement. Je ne suis pas sur que cette certification nous ouvre de nouveaux marchés mais elle devrait faciliter et accélérer la signature de négociations en cours.
GS Mag : Le sénateur Jean-Marie Bockel plaide pour une politique industrielle volontariste, à l’échelle nationale et européenne, pour faire émerger de véritables champions nationaux, qu’attendez-vous d’une telle politique, comment devrait-elle se matérialiser ?
Philippe Marxgut :Le rapport insiste sur le risque de faire reposer l’informatique de nos sociétés sur du matériel et du logiciel conçu à l’étranger ou à l’extérieur de l’Europe. De telles solutions peuvent présenter un risque de sécurité par la non conformité aux standards de développement, la non application des préconisations ou carrément l’existence de backdoor ou logiciel espion. Il est primordial que dans chaque domaine clef de la sécurité informatique, il existe au moins un acteur crédible Européen et pour cela l’état doit favoriser par des mesures d’accompagnement, un programme de préférence nationale au sein de l’administration et une éducation des donneurs d’ordre. L’ANSSI doit aussi évangéliser sur les risques associés à l’utilisation de ce type de solutions au sein des entreprises même si elles ne sont pas "à risque".
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