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« Objets connectés, avez-vous donc une âme ? »

février 2014 par Emmanuelle Lamandé

« Objets connectés, avez-vous donc une âme ? » : Lamartine, égaré dans notre 21ème siècle, n’aurait-il pas pu écrire ce vers ? s’interroge Bernard Ourghanlian, Microsoft, à l’occasion des Microsoft TechDays… car après l’explosion des réseaux sociaux qui ont bouleversé les relations entre les hommes, les objets connectés envahissent désormais notre quotidien. Tout en posant de nouvelles questions de sécurité et de respect de la vie privée, ces objets nous promettent d’ailleurs monts et merveilles pour aider notre humanité à relever les défis auxquels elle est et sera confrontée dans les années à venir…

« L’IDATE considère qu’en 2020, le nombre d’objets connectés pourrait atteindre 80 milliards dans le monde, soit environ 10 objets par personnes sur la terre. De façon générale, les analystes considèrent l’« Internet des Objets » comme une véritable révolution, de l’« Internet of Things » à l’« Internet of Everything »... En France, le gouvernement y voit un immense gisement de croissance ; les objets connectés font ainsi partie des 34 projets d’avenir, annoncés par le Président Hollande le 12 septembre dernier, visant à relancer l’industrie française. Ils ont également été retenus au cœur de plusieurs des 7 ambitions stratégiques sélectionnées par la commission « Innovation 2030 » dirigée par Anne Lauvergeon, qui leur a déclaré sa flamme : « La France a raté les smartphones, les tablettes. Elle ne doit pas rater l’Internet des objets ». Il est vrai que les projections des analystes laissent rêveur. Voitures autonomes et connectées, bâtiments et maisons intelligentes, maintien à domicile des personnes âgées, réseaux électriques intelligents, surveillance en temps réel des maladies chroniques et participation active des patients, nouvelles interfaces entre l’homme et la machine, assistants personnels, plantes et agriculture connectées… Voici quelques scénarios rendus possibles par les objets intelligents et communicants et le pouvoir conjugué du Cloud et du Machine learning. Tout en posant de nouvelles questions de sécurité et de respect de la vie privée, les objets connectés pourraient nous permettre de relever les défis auxquels notre humanité est désormais confrontée : vieillissement de la population et explosion des coûts de la santé, réchauffement climatique, alimentation et agriculture, saturation des transports dans un monde de plus en plus urbain… », explique-t-il.

La gestion de l’énergie au cœur des enjeux de demain

Nous aurons besoin de 50% de plus d’énergie pour couvrir nos besoins en 2030, souligne Bernard Ourghanlian. 1,4 milliards de personnes n’auront d’ailleurs pas accès à l’électricité. Il s’avère donc nécessaire de repenser la façon dont nous exploitons l’énergie aujourd’hui.

Joris Gaudron, Schneider Electric, présente en ce sens l’exemple d’IssyGrid, un projet initié par un consortium de 10 industriels. Créé à Issy-les-Moulineaux, IssyGrid est le premier réseau de quartier intelligent en France, qui préfigure la gestion de l’énergie dans le quartier et la ville de demain. Son principe repose sur l’optimisation des consommations et la mutualisation des ressources entre bureaux et logements. L’objectif de cette initiative est de venir y mettre une couche d’intelligence. Ainsi, les écosystèmes professionnel et personnel fonctionnent en réseau et interagissent entre eux, afin de trouver le meilleur équilibre énergétique. Un projet pilote qui laisse entrevoir quelques perspectives d’avenir pour optimiser au mieux ces ressources qui seront demain de plus en plus rares…

L’humain de plus en plus citadin…

En 1900, environ 14% de la population mondiale vivait en ville. Une tendance qui s’inverse aujourd’hui, puisque nous sommes désormais près de la moitié à privilégier la vie citadine, et ce chiffre devrait d’ailleurs même atteindre les 70% en 2050. Sans compter le nombre d’automobiles qui s’élèvera à près de deux milliards en 2020. La ville de demain devra donc faire face à des problèmes de congestion, de densité, d’embouteillage, de pollution, mais aussi d’arbitrages sociaux.

Aujourd’hui, la distance entre le lieu de vie et le lieu de travail a été multipliée par trois en trente ans. Le temps que chacun des automobilistes passera dans les embouteillages se trouve également au cœur des enjeux de demain. La voiture électrique « intelligente », telle que la Bluecar, est, pour Frédéric Dittmar, Blue Solutions, Groupe Bolloré, l’une des solutions pouvant répondre à ce défi. L’objectif est de pouvoir développer une ville connectée, propre et sans bruit, tout en apportant aux usagers de multiples solutions en libre service, permettant une circulation plus fluide. En France, « nous avons des idées et de l’électricité ; il faut donc favoriser ce dernier aspect », observe-t-il. D’autres types d’applications au service de la ville, s’inspirant de la Bluecar, ont également été développées par l’entreprise : l’autopartage, les navettes/bus ou tramways électriques, les flottes d’entreprises, le stockage d’énergie...

En 2050, la production alimentaire devra répondre aux besoins de 9 milliards d’habitants

Nous serons 9 milliards d’habitants en 2050. Le besoin de progression de la production alimentaire mondiale est estimé à 70%. Et 90% de la croissance de la production agricole devraient provenir de l’accroissement des rendements. La question de l’agriculture s’avère donc primordiale pour assurer notre avenir.

Henri Seydoux, Parrot, a mis sur pied le Flower Power, un capteur intelligent destiné au bien-être de vos plantes selon le contexte. Cet objet, équipé de quatre capteurs, permet par exemple de mesurer :
 le taux de luminosité nécessaire à votre plante,
 la température ambiante et celle qui lui conviendrait,
 le niveau d’engrais existant et celui qui serait optimal,
 ou encore le taux d’humidité du sol et le moment propice pour son arrosage.

Pour Bernard Ourghanlian, ce système, à une échelle beaucoup plus large, peut, à terme, donner des idées quant à la façon d’optimiser l’agriculture et les ressources nécessaires à notre survie future.

La santé, un axe essentiel à ne pas négliger

Sans compter que la population vieillit… D’ici 2030, on dénombrera deux fois plus de personnes âgées de plus de 65 ans. 14 millions de malades souffriront également de maladies liées à la vieillesse, telles que la démence. Cependant, le nombre de médecins sera, de son côté, en baisse. L’entretien de sa forme physique, le domaine de la santé et les systèmes de soins seront donc aussi au cœur des enjeux de demain.

Antoine Durand travaille pour Oxylane, Groupe Décathlon. Cette entreprise a mis au point le système My Geonaute, donc l’objectif est d’aider à la fois les individus à rester en forme, à mieux connaître leur corps et leur rythme cardiaque. Il permet également d’enregistrer et de mesurer la progression des performances sportives d’une personne, et ce tout au long de sa vie si elle le souhaite. Le but étant donc de se maintenir en bonne santé le plus longtemps possible.

Les objets connectés devront se fondre dans la vie des gens

Rafi Haladjian, Sen.se, est l’inventeur du fameux Nabaztag. « Il y a 10 ans, la question s’est posée de savoir s’il y aurait une vie après le PC. L’idée était venue à l’époque du Nabaztag de connecter des lapins car, selon l’adage « qui connecte un œuf connecte un bœuf » ! Et force est de constater qu’aujourd’hui absolument tout est devenu connectable », observe-t-il. Toutefois, il ne faut pas se tromper d’objectif : c’est la vie des gens que l’on va connecter, pas les objets en eux-mêmes. Les objets connectés doivent se fondre dans la vie des gens, dans leur routine et habitudes de vie. Les capteurs intelligents que nous allons peu à peu y intégrer vont venir simplifier leur quotidien, mais ils doivent le faire en toute transparence pour l’individu.

Mother est le dernier né de l’entreprise. Cette famille d’objets connectés permet à l’individu de mieux connaître son propre comportement, de faciliter sa vie de tous les jours, mais aussi de mieux appréhender ce qui se passe dans son environnement quotidien. Cette « maman » connectée s’assure ainsi que vous prenez bien vos médicaments, que vous buvez assez d’eau ou marchez suffisamment, ou encore que personne ne s’introduit dans votre maison…

La promesse de mieux nous connaître…

Les objets connectés sont aussi la promesse de mieux nous connaître. « Nous connaissons, en effet, aujourd’hui très mal notre corps », explique Bernard Ourghanlian. Il faudrait d’ailleurs, par exemple, environ 6 ans entre le développement de la première cellule cancéreuse dans le corps humain et sa détection par le corps médical. Plusieurs projets d’objets connectés ont ainsi été pensés pour servir la médecine et améliorer la détection et le traitement de certaines maladies :
 On peut citer Pillcam. Cette capsule de la taille d’une gélule permet, grâce à sa micro-caméra intégrée et son système de transmission d’images, d’effectuer une exploration endoscopique du tube digestif du malade.
 Autre exemple : les lentilles de contact connectées développées par Microsoft à destination des personnes souffrant de diabète. L’objectif de ces lentilles est de pouvoir analyser, au travers du film lacrymal, le taux de glucose dans le sang, et donc d’avoir un suivi et un traitement au plus près de la maladie.

Les possibilités sont donc nombreuses et les scénarios multiples pour répondre aux enjeux de demain. Sans pour autant dire que ces objets connectés ont réellement une âme, ils sont assurément devenus aujourd’hui nos partenaires et compagnons, estime Bernard Ourghanlian, et nous apportent « un petit supplément d’âme ».

Toutefois, malgré ces promesses alléchantes, ces objets connectés soulèvent, bien entendu, également des défis de sécurité et de respect de la vie privée. Sans compter la question de la fiabilité des résultats obtenus, le recul n’étant pas encore suffisant par rapport à tous ces différents objets. Ils doivent donc être appréhendés avec un certain nombre de points de vigilance et de précautions en matière de sécurité pour que l’on puisse véritablement demain les considérer comme des alliés…


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