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L’incroyable histoire des pigeons voyageurs !

juin 2011 par Emmanuelle Lamandé

Fidèles compagnons et fervents défenseurs de la Nation, les pigeons voyageurs ont su s’illustrer à travers les siècles au rang de véritables Héros. Même si leur utilité militaire n’est plus aujourd’hui avérée, les pigeons voyageurs ont marqué l’histoire et suscitent encore l’intérêt de nombreux passionnés. Situé dans la partie historique de la Forteresse du Mont-Valérien, le musée de la colombophilie retrace le parcours et l’histoire de ces incroyables messagers depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours.

Issu de la famille des columbidés, le pigeon voyageur se caractérise par son sens aigu de l’orientation et sa capacité à revenir promptement à son colombier. Même si tous les mystères de cette incroyable particularité n’ont pas encore été percés, la découverte scientifique de cristaux de magnétite dans son cerveau pourrait expliquer son aptitude à se repérer par le champ magnétique terrestre.

Pigeon voyageur femelle

Pigeon voyageur femelle

Toutefois, un pigeon voyageur n’est pas performant par essence. Ses prouesses sont la résultante d’une éducation et d’un entrainement acharnés. Différents croisements ont permis d’obtenir des pigeons très fidèles à leur colombier, résistants à la fatigue et capables de voler à des vitesses élevées. Un pigeon voyageur peut parcourir plus de 1 200 kilomètres en 16 heures. La vitesse de vol varie de 60 à 110 km/h, selon la direction du vent, avec des pointes à plus de 120 km/h. Le record connu est de 11 590 km en 24 jours entre Saigon et le nord de la France.

Le pigeon voyageur est monogame et fidèle. Les colombophiles utilisent cette particularité comme source de motivation pour l’inciter à revenir le plus vite possible à son colombier lors de lâchers plus éloignés… A un détail près : les mâles reviennent pour leurs femelles, tandis que « ces dames » ne sont motivées que par leurs petits.

A travers les siècles, les hommes ont su tirer parti de cette formidable capacité de retour, aussi bien à titre militaire que civil, pour transporter de petites charges dont l’acheminement est très urgent. Cependant, pour bénéficier des services d’un pigeon voyageur, il est toujours nécessaire de l’acheminer au préalable à son lieu de lâcher. Ainsi, ces précieux volatiles ont, eux aussi, suivi l’évolution des moyens de transport (sac à dos, camion, ballon, train…). L’apparition du chemin de fer donna d’ailleurs un nouveau souffle à la colombophilie civile, jusqu’alors très élitiste.

Un messager vieux comme le monde !

L’histoire des pigeons voyageurs remonte bien avant JC, puisque les navigateurs égyptiens utilisaient déjà ces messagers, trois mille ans av. JC, pour annoncer leur arrivée au port plusieurs jours à l’avance. Les Grecs firent de même un peu plus tard pour communiquer les résultats des Jeux Olympiques. En 732, Charles Martel annonça ainsi sa victoire de Poitiers sur les Sarrasins.

Pigeon voyageur mâle

Pigeon voyageur mâle

Au fil des siècles, les pigeons ont été employés pour acheminer de l’information dont la maîtrise était alors un facteur de puissance et de richesse. D’ailleurs, jusqu’à l’abolition des privilèges le 4 août 1789, seuls les nobles et le clergé avaient le droit de posséder des colombiers. Au début des deux conflits mondiaux, les Allemands s’empressèrent d’interdire la possession des pigeons voyageurs dans les territoires occupés et la punirent de mort.

Les pigeons voyageurs au service de la Nation…

L’idée de recourir aux pigeons voyageurs dans les opérations militaires remonte à l’Antiquité. En 43 av. JC, lors du siège de Modène, Decimius Brutus, qui défend la cité, envoie à Hertius des lettres attachées aux pattes de pigeons.

Pigeons espions

Le pigeon voyageur a toujours joué un rôle primordial dans les guerres de siège. Lors de la guerre franco-prussienne de 1870-1871 par exemple, le pigeon voyageur était le seul moyen de communiquer avec l’extérieur pour Paris assiégé. A la même période, l’efficacité du pigeon voyageur fut augmentée par l’invention de la microphotographie qui permit de placer de nombreuses dépêches sur un seul support. L’utilité militaire du pigeon voyageur n’est alors plus à prouver. Des colombiers militaires sont alors créés.

Pendant la guerre 1914-1918, plus de 30 000 pigeons sont utilisés par les armées françaises. Alors que les liaisons téléphoniques sont constamment interrompues, ces volatiles sont d’une fiabilité totale sur les courtes distances qu’ils doivent parcourir. Les pigeons deviennent même « espions » malgré eux. L’idée de fixer sur leur poitrine des appareils légers, à déclenchement automatique, permit la prise de photos stratégiques des dispositifs ennemis.

Les pigeons voyageurs sont à nouveau employés pendant le Seconde Guerre mondiale, mais la vitesse de l’occupation allemande désorganise les colombiers. De son côté, la résistance eut également recours à ces volatiles. Plus de 16 500 pigeons anglais furent parachutés en France, permettant aux patriotes français de renseigner Londres de manière efficace.

Tout au long de ces conflits, des actes d’héroïsme ont été enregistrés et récompensés. Beaucoup de pigeons ont d’ailleurs reçu les plus hautes distinctions militaires. « Le Vaillant » reste le plus célèbre d’entre eux. Ce héro, cité à l’Ordre de la Nation, transporta l’ultime message du commandant Raynal lors de la bataille du Fort de Vaux de juin 1916.

La colombophilie aujourd’hui…

Même si son utilité militaire n’est plus aujourd’hui avérée, cette capacité à acheminer très rapidement de petites charges est encore utilisée, pour le transport de prélèvements sanguins notamment. C’est le cas encore actuellement entre l’île d’Yeu et Les Sables-d’Olonne et entre Granville et Arromanches.

Ces précieux volatiles sont également utilisés par certains garde-côtes américains pour repérer les naufragés en mer. Grâce à un dressage approprié, ils réagissent aux couleurs vives des canots de sauvetage.

Musée de la colombophilie

Musée de la colombophilie

En outre, l’histoire étonnante de la colombophilie a suscité au fil du temps l’intérêt de nombreux passionnés, à titre sportif notamment. La Fédération française de colombophilie, articulée en 21 régions, regroupe aujourd’hui près de 25 000 colombophiles, qui possèdent un cheptel de 3 millions de pigeons voyageurs. Ces derniers « s’affrontent » aujourd’hui lors de compétitions nationales et internationales.

Le colombier militaire national

Les technologies modernes ayant supplanté le pigeon voyageur comme moyen de communication militaire, les colombiers militaires français disparurent les uns après les autres à la fin des années 60. Toutefois, un groupe d’officiers, sous l’impulsion du lieutenant-colonel Revon, plaida la cause des pigeons voyageurs jusqu’auprès du général de Gaulle et obtint le maintien d’un colombier de tradition installé à Saint-Germain-en-Laye.

Colombier militaire national

Colombier militaire national

Ce colombier a été transféré dans la partie historique de la Forteresse du Mont-Valérien le 1er juillet 1981. Il accueille aujourd’hui une centaine de pigeons, élevés sous l’œil bienveillant du Caporal Guer. Situé à proximité des locaux du musée de la colombophilie, il est le conservatoire de la tradition militaire colombophile et participe à de nombreuses compétitions nationales et internationales.

Cependant, rien ne nous permet aujourd’hui d’affirmer que ces vaillants messagers ne soient pas un jour amenés à reprendre du service…


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