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« Homo-Connecticus » : les risques de la cyberdépendance…

juin 2010 par Emmanuelle Lamandé

A l’occasion de la célébration du bicentenaire du Corps des Mines, Alain Bravo, Directeur Général de Supélec et Membre de l’Académie des technologies, présidait un colloque sur le thème « Quelle économie numérique, quelle société numérique en 2030 ? ». Un débat ayant pour principal objectif d’explorer un futur probable, notamment sur les nouvelles potentialités et nouveaux risques liés aux technologies.

Si l’on en croit Laurent Gouzènes, Directeur des programmes R&D et des affaires publiques chez STMicroelectronics, nous observerons en 2030 une accélération des innovations et des rythmes d’adoption. Les ordinateurs seront de plus en plus petits et puissants, et de moins en moins chers. La miniaturisation des capteurs permettra, en outre, de rendre les objets intelligents. Dans le domaine de la e-santé par exemple, nous irons de plus en plus vers des systèmes de surveillance et de gestion des personnes en temps réel. Concernant le e-transport, les véhicules seront intelligents et autonomes. Nous entrerons dans l’ère de l’ « Homo-Connecticus », où des milliards d’individus seront connectés en permanence à des milliards d’objets.

Qu’adviendra-t-il de la dimension humaine si l’existence de l’homme est réduite à ce que le réseau connaît de lui ?

Pour François Cholley, Président de la section Régulation et Ressources du CGIET, Ingénieur Général des Mines, nous allons vers un monde « parfait », dans lequel foisonneront l’innovation et le progrès technologique. Toutefois, dans ce schéma, notre dépendance collective à la technologie ne fera que s’accentuer. Qu’adviendra-t-il de la dimension humaine si l’existence de l’homme est réduite à ce que le réseau connaît de lui ? Le « nuage » vers lequel nous nous dirigeons ne risque-t-il pas, à terme, de nous dégager de nos capacités cognitives, de la même manière que l’utilisation de machines a réussi à nous soulager de nos efforts physiques ?

Parmi les risques systémiques liés à cette cyberdépendance, il relève :

 La cyberattaque : ce type d’attaque prendra d’emblée une dimension universelle. Plus on dépendra du réseau, plus elle provoquera le chaos et sera dramatique.

 La cyber-catastrophe : de par son cloisonnement, le Titanic apparaissait insubmersible dans les textes. Même si elle reste extrêmement faible, cette probabilité existe. Parmi les éventuelles cyber-catastrophes, il pourrait s’agir de thrombose d’informations ou encore d’embolie.

 L’irréversibilité et donc la perte de mémoire : dans la mesure où nous y mettons nos données, notre passé, notre histoire, ne va-t-on pas perdre notre mémoire ? A ce sujet, une défaillance créerait des dégâts irrémédiables.

 L’imbrication réalité/virtualité : les deux s’interpénètrent et se confondent, pouvant engendrer un conflit.

 La cybersurveillance : la traçabilité pouvant, en effet, être détournée.

Bernard Chevassus-au-Louis, Inspecteur général de l’Agriculture, MAAP-CGAAER, estime qu’en 2030, il n’y aura même plus de peines de prison, car la peine de déconnexion sera considérée comme une peine forte. « Nous introduisons des boîtes noires, c’est-à-dire des objets incompréhensibles, entre l’individu et le monde réel, risquant par là-même d’engendrer une dépossession de l’autonomie des individus ».

A l’heure actuelle, les gens ne raisonnent pas, à tort, en analyse de risque, mais en analyse risques/bénéfices. Cependant, la prise en compte des bénéfices diminue la perception du risque. Ce sera donc un aspect à développer. De plus, le pouvoir de demain reposera, selon lui, sur la capacité à saturer l’information.


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