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L’UE prête à entrer en guerre contre le chiffrement des données : l’équilibre démocratique et les libertés individuelles en péril

septembre 2020 par Frans Imbert-Vier PDG d’UBCOM

Un rapport du Financial Times publié le 15 septembre donne les détails d’une note interne sur la nouvelle stratégie de l’UE en matière de cybersécurité. La Commission de l’UE s’apprête à entrer en guerre contre le chiffrement au travers d’une proposition de loi pour lutter contre la pédophilie en ligne. Dans le texte, la Commission indique clairement sa position quant au choix entre sécurité et libertés individuelles : elle est pour la sécurité et entend justement mettre le chiffrement en ligne à mal.

Frans Imbert-Vier, spécialiste franco-suisse de la protection et de la souveraineté des données, réagit : « La proposition de la Commission de l’UE est sur le plan moral tout à fait légitime, mais il y a un décalage complet entre la réalité du monde de la cybersécurité et les enjeux majeurs de la société.

Si l’on souhaite combattre le trafic de drogue, la traite humaine, la vente d’armes et toute autre activité criminelle, il faut bannir le chiffrement et tous les systèmes permettant de cacher un échange, une information. Faire cela permettra aux États de surveiller et agir avant l’action du crime. C’est le monde de Minority Report, c’est aussi le monde de George Orwell où l’État peut intervenir sur chaque modèle de penser et le manipuler dans son intérêt. Car il n’existe pas dans l’histoire des sociétés modernes, un État qui se priverait d’une capacité de contrôle et de surveillance de sa population, la preuve en est avec la politique des États européens dans leur gestion des masses pour maitriser la crise du COVID-19.

À l’exception de la Suisse, de la Finlande, du Danemark et de la Suède qui ont la particularité de bénéficier d’un régime démocratique direct, tous les États du monde cherchent à contrôler par des procédés de plus en plus industrialisés la pensée sociale.

L’argument de la lutte contre la pédophilie qui reste probablement l’un des crimes les plus abjects qui soient ne doit pas mettre en péril tout l’équilibre démocratique et toutes les libertés individuelles au nom de sa seule lutte. Car le contrôle du chiffrement que je demande depuis plusieurs années de légiférer est une nécessité, dans le sens ou son usage peut être une arme et on le voit bien dans la lutte cyber. Ainsi le législateur ne doit pas, jamais, interdire le chiffrement, car il constitue une action indéfectible de la liberté individuelle qui consiste à pouvoir protéger sa pensée, l’échange de sa pensée et le partage de sa pensée. Mais attribuer le chiffrement à un citoyen ou une entreprise devrait être un droit inaliénable et constitutionnel pour garantir in fine le principe essentiel de la liberté de pensée et d’expression inscrite dans la Déclaration des droits de l’homme que porte la constitution européenne.

Au-delà de ça, à l’aube de la digitalisation complète de l’humanité et d’une guerre économique et numérique inévitable, proposer de soustraire les services du chiffrement aux États européens reviendrait à céder intégralement et sans filtre la totalité des données régaliennes, civiles et individuelles à tous les autres États de la planète qui eux, ne se priveront jamais de chiffrer toutes leurs données, à commencer par les Américains. Toute l’intelligence économique serait immédiatement absorbée par les services étrangers et les états européens n’auront plus aucun libre arbitre politique possible.

Quand on numérise tout, sans limites et sans chiffrer, c’est comme laisser sa frontière ouverte et dire « venez et prenez ce que vous voulez ». Le chiffrement dans le monde cyber, c’est la frontière entre les droits fondamentaux et la menace d’une altération irrévocable du libre arbitre de chacun. C’est donc un suicide social et politique que d’envisager d’interdire le chiffrement en générale, même si c’est au principe de la lutte de l’un des crimes les plus abjects qui soit.

Le chiffrement est bien une arme, c’est une arme de la liberté. L’interdire revient politiquement à instaurer une dictature. »


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