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Migration vers le cloud : Profit ou désavantage ?

mai 2020 par Pat Phelan, Vice-présidente, Études de marché de Rimini Street

Afin d’en tirer un certain profit, il est impératif d’analyser correctement la situation de l’entreprise avant d’opter pour une stratégie de migration vers le cloud.

Les DSI envisagent de migrer vers le cloud pour de multiples raisons, dont la plupart les obligent à repenser leurs stratégies applicatives. Vous n’êtes pas les seuls à faire l’objet de certaines pressions pour migrer applications et infrastructures vers le cloud. Mais quelle est la marche à suivre pour que cette transition soit couronnée de succès ?

Parmi les raisons qui sous-tendent les décisions de migration vers le cloud, l’une des plus importantes est de faciliter l’innovation dans le but de favoriser la compétitivité de l’entreprise. Mais si certaines stratégies cloud accélèrent effectivement l’innovation, d’autres la retardent ou l’inhibent. Par exemple, le déplacement de l’infrastructure IT vers le cloud peut augmenter la capacité de l’entreprise à modifier son informatique (flexibilité) et lui permettre de changer plus rapidement (agilité). L’adoption de logiciels disponibles en tant que service (SaaS — Software-as-a-Service) facilitant l’interaction avec les clients ou les utilisateurs peut accroître l’avantage concurrentiel des entreprises. À titre d’exemple, citons l’utilisation de Qlik pour fournir une « business intelligence » associative ou de Salesforce pour améliorer l’expérience client. A contrario, la migration d’un progiciel de gestion intégré (ERP) vers le cloud en tant que SaaS n’est pas toujours une bonne idée, car elle n’apporte pas d’amélioration significative aux entreprises et consomme des ressources qu’elle pourrait utiliser à meilleur escient pour innover.

Le choix de la stratégie cloud appropriée est rendu complexe par les nouvelles technologies qui apparaissent en permanence sur le marché. Au moment de prendre une décision, un DSI doit opter pour une technologie capable d’accélérer l’innovation tout en contribuant à la transformation numérique, au lieu de migrer des capacités vers le cloud pour le simple plaisir d’être « sur le cloud ». Cette migration doit être justifiée par des objectifs commerciaux tels que la croissance ou l’amélioration de la compétitivité. Évitez de déplacer des fonctions ERP essentielles telles que la fabrication, le transport, les finances, sauf si le jeu en vaut la chandelle.

Dans ce document, nous allons faire le point sur les stratégies cloud courantes dont l’utilisation peut accélérer ou freiner vos projets d’innovation.

Éviter d’opter pour des stratégies cloud susceptibles de désavantager votre activité

La migration d’un outil vers le cloud doit etre penser afin de minimiser les coûts

Transférer vers une nouvelle plateforme — le cloud — des fonctionnalités non différenciées sans apporter de valeur ajoutée n’est pas une bonne idée pour la plupart des entreprises, surtout lorsque le déplacement d’un outil aussi complexe qu’un ERP vers une plateforme SaaS s’avére très coûteux et source de perturbations.

N’oublions pas que les ERP en mode SaaS constituent pour l’instant un marché en pleine évolution qui se caractérise par des problèmes opérationnels et de fonctionnement que la plupart des éditeurs n’ont pas encore réglés. Pour une entreprise, quel est l’intérêt de choisir cette solution, sachant qu’un ERP disponible en tant que service n’améliorera pas sa capacité à exploiter des processus basés sur des systèmes d’enregistrement (Systems of Record — SoR) ? Investir dans un progiciel de gestion intégré accessible en tant que service éloigne la stratégie et les ressources des initiatives numériques qui peuvent aider une entreprise à faire la différence. Ce n’est pas un simple coup de baguette magique qui améliorera sa capacité à satisfaire ses besoins de croissance et d’innovation.

Ne pas s’enfermer dans la stratégie de l’éditeur sans l’avoir analyser en amont

Déployer la feuille de route dictée par l’éditeur de votre ERP détourne les ressources disponibles des priorités qu’une entreprise peut accorder à l’innovation. En outre, c’est une décision qui peut s’avérer très onéreuse pour un résultat qui ne répondra pas à vos attentes. Par exemple, les licences cloud d’Oracle peuvent coûter jusqu’à trois fois plus cher que les sièges déployés en interne, sans oublier les coûts de maintenance. Selon les chiffres communiqués par l’ancien directeur financier de SAP lors d’un symposium des investisseurs SAP qui a eu lieu au milieu de la décennie écoulée, les clients de SAP qui optent pour les applications SAP en cloud paieraient, en moyenne, le double de leurs actuels contrats de maintenance annuels.

En respectant la feuille de route définie par l’éditeur, vous risquez de passer à côté d’importantes possibilités d’innovation. Prenons l’exemple des programmes d’échange de licences (licence trade-ins). À première vue, échanger des licences d’applications en cours en vue d’éviter un audit ou d’obtenir une ristourne est une aubaine, mais cette décision peut enfermer le client dans la stratégie élaborée par l’éditeur en faveur du cloud, même si aucune analyse ne lui a permis de confirmer que cette stratégie correspondait effectivement à ses exigences. Les produits cloud des fournisseurs d’ERP ont été développés pour répondre à un large éventail d’exigences courantes, ce qui signifie qu’ils ne peuvent en aucun cas représenter le meilleur choix pour répondre à des besoins métier personnalisés ou spécifiques à un secteur industriel par rapport aux alternatives complètes (« best-in-class ») de leur catégorie.

Dans l’espoir de lier les clients existants à la feuille de route qu’ils ont mise en place vers le cloud, les éditeurs d’ERP encouragent par ailleurs les clients à franchir un premier pas vers leur infrastructure propriétaire. Attention ! Certains produits SaaS commercialisés par des éditeurs de progiciels de gestion intégrés fonctionnent uniquement sur leur infrastructure en cloud. Les détenteurs de licences risquent de se retrouver ensuite pieds et poings liés à une plateforme technologique qui bridera la capacité de leur entreprise à atteindre ses objectifs commerciaux. Une fois qu’une entreprise s’est engagée par contrat à appliquer la feuille de route de l’éditeur, il est très difficile, tant sur le plan financier que contractuel, d’en changer ou de faire marche arrière.

Attention ! Une migration des applications vers le cloud ne garantie pas forcément des économies

Certaines applications assurent le bon fonctionnement des entreprises, sans pour autant leur permettre de se différencier de la concurrence. C’est le cas des applications financières et des outils de consolidation, ainsi que de nombreux systèmes de fabrication et d’exécution de la chaîne d’approvisionnement. Transférer ce type d’applications pour le plaisir de migrer vers le cloud n’apportera probablement aucune amélioration quantifiable, tant sur le plan économique que technologique. Au contraire, ces projets dont la valeur ajoutée est faible, voire nulle, risquent de pénaliser la capacité de l’entreprise à innover en consommant des ressources et un budget précieux qu’il serait plus judicieux de dédier à des initiatives cloud plus bénéfiques pour l’entreprise.

De même, il est important de ne pas déplacer des applications vers le cloud pour des questions de coût. Selon une idée reçue, migrer des applications vers le cloud serait la garantie de réaliser des économies. Or, la migration proprement dite a un coût, surtout lorsqu’il faut reconstruire les personnalisations et les intégrations existantes. Certes, les frais d’abonnement en cours peuvent minimiser les dépenses d’exploitation, mais elles peuvent également entraîner des dépenses jusqu’à 2 à 3 fois supérieures aux frais de licence et de maintenance existants.

Les projets d’applications cloud doivent uniquement s’inscrire dans le cadre d’une stratégie de migration vers le cloud s’ils contribuent à des objectifs métiers tels que la croissance, s’ils génèrent un avantage concurrentiel, ou s’ils offrent des possibilités d’innovation. Au moment d’ajouter une application à la feuille de route cloud, il conviendra de se demander si cette amélioration compensera vraiment l’augmentation de coût induit.

Investir cloud pour en tirer un avantage concurrentiel

Comme la plupart des DSI, vous pensez probablement que l’informatique représente un atout financièrement très précieux. Il est indispensable d’allouer le budget IT aux investissements cloud qui feront vraiment la différence pour votre entreprise. Votre stratégie cloud doit accompagner les innovations qui favorisent la croissance et créent un avantage concurrentiel. En d’autres termes, votre approche du cloud doit suivre une feuille de route stratégique « business-driven », où les objectifs métiers correspondent aux critères que tous les investissements IT doivent remplir pour être intégrés à la feuille de route. Aujourd’hui plus que jamais, les entreprises exigent des innovations plus rapidement que les services IT ne sont en mesure de leur apporter avec des solutions adaptées. Les DSI doivent trouver des moyens d’utiliser leur stratégie cloud pour accélérer l’innovation. Voici quelques accélérateurs d’innovation :

Maintenir le bon fonctionnement des ERP tout en réfléchissant aux bienfaits du cloud

Ne touchez pas à un ERP qui fonctionne et déployez des capacités cloud qui pilotent les processus métiers en contact direct avec les utilisateurs et les clients. Deux récentes études effectuées par Rimini Street pour mieux cerner les projets des utilisateurs d’Oracle et de SAP quant à la migration de leur ERP vers le cloud montrent que respectivement 80 % et 65 % des personnes interrogées n’ont pas l’intention d’adopter la version SaaS de l’ERP concerné, ou qu’ils n’ont pas encore pris de décision à ce sujet.

Lorsque l’ERP ne consomme pas de précieuses ressources informatiques, l’accent peut être mis sur les systèmes qui soutiennent l’engagement des clients/utilisateurs. Ces systèmes sont généralement extérieurs à l’ERP. Leur niveau d’intégration est inférieur à celui des progiciels de gestion intégrés, de sorte que leur déploiement sur le cloud sera moins onéreux et moins fastidieux. En outre, ils peuvent rapidement améliorer l’expérience des clients et des utilisateurs, favoriser la croissance de l’entreprise et générer un avantage concurrentiel. Même si le déploiement d’un ERP sur le cloud est parfois justifié — c’est généralement le cas de PME ou de structures peu complexes —, la plupart des entreprises préservent le bon fonctionnement de leur ERP tout en découvrant progressivement les atouts du cloud par le biais de systèmes d’engagement.

Disposer d’un socle matériel n’entravant pas la performance des DSI

Selon le cabinet IDC, « 65 % des entreprises vont procéder à une modernisation en profondeur de leurs systèmes existants en investissant massivement dans de nouvelles plateformes technologiques jusqu’en 2023 ». La plupart des DSI souhaitent que leurs logiciels fonctionnent dans l’environnement matériel le plus performant et le plus moderne. En d’autres termes, il convient de vérifier que le socle matériel ne constitue pas un obstacle. Quitter l’environnement des centres de données s’avère être la première étape la moins complexe et la plus économique en faveur de l’innovation. Les infrastructures et les plateformes en tant que service (IaaS/PaaS) peuvent permettre à l’entreprise de se développer en mode hyperscale à moindre coût. Ce « transfert » des licences applicatives perpétuelles existantes libère un budget et des ressources informatiques tout en augmentant la flexibilité et l’agilité du service IT face au changement. Dans ce contexte, il est important de choisir des fournisseurs de solutions IaaS et PaaS qui ne vous lieront pas aux technologies cloud de votre fournisseur ERP historique. Certains éditeurs proposent des versions propriétaires de leurs infrastructures et plateformes IaaS/PaaS, mais leurs offres ne sont probablement pas aussi performantes que celles de géants comme Amazon ou Microsoft qui investissent massivement en faveur de ces technologies.

Placer l’entreprise au premier plan dans la stratégie de migration vers le cloud afin de bénéficier d’un accélérateur à l’innovation.

Devenir une entreprise digitale est l’un des piliers du plan d’innovation de nombreuses structures. Or, il n’est pas possible de moderniser certaines technologies pour qu’elles fassent partie intégrante de la plateforme numérique de l’entreprise. Par exemple, une application d’exécution des commandes conçue pour soutenir les processus de production de masse à l’aide de nomenclatures standard sera probablement incompatible avec un nouveau modèle métier où les commandes peuvent être personnalisées en ligne et où chaque commande génère une requête demande de production unique. C’est également le cas de nouvelles technologies qui, à l’image des drones utilisés pour identifier les besoins de maintenance d’équipements, risquent de briser l’architecture technologique existante et où les énormes quantités de données reçues excèdent les capacités de calcul disponibles ou font voler en éclat l’architecture de sécurité existante. Dans ce type de scénario, il peut s’avérer nécessaire de migrer vers une nouvelle technologie pour déployer une plateforme solide et propice à l’innovation.

Une nouvelle technologie positionnée sur le chemin critique de l’innovation peut être perçue comme un obstacle, dans la mesure où elle ralentit initialement la progression de la feuille de route. Toutefois, sa mise en place en amont peut entraîner une accélération en aval, cette nouvelle technologie ouvrant la voie à l’utilisation de solutions adaptées à l’entreprise, et qui peuvent être adoptées plus rapidement et plus efficacement.

Lorsqu’elle est bien conçue, c’est-à-dire en plaçant l’entreprise au premier plan au lieu d’initier une migration vers le cloud sans réelle justification, une stratégie de cloud peut accélérer la croissance et l’innovation.
Cependant, des actions telles que la migration d’un ERP vers le cloud ne sont pas nécessairement la stratégie appropriée. Le transfert d’un ERP interne vers une infrastructure cloud IaaS ouverte et indépendante de tout fournisseur peut apporter de meilleurs résultats, moyennant un coût moins élevé et provoquant moins de perturbations. Dans l’intervalle, il est possible d’innover sans attendre en utilisant d’autres technologies cloud (systèmes en contact direct avec les clients ou les utilisateurs, par exemple) qui améliorent l’expérience du client. C’est un excellent moyen de laisser les exigences de votre entreprise guider votre réflexion en faveur du cloud et ainsi accélérer l’innovation.


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