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« Horizon 2020 » : quelle sécurité pour l’Union européenne ?

novembre 2013 par Emmanuelle Lamandé

Le prochain Programme-cadre pour la recherche de l’Union européenne 2014-2020, « Horizon 2020 » [1], sera adopté et entrera en vigueur début 2014. La Commission européenne a choisi Milipol Paris pour présenter les grandes lignes de ce programme en matière de sécurité et mettre l’accent sur ce qui pourrait contribuer au développement d’une société plus sûre pour les citoyens.

Le programme « Horizon 2020 » regroupe les financements de l’Union européenne en matière de recherche et d’innovation et s’articule autour de trois grandes priorités : l’excellence scientifique, la primauté industrielle et les défis sociétaux. Il entrera en vigueur le 1er janvier 2014 et succèdera au 7ème programme-cadre de recherche et développement technologique (P.C.R.D.T.). Avec ce nouveau programme, l’Union européenne financera des projets interdisciplinaires susceptibles de répondre aux grands défis économiques et sociaux, et couvrira l’ensemble de la chaîne de l’innovation, depuis la création jusqu’à la commercialisation. Qu’en sera-t-il dans le domaine de la sécurité ? Quelles initiatives la Commission Européenne souhaite-t-elle soutenir pour relever le défi d’une société plus sûre d’ici 2020 ?

« Le domaine de la sécurité revêt une importance grandissante », explique Philippe Brunet, Director, Aerospace, Maritime, Security and Defence Industry, European Commission. « C’est également un secteur à croissance spectaculaire dans le monde. Nous disposons actuellement d’un grand nombre de champions européens dans ce domaine, mais aussi du savoir-faire de nombreuses PME. En parallèle, de nouveaux marchés apparaissent, ainsi que de nouveaux réseaux d’énergie, de transport et de communication... Les défis de sécurité sont donc toujours plus nombreux à relever et parfois de taille, comme par exemple lors d’événements tels que les JO ou la Coupe du monde de Football. Ces défis doivent devenir des opportunités pour l’Europe ».

Pour ce faire, l’Union européenne doit, selon lui, adopter une nouvelle approche, ainsi qu’une politique industrielle commune en matière de sécurité. Il apparaît, en outre, essentiel d’améliorer la compétitivité de ce marché en Europe. En ce sens, des conditions de concurrence équitables doivent être assurées à tous les acteurs, mais aussi d’assistance des PME. L’objectif sera également de jouer un rôle plus actif dans la prévention des conflits, souligne-t-il. Cela nécessite à la fois de nouvelles technologies, ainsi qu’une approche différente, plus globale et plus européenne. Sans oublier, bien entendu, la volonté et la nécessité d’harmonisation des standards européens.

Les utilisateurs finaux au cœur du processus d’innovation

Le principal challenge du Programme-cadre pour la recherche de l’UE 2014-2020, « Horizon 2020 », sera de développer des sociétés plus sûres. Ce défi suppose, pour être relevé, l’implication de tous les acteurs concernés. C’est pourquoi ce programme s’articulera autour d’une collaboration forte entre responsables politiques, utilisateurs finaux, chercheurs, opérateurs, industriels… Les utilisateurs finaux seront d’ailleurs positionnés au cœur du processus d’innovation, pour que l’offre réponde au mieux à la demande. Sans compter qu’une innovation qui n’obtient pas l’adhésion des utilisateurs est vouée à l’échec.

Le domaine de la cybersécurité s’avère, quant à lui, aujourd’hui essentiel. Il élargit le périmètre de la sécurité, mais nécessite aussi de nouvelles ressources et compétences. L’innovation technologique doit être poussée et de nouvelles normes pensées afin de permettre des communications sécurisées et interopérables.

La coopération entre les différentes agences européennes de la défense et de la sécurité doit, quant à elle, être renforcée. Une implication de ces agences dans les programmes de recherche du plan Horizon 2020 est d’ailleurs prévue.

L’innovation doit s’inscrire dans le temps

Pierre-Yves Buquet, European Council, distingue, pour sa part, trois caractéristiques de la menace :
 L’innovation : nos adversaires sont en innovation perpétuelle, y compris au niveau des modes opératoires. A ce sujet, on observe d’ailleurs un accroissement des attaques conduites par des individus isolés ou des petits groupes (par exemple Anders Behring Breivik en Norvège).
 La globalisation : la menace est aujourd’hui fragmentée et décentralisée. Elle fonctionne comme un réseau. On assiste ainsi au développement de nombreuses franchises de groupes, comme Al Qaïda. On observe, en outre, une radicalisation de cette menace.
 Enfin, la menace est consciente des interdépendances de nos sociétés et de la façon dont celles-ci fonctionnent. Les attaquants exploitent donc au maximum ces modes de fonctionnement, de financement, les systèmes juridiques en place… Cela transparaît également dans le choix de leurs cibles (infrastructures critiques…).

Ces trois caractéristiques soulèvent de nouveaux enjeux et imposent une nouvelle approche en matière de sécurité, basée sur trois principaux axes :
 L’innovation contre l’innovation : nous ne pouvons pas uniquement nous contenter de « mettre des rustines », sinon nous aurons toujours un temps de retard. Nous devons également nous inscrire dans un processus d’innovation permanente, penser le futur, au travers de la Security by Design par exemple.
 La cohérence et la complémentarité : lutter contre le terrorisme nécessite une approche globale. Une réflexion sociétale doit être conduite, sur la résilience notamment. Nous devons, de plus, viser l’interopérabilité entre les moyens civils et militaires.
 La continuité : dans un contexte budgétaire serré, il faut que cette approche et ces innovations s’inscrivent dans la durée. Pour ce faire, il est important de disposer de capacités de suivi et d’évaluation.

L’enjeu est effectivement aujourd’hui de trouver des synergies et de cumuler les efforts sur les crédits civils et de la défense, mais aussi de développer des technologies durables, complète Claude-France Arnould, Chief Executive, European Defence Agency (EDA). En ce sens, elle distingue plusieurs domaines clés pour lesquels des synergies doivent être étudiées : le biologique et le chimique, les explosifs, les drones, les satellites de communication ou encore la cybersécurité. Il conviendra de trouver les modalités d’interaction les plus appropriées entre l’industrie civile et militaire. Toutefois, explique-t-elle, il ne s’agit pas pour autant de vulgariser la défense ou de militariser la partie civile.

« Horizon 2020 » : vers une structuration et dynamisation du marché de la sécurité ?

Quel impact « Horizon 2020 » pourrait-il avoir sur la structure du marché de la sécurité ? Le marché de la sécurité n’est pas un marché comme les autres, explique Jean-Paul Herteman, PDG du Groupe Safran. Il ne peut appartenir aux seuls industries et monde de la recherche. C’est une demande régalienne. Des relations sont nécessaires entre les spécificateurs et les donneurs d’ordre. Cet effort d’investissement pour le futur, partagé au niveau européen, est la meilleure façon d’arriver à la convergence de l’offre et de la demande. Le volet sécurité de H2020 représente d’ailleurs, à ses yeux, « l’opportunité de dynamiser le marché de la sécurité. L’Europe dispose d’une belle base de technologies de sécurité, mais elle ne joue pas le leadership qu’elle pourrait ».

Pour Martin Mühleck, DG Communications Networks, Content & Technology, European Commission, la résilience est le maître-mot en matière de cybersécurité. L’objectif est de construire un monde numérique, basé sur la résilience et la confiance des utilisateurs. Pour ce faire, nous disposons de fortes compétences en Europe, que ce soit dans le domaine de la cryptographie, de la biométrie…, toutefois reste encore un problème de structuration du marché.

Par rapport à ces différents défis, « Horizon 2020 » s’avère, selon lui, une opportunité de se rapprocher du marché et de ses aspects pratiques. L’objectif est que les technologies développées puissent être commercialisées dans des périodes relativement courtes, de 2 à 3 ans maximum. Le programme doit également venir en soutien de la concurrentialité sur le marché des NTIC, avec pour objectif de pouvoir dynamiser le secteur des TIC et de la sécurité dans son ensemble.

Pierre-Yves Buquet souligne, enfin, l’importance du partage des responsabilités entre les acteurs. Rapprocher le milieu de la recherche du marché permettra un partage des responsabilités et des risques, conclut-il.


[1] http://www.horizon2020.gouv.fr/


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