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Google latitude : Rien de neuf en termes de technologie, mais des inquiétudes décuplées... Et un arsenal juridique qui devra faire ses preuves

février 2009 par Diane Mullenex, avocat au barreau de Paris et Solicitor England & Wales et Annabelle Richard, avocat aux barreaux de Paris et de New York

Google Latitude est le dernier widget à la mode. Comparable à Loopt, lancé il y a quelques temps par Verizon Wireless, ce nouveau service vous permet de localiser les individus de votre choix à tout moment grâce à leurs téléphones portables, notamment en se servant des antennes de transmission ou de données GPS.

Diane Mullenex

Anabelle Richard

Ce nouveau service n’est pas sans créer quelques inquiétudes concernant le respect de la vie privée. Rien de nouveau sous le soleil à vrai dire. Ces problématiques ont bien souvent déjà été soulevées au sujet des technologies de géo-localisation. La vraie différence avec Google Latitude c’est l’accès à cette technologie par le plus grand nombre, n’importe qui peut désormais accéder à ce service. C’est cette multiplication d’utilisateurs potentiels, non surveillés, non encadrés, qui fait craindre des dérives toujours plus importantes et des atteintes plus grandes aux libertés individuelles.

Bien sûr, Google tente de rassurer et affirme que l’inscription à ce service est strictement volontaire, qu’à tout moment les utilisateurs peuvent décider de masquer leur position, que toutes les fonctionnalités de ce service sont optionnelles, etc.

Néanmoins, certaines questions demeurent. Quant à la sécurité des réseaux exploités par ce service et les mesures anti-piratage qui ont été mises en place, par exemple. En effet, le caractère volontaire de la souscription de ce service pourrait être annihilé si le réseau est facilement « piratable » par des tiers qui peuvent donc avoir accès à des informations que l’utilisateur avait choisi de ne pas diffuser.

Sans même parler de piratage, quelle exploitation commerciale la firme de Montain View pourra-t-elle faire de ces données ? En effet, il serait fort précieux pour de nombreuses sociétés de pouvoir adresser des publicités ciblées aux utilisateurs en fonction de leur position géographique : « A 100 mètres de vous, Starboocks vous attends pour vous offrir son nouveau latte au caramel … ». Et ne parlons pas des risques liés au croisement des données, entre votre position géographique et vos habitudes de consommation sur les sites de e-commerce par exemple. En effet, il serait alors possible, lorsque vous passerez à proximité d’un magasin I&N, que vous receviez un sms vous informant que le petit haut que vous êtes allés voir trois fois de suite ces dernières 48h sur le site de la marque est à -10% pendant l’heure qui vient.

Enfin, qu’en sera-t-il pour ceux qui pourraient ne pas savoir qu’un tel service est activé sur leur téléphone ? On ne peut en effet s’empêcher d’imaginer le cas du salarié qui se voit remettre par son employeur un téléphone portable sur lequel ce service aurait été activé sans qu’il en soit informé. Cette problématique rejoint celle des véhicules d’entreprise équipés de balises GPS et dont les déplacements peuvent être suivis par l’employeur. Cette pratique a été strictement encadrée par les juridictions françaises. Les solutions existent donc, encore faudra-t-il les transposer à cette nouvelle problématique et les faire appliquer.

La question serait tout aussi problématique dans le cas d’un mari à qui l’épouse jalouse à fait cadeau d’un nouveau téléphone sur lequel elle a activé Google Latitude en omettant, bien sûr, d’en informer son cher mari. Dans le cadre privé la justice pourra-t-elle se faire sa place ?

L’organisme Privacy International a déjà relevé que les mécanismes de sécurité mis en place (tel l’envoi à des intervalles réguliers d’avertissements aux utilisateurs leur rappelant que leur position est contrôlée et diffusée à tel ou tel ami) par Google ne fonctionnent pas sur certains appareils.

En France, la CNIL surveille de près ce nouveau service et a d’ores et déjà émis certaines réserves. Google devra sans aucun doute s’expliquer sur les conditions de conservation de sa base de données et la durée de ladite conservation. Néanmoins, cette surveillance ne nous empêchera pas de nous inquiéter des dérives possibles d’un tel produit, de la pertinence de notre arsenal juridique pour y répondre mais également de la vitesse avec laquelle notre système judiciaire sera capable de faire cesser les abus attentatoires à la vie privée.


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