Global Security Mag : Quelle est votre stratégie en matière de « Green IT » ?

Jacques Perrochat : L’engagement de Schneider Electric en matière d’éco-responsabilité est très fort et ceci dans tous les domaines du développement durable. Depuis plus de 15 ans, l’entreprise mène une politique environnementale dont l’implication s’oriente autour de 3 axes prioritaires :
Proposer des produits, des solutions et des services permettant de diminuer la consommation d’énergie, tout en améliorant sa qualité et sa disponibilité, sans réduire le confort ni la performance... c’est une priorité pour Schneider Electric.

Schneider Electric a acquis APC en février 2007 pour l’associer à MGE UPS System et former IT Business, une entité unique et unifiée. N°1 mondial, cette Business Unit est dédiée à l’énergie sécurisée des centres informatiques.

APC by Schneider Electric est le constructeur par excellence des produits, logiciels et systèmes inhérents aux solutions extrêmement efficaces d’alimentation et de refroidissement.

L’engagement d’APC à développer des solutions qui réduisent la consommation et le gaspillage d’énergie dans les Datacenters a permis de commercialiser des produits avant-gardistes à haut rendement en termes d’alimentation et de refroidissement.

Notre offre se démarque en apportant à la fois des gains énergétiques pour chacun des composants du datacenter, que ce soit la distribution électrique, la climatisation, les onduleurs, mais aussi en apportant des outils logiciels d’aide à l’optimisation de ces différents éléments entre eux.

GS Mag : Quelle est votre démarche Green IT en ce qui concerne les Data Centers ?

Jacques Perrochat : Le besoin en capacité des datacenters a été multiplié par 30 en 2 ans. Pour la première fois dans l’histoire de l’informatique, le coût de la consommation électrique d’un datacenter, sur 3 ans, est parfois supérieur au coût de l’investissement initial.
D’autre part, la gestion des datacenters est en pleine mutation : La Haute Densité, la Virtualisation, le Cloud Computing, le SAAS et la VoIP sont des tendances nécessaires à l’évolution positive des datacenters mais leur déploiement demande une attention particulière et une approche globale pour en maximiser l’efficacité.

Dans cette perspective, le fait d’optimiser la consommation électrique des datacenters apparaît comme un enjeu d’autant plus incontournable que les technologies qui permettent de réaliser des économies substantielles existent.

L’engagement d’APC by Schneider Electric est clair : réduire de 30% la facture énergétique et diviser par deux les émissions de CO² de ses clients.
Dans les centres informatiques, nous y parvenons par :

– Un dimensionnement optimal
– Des onduleurs plus performants
– L’amélioration de la productivité grâce aux logiciels de gestion,
– Les options de confinement thermiques et le rapprochement de la climatisation à la source de chaleur

La conception des nouveaux datacenters doit être définie en fonction des besoins informatiques réels afin d’éviter le gaspillage.

GS Mag : De quelle manière évaluez-vous l’empreinte écologique de vos solutions ?

Jacques Perrochat : Il s’agit tout d’abord d’expliquer l’empreinte carbone.
La demande informatique explose et de fait la densité de consommation électrique des salles informatique tend inexorablement vers 20 à 40 KW/Rack.
En fin de vie, la facture électrique d’un équipement informatique sera plus importante que celle de son acquisition.
Le rendement ou l’efficacité énergétique de ces centres informatiques est aujourd’hui catastrophique. Selon IBM, le processeur, cœur de serveurs, ne consomme que 4% de l’énergie d’un centre informatique. 40% partent en chaleur en amont des équipements (onduleurs, climatiseurs, éclairage..), 42% alimentent les ventilateurs, disques et autres composants, enfin 14% alimentent le processeur inutilement.

Cette électricité consommée a 2 impacts :

1) La facture énergétique explose

2) L’empreinte carbone / le CO² rejeté dans l’atmosphère : 340g/KWh en moyenne en Europe et 90g en France du fait de la typologie des centrales nucléaires.

Ainsi, l’alimentation électrique d’un datacenter d’un Mégawatt nécessitera 8 760 000 KWh par an, soit plus de 700 000€ de coûts électriques et l’équivalent de 727 tonnes de gaz carbonique rejetées dans l’atmosphère (ce qui représente le même rejet de CO² que 160 voitures parcourant chacune 25 000 kms par an)

Maîtriser et réduire la facture énergétique d’un datacenter a un impact direct sur les émissions de CO².

La première phase nécessaire étant la mesure et l’analyse, APC by Schneider Electric a mis au point une solution d’audit énergétique des salles informatiques afin de permettre à nos clients de réaliser non seulement des gains économiques mais aussi écologiques.

GS Mag : Avez-vous inclus des technologies vertes dans vos produits ?

Jacques Perrochat : Nous venons de remporter le prix "Green Enterprise IT" décerné par l’Uptime Institute dans le cadre de « LEAN, CLEAN and GREEN », le 4ème Symposium annuel de l’Institut, qui s’est tenu à New York et co-parrainé par le ministère américain de l’énergie (DoE).
La technologie de refroidissement InRow® d’APC a été distinguée dans la catégorie « Energy Efficient Products : IT Category » des Green Enterprise IT (GEIT).

Les GEIT Awards distinguent les entreprises qui ont réalisé des avancées remarquables dans la création de datacenters fiables, durables et éco-performants. Grâce au confinement thermique intégré et à gestion dynamique des solutions de climatisation InRow, nous avons remporté la compétition pour notre innovation et le soutien apporté aux initiatives d’efficacité énergétique.
Nous sommes très fiers d’avoir reçu cette distinction. Elle récompense notre travail de pionnier dans la réduction de la consommation électrique des datacenters et souligne notre engagement permanent à proposer les meilleurs produits et solutions permettant de soutenir les initiatives d’amélioration de l’efficacité des datacenters.

GS Mag : Ces technologies ont-elles un surcoût sur la fabrication de vos produits ?

Jacques Perrochat : Ces technologies n’amènent pas sur la fabrication mais plutôt sur la R&D. Depuis ses débuts, APC a fait preuve d’expertise et d’innovation pour déceler des technologies émergentes et fournir les solutions adaptées.

Nos initiatives et des investissements en R&D très importants nous ont conduits à proposer des solutions complètes pour datacenters, d’une très haute efficacité, qui répondent aux problèmes d’infrastructure, de refroidissement et d’alimentation.

Nous nous distinguons par notre aptitude à identifier l’évolution et les besoins du marché, ainsi qu’à conduire des stratégies innovantes dans le contexte concurrentiel actuel.

GS Mag : Avez-vous mis en place des procédures concernant le recyclage de vos produits ?

Jacques Perrochat : Dans la mesure où les batteries d’onduleurs sont identifiées comme "produit dangereux" du fait de la teneur en plomb, APC est très vigilant et impliqué dans le recyclage de ses produits. Nous prenons soin d’éliminer proprement les batteries usagées : le plomb est recyclé à presque 100%.
Pour assurer la traçabilité et constituer une preuve de l’élimination des déchets dangereux, il existe un Bordereau de Suivi des Déchets Dangereux ou BSDD. Ce formulaire remplace le BSDI (Bordereau de Suivi des Déchets Industriels) depuis le 1er décembre 2005.
Il comporte des indications sur la provenance des déchets, leurs caractéristiques, les modalités de collecte, de transport et d’entreposage, l’identité des entreprises concernées et la destination des déchets. Le bordereau accompagne les déchets jusqu’à l’installation destinataire qui peut être un centre d’élimination, un centre de regroupement ou un centre de pré traitement.

GS Mag : Mettre en place une démarche Green IT peut-il procurer un avantage concurrentiel ? Le Green IT n’est-il pas avant tout un moyen pour une entreprise de réduire sa consommation énergétique ?

Jacques Perrochat : Bien évidemment le Green IT est aussi un moyen pour une entreprise de réduire sa consommation énergétique et donc réduire son TCO (Coût Total de Possession)
Mais pas seulement. L’industrie informatique a pris récemment conscience que l’écologie allait devenir une préoccupation majeure. Avec 2 % des émissions mondiales de CO² à son actif, l’industrie informatique pollue aujourd’hui autant que le transport aérien. Sans une réaction forte et immédiate, les datacenters pourraient devenir dans les années à venir des acteurs importants dans l’émission de gaz à effet de serre.
Que ce soit aux USA ou en Europe, les réflexions des gouvernements se multiplient.
L’IT peut apporter sa contribution à la démarche « verte » et c’est sur cela que nous devons travailler.

GS Mag : APC fait parti de différents consortiums en la matière, quels en sont les principaux apports pour votre société et pour la communauté informatique en général ?

Jacques Perrochat : APC était l’un des membres fondateurs du Green Grid. C’est un consortium de sociétés dédié à l’amélioration de l’efficacité énergétique dans les datacenters. Une des missions est de mettre à disposition des entreprises des applications et outils de mesure dédiés pour améliorer la performance énergétique des datacenters.
Un de ces outils, le PUE (Power Usage Efficiency) a été adopté très largement sur le marché.

De plus, en France, APC s’est associé à Accenture, Cisco, EMC, Intel et VMware pour créer le Cercle Héra dont l’ambition est d’aider les entreprises à construire une informatique éco-responsable et à se repérer dans ce nouvel environnement. Nous avons décidé de lancer une initiative qui a pour but d’échanger avec les DSI sur les démarches concrètes à mettre en place pour réduire l’empreinte environnementale de leur parc informatique.

Avec le cercle Héra, les entreprises, soucieuses d’adopter une démarche éco-responsable, pourront échanger régulièrement avec des pairs et des experts du secteur sur les mesures pragmatiques et efficaces qu’ils peuvent mettre en œuvre.

GS Mag : Quels sont vos projets dans le domaine du Green IT pour les prochaines années ?

Jacques Perrochat : Nos initiatives de R&D nous ont conduits à proposer des solutions complètes pour datacenters, d’une très haute efficacité, qui répondent aux problèmes d’infrastructure, de refroidissement et d’alimentation de secours.
Nous nous distinguons par notre aptitude à identifier l’évolution et les besoins du marché, ainsi qu’à conduire des stratégies innovantes dans le contexte concurrentiel actuel.

GS Mag : Quels conseils pourriez-vous donner aux entreprises qui souhaitent se lancer dans une démarche « Green IT » ?