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Frédéric Julhes, Airbus CyberSecurity France : les entreprises doivent développer une approche globale de la sécurité

octobre 2019 par Marc Jacob

A l’occasion des Assises de la Sécurité, Airbus CyberSecurity France va dévoiler son offre de SOC for Cloud et l’accès à sa plateforme CyberRange en mode Cloud. Devant la montée des menaces, Frédéric Julhes, Directeur Airbus CyberSecurity France considère que les entreprises doivent développer une approche globale qui prend en compte toutes les dimensions de la sécurité : technologique et humaine.

Global Security Mag : Qu’allez-vous présenter à l’occasion des Assises de la Sécurité ?

Frédéric Julhes : Notre portfolio évolue : nous allons dévoiler lors du salon notre offre de SOC for Cloud et l’accès à notre plateforme CyberRange en mode Cloud.

Concernant le SOC (le Security Operations Centre qui assure la surveillance permanente des réseaux d’une organisation), c’est une évolution importante pour suivre une tendance de fond chez nos clients : toutes les grandes entreprises s’appuient déjà sur un nombre important d’applications qui tournent sur des serveurs à distance. Souvent ces serveurs sont bien sécurisés en surface, puisqu’il s’agit d’un cadre bien connu et facile à surveiller, par contre les données et applications traitées dans la Cloud même sont plus difficiles à protéger.
Concernant notre CyberRange, c’est une évolution naturelle d’un produit à succès : nos clients sont extrêmement satisfaits de la plateforme, qui peut être utilisée pour former les analystes cyber de demain ou pour simuler tout un environnement informatique et tester des attaques. Le mode Cloud permettra simplement d’accéder à la plateforme à partir de n’importe quel site. Par ailleurs nous profiterons des Assises pour présenter une nouvelle offre pour la cyber protection des infrastructures critiques et des opérateurs d’importance vitale.

GS Mag Quel est le thème de votre conférence cette année ?

Frédéric Julhes : Le thème de notre conférence sera la sécurisation du réseau LPWAN (liaison sans fil à faible consommation énergétique) de bout en bout pour les IOT, donc les objets connectés, dans l’industrie. Nous sommes très présents sur les sujets IOT depuis plusieurs années et nous proposons une solution très innovante qui permet de mettre en place la double authentification (two-factor authentication en anglais) pour chaque élément d’une chaine industrielle donnée avec une très petite empreinte sur la consommation d’électricité et les capacités de calculs. Nous sommes les seuls à proposer une telle solution qui ne repose pas sur l’usage d’un registre listant tous les éléments.

GS Mag : Quelles sont les principales menaces que vous avez pu identifier en 2019 ?

Frédéric Julhes : Les deux dernières années avaient été marquées par l’apparition de ransomware – des logiciels malveillants qui demandent une rançon - arrivant à se propager rapidement sur un réseau privé après avoir infecté une machine par internet. Ce phénomène avait marqué les esprits avec l’attaque WannaCry en 2017 mais cela continue de nous occuper, notamment parce que la plupart des réseaux complexes comportent toujours quelques machines qui ne sont pas entièrement à jour et les pirates continuent à faire évoluer ce vecteur.

Par ailleurs, dans les attaques ciblées, les attaquants montent en compétence et utilisent de plus en plus des scripts sur mesure pour pénétrer un réseau avant de faire ce qu’on appelle un mouvement latéral (donc d’infecter d’autres parties plus sensibles du réseau) et d’utiliser des fichiers exécutables « légitimes », c’est-à-dire des programmes qui sont utilisés normalement par les employés. C’est bien sûr plus difficile de détecter un malware intégré dans un exécutable légitime qu’un fichier malveillant qui n’a pas d’autre fonction que de compromettre le système.

GS Mag : Quid des besoins des entreprises ?

Frédéric Julhes : Aujourd’hui, toutes les grandes organisations savent qu’elles sont une cible : globalement 80% des entreprises ont déjà été victimes d’une attaque, et l’ont remarqué*. Mais il y a des besoins très différents entre les entreprises qui rentrent dans la catégorie des « OIV », des opérateurs d’importance vitale explicitement identifiés par l’État, les grandes entreprises qui ne rentrent pas dans cette catégorie et les PME. Il ne faut pas oublier le secteur public, qui est également une cible privilégiée, notamment parce que les administrations gèrent souvent des données intéressantes mais sont parfois moins bien protégées que les entreprises.
Les PME sont dans une situation similaire : elles n’ont pas nécessairement conscience de la menace ou tout simplement pas les moyens de s’appuyer spécifiquement sur un spécialiste en cybersécurité. Elles ont besoin de solutions standardisées qui ne sont pas taillées sur mesure.
C’est tout l’inverse pour les OIV, qui sont dans l’obligation légale de se protéger, et plutôt à la recherche de partenaires qui peuvent leur simplifier la vie ! C’est en effet complexe de vérifier la conformité aux normes existantes, de gérer tous les aspects de la cybersécurité d’un bout à l’autre de la chaine industrielle et de mettre en place une capacité de réaction efficace.
C’est la raison pour laquelle nous nous positionnons sur le marché de l’infrastructure critique : nous avons l’expertise industrielle pour travailler sur des projets de développement complexes dans lesquels il s’agit de protéger des données très précieuses et confidentielles.
Enfin, il faut aussi s’intéresser aux besoins des grandes entreprises qui n’entrent pas dans la catégorie spéciale des OIVs : elles ont souvent déjà une bonne couche de protection cyber et suivent déjà des normes de protection plus ou moins importantes (souvent européennes ou nationales, parfois internationales). Pour ces acteurs, l’enjeu aujourd’hui est le contrôle de la cybersécurité sur l’ensemble de la chaîne industrielle, donc aussi chez des petits fournisseurs. C’est aussi un défi important.
*Rapport du MinInt « Etat de la Menace Numérique 2018 »

GS Mag : De quelle manière votre stratégie est-elle amenée à évoluer pour adresser ces enjeux ?

Frédéric Julhes : Il y a deux axes clairs qui se dégagent des points que je viens d’évoquer : d’une part l’évolution des objets connectés, qui change également le monde industriel, et d’autre part la nécessité d’une protection permanente. Pour le secteur industriel, l’utilisation croissante d’objets connectés est connue comme l’ « IIoT », « Industrial Internet of Things ». Nous avons des projets de recherche qui se focalisent spécifiquement sur les problématiques qui apparaissent lorsque vous ajoutez un nombre d’objets connectés à internet dans une usine qui n’a pas été conçue à la base pour être connectée. Cela soulève beaucoup de question, plus ou moins complexes : comment protéger l’objet en lui-même ? Comment contrôler l’accès aux autres parties du réseau ? Comment vérifier si tous les logiciels sont à jours ? Et cætera.

Cela nous amène au second sujet : la protection permanente. Aujourd’hui, le grand enjeu du SOC, c’est d’agrandir le périmètre surveillé : hier il s’agissait uniquement des serveurs et des systèmes informatiques de l’entreprise, aujourd’hui il s’agit également des données et des applications en cloud, des systèmes industriels, de la domotique…
Ces deux axes sont également pertinents pour le périmètre plus confidentiel des solutions gouvernementales et de défense.

GS Mag : La sécurité et la privacy « by design » sont devenues incontournables aujourd’hui. De quelle manière intégrez-vous ces principes au sein de votre entreprise et de votre offre ?

Frédéric Julhes : Etant donné nos racines industrielles, la « security by design » est chez nous pas seulement un ensemble de processus mais véritablement une culture. Nous sommes par exemple impliqués dans des projets extrêmement importants dès l’étape de la conception. Prenez le programme SCAF de système d’aviation de combat du futur : nous sommes dans la boucle dès la genèse du système. Cela permet d’éviter beaucoup d’erreurs difficiles à gérer plus en aval, par exemple minimiser la surface d’attaque, chiffrer les données de bout en bout, avoir un système solide de vérification des identités et des droits associés. Notre expérience en la matière nous différencie sur le marché et nous sommes en contact avec des industriels qui souhaitent bénéficier de notre expertise en la matière, par exemple dans le secteur du transport.

GS Mag : Quels sont vos conseils en la matière, et plus globalement pour limiter les risques ?

Frédéric Julhes : A côté des systèmes embarqués que je viens d’évoquer, il y a bien sûr les mesures pour protéger les réseaux informatiques de manière générale. Une grande partie des attaques peuvent être stoppées par des mesures standard telles qu’une mise à jour rapide des logiciels, la mise en place d’un antivirus commercial sur l’ensemble du parc informatique, l’utilisation des principes du moindre privilège, le recourt systématique à la double authentification pour tous les accès à distance et les systèmes et serveurs critiques. Ensuite, il s’agit surtout de former l’ensemble des employés : les mesures techniques simples ne sont pas efficaces si les employés les contournent sciemment ou par inadvertance. Lorsque vous avez couvert ce type de mesures standard et la formation, vous pouvez passer à des mesures plus conséquentes, par exemple la mise en place d’architectures défensives pour créer un environnement difficile, voire hostile pour l’attaquant, en l’embrouillant, en le ralentissant et en le forçant à s’exposer. Cela facilite la détection de l’attaque et l’intervention en cas d’incident.

GS Mag : Enfin, quel message souhaiterez-vous faire passer aux RSSI ?

Frédéric Julhes : Face au défi énorme que représente la cyber sécurité, on peut souvent aller plus vite et dépenser moins d’argent en s’appuyant sur les retours d’expérience d’acteurs ayant déjà rencontré les mêmes problèmes. Ces éléments permettent de développer une approche globale qui prend en compte toutes les dimensions de la sécurité : l’aspect technologique bien sûr, mais également le personnel et les processus. Une telle approche globale est essentielle pour éviter le piège des projets couteux qui omettent des aspects simples, comme la formation. En s’appuyant sur des partenaires reconnus, il est également plus simple de justifier les budgets pour des solutions de cybersécurité et s’assurer de l’implication du RSSI dans les projets importants, comme la stratégie industrielle du futur !


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