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Interviews

Joël DELEPINE, Directeur des projets chez Jerlaure : Objectif réduction de la consommation énergétique des Datacenters

avril 2011 par Marc Jacob

Jerlaure développe actuellement un nouveau concept de Datacenter qui pourra être appliqué, dès lors que la construction du bâtiment est intégrée au projet, voire dans certains cas dans le cadre de réhabilitation. Pour Joël DELEPINE, Directeur des projets chez Jerlaure cette solution génère un gain significatif sur le coût d’utilisation et permet d’atteindre l’objectif de réduction globale de la consommation énergétique.

GSM : Quelles sont les principales caractéristiques techniques d’un Datacenter ?

Joël DELEPINE : Nos ingénieurs développent actuellement un nouveau concept de Datacenter très efficient qui pourra être appliqué, dès lors que la construction du bâtiment est intégrée au projet. Certaines réhabilitations pourront aussi bénéficier de ce nouveau concept.

Le fil conducteur de cette démarche est la réduction de la consommation énergétique, sans pour cela devoir pénaliser ni l’investissement, ni la fonction première d’un Datacenter consistant à héberger des données en toute sécurité et assurer la disponibilité de ces mêmes données.

Cela nous a conduits à revoir l’ensemble des données habituellement utilisées pour aménager, urbaniser et dimensionner.
Notre objectif est d’obtenir un PUE compris entre 1,25 et 1,4.

GSM : Comment fonctionne votre solution ?

Joël DELEPINE : Même si certains pensent pouvoir héberger des données en toute sécurité dans des constructions modulaires posées sur des plots au beau milieu d’un parking ou d’un terrain vague, nous pensons que l’enveloppe d’un Datacenter doit être conçue pour résister aux éléments extérieurs qui peuvent se déclarer à tout moment avec une violence extrême. La technique de construction tient compte de ces paramètres, tout en permettant l’intégration d’un concept de refroidissement en total free cooling par air, permettant de réduire de manière significative la consommation énergétique.

Le principe élaboré consiste à recycler l’air du Datacenter en le mélangeant à l’air extérieur lorsque celui-ci est à une température inférieure à 15°C, c’est-à-dire les trois quarts de l’année dans certaines régions. Au-dessus de 15°C, il est bien entendu nécessaire d’utiliser un système de refroidissement classique.

Ces techniques de refroidissement sont largement utilisées dans d’autres domaines sensibles. L’innovation porte sur le fait de le rendre compatible avec le mode de refroidissement d’un Datacenter, sans créer de risque. La principale complexité réside dans le traitement de l’air qui doit être particulièrement soigné, afin de le débarrasser de toute poussière et de respecter le taux d’hygrométrie nécessaire. La distribution des flux d’air est aussi un élément primordial que nous savons modéliser, à l’aide de notre logiciel de modélisation des flux d’air.

La gestion des mélanges d’air est asservie par un calculateur capable d’analyser les informations données par des capteurs de température, d’hygrométrie et de pression. L’empoussièrement des filtres est ainsi surveillé et le dispositif mis en place permet leur remplacement automatique lorsque la pression de soufflage tombe en-dessous d’un certain seuil.
Nous pouvons obtenir des débits d’air conséquents, capables de refroidir des baies hautes densités de l’ordre de 10 KW.
L’utilisation d’un plancher technique n’est plus fonctionnelle pour la diffusion des flux d’air frais.
La fiabilité de ce type de technologie est connue et tout à fait compatible avec le niveau de résilience requis pour les applications Datacenter. La redondance des installations en 2N ou N+1 est prévue en fonction du niveau de disponibilité recherché.

GSM : Comment les métiers peuvent déployer et utiliser votre solution ?

Joël DELEPINE : Rien ne change pour les exploitants qui pourront utiliser les installations comme ils en ont l’habitude. Si tant est que ces habitudes soient inscrites dans les règles de bonne conduite actuelles.
Tout est conçu pour ne pas impacter le travail des exploitants avec des opérations en marge de leur préoccupations habituelles. Bien entendu, ce dispositif nécessite une maintenance tout comme une installation de climatisation traditionnelle sans générer de surcoût.
Le système de supervision du Datacenter permet de surveiller le bon fonctionnement de l’ensemble des installations, de gérer la consommation électrique, la température et le taux d’hygrométrie dans chaque baie et d’obtenir la valeur précise du PUE sur une période donnée.

GSM : Pour conclure, quel serait votre message aux utilisateurs ?

Joël DELEPINE : Se faire accompagner par un spécialiste permet d’éviter certains pièges marketing, au profit d’innovations technologiques « utiles ». Ceci dit, il n’y a rien de très nouveau technologiquement dans ce mode de fonctionnement. Les équipements sont connus, fiables et très largement diffusés. La mise en œuvre n’est pas spécialement compliquée, dès lors que le projet est étudié correctement. Le risque n’est pas plus important que pour une mise en œuvre des principes traditionnellement appliqués.

Les utilisateurs qui ont pour objectif de construire un nouveau Datacenter doivent réfléchir à cette solution, qui s’inscrit totalement dans une démarche d’efficience énergétique. Contrairement à d’autres principes (la récupération de chaleur, la production d’énergie, le free cooling classique), notre solution ne génère pas un surcoût d’investissement conséquent par rapport à une solution traditionnelle.
En revanche, elle génère un gain significatif sur le coût d’utilisation et permet d’atteindre l’objectif de réduction globale de la consommation énergétique.