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FIC : les lignes du futur « Campus Cyber » se dessinent

février 2020 par Emmanuelle Lamandé

En juillet 2019, le Premier ministre a confié à Michel Van Den Berghe, Directeur général d’Orange Cyberdefense, une mission de préfiguration du futur Campus Cyber français. Après avoir auditionné près de 60 organisations depuis septembre 2019, Michel Van Den Berghe a remis au Premier ministre, le 7 janvier dernier, son rapport relatif à la création de ce lieu totem pour l’écosystème de la cybersécurité. Rendu public à l’occasion du FIC, ce dernier dessine les grandes lignes de ce projet et souligne l’ambition française de créer un nouveau centre de gravité de la sécurité et de la confiance numériques en France et en Europe.

Michel Van Den Berghe, Directeur général d’Orange Cyberdefense, et Guillaume Poupard, Directeur général de l’ANSSI

Un Campus à vocation pleinement opérationnelle

Ce projet de Campus Cyber entend proposer un premier tiers-lieu opérationnel de 10 000 à 15 000 m² visant à fédérer l’écosystème de la cybersécurité autour de projets communs. Porté majoritairement par le secteur privé, il permettra de colocaliser les acteurs clés de la filière : industriels, PME, start-ups, services de l’État, laboratoires de recherche, instituts de formation, capital-risque, associations… Ce Campus se veut être une solution pleinement opérationnelle face à des cybermenaces qui évoluent en permanence. Conçu pour stimuler les synergies entre entités, le lieu sera agencé notamment autour de plateaux-projets et comprendra, outre des espaces privés, de nombreux espaces partagés (auditorium, centre de séminaires, espaces de coworking et de convivialité).

L’attractivité : un facteur clé pour la réussite du projet

Le Campus Cyber sera localisé sur Paris, ou en première couronne Ouest de Paris. Ce choix s’est imposé comme une condition sine qua none d’engagement pour une majorité des 60 acteurs auditionnés depuis septembre 2019. La qualité de l’environnement professionnel et l’accessibilité du lieu de travail font partie des critères prioritaires, notamment dans ce domaine qui peine à recruter. Ce lieu totem devra donc être attractif, à la fois pour les gens qui y travaillent au quotidien, mais aussi pour ceux qui viennent de l’extérieur, y compris de l’étranger. En effet, ce Campus ambitionne aussi de devenir une vitrine de l’offre cyber en France à l’intention des marchés européens et internationaux.

Un projet soutenu par l’écosystème

De nombreux acteurs de l’écosystème ont d’ores et déjà annoncé leur intention de prendre part à ce projet, qu’il s’agisse d’acteurs publics, d’industriels, de PME, de start-ups, d’entreprises utilisatrices, de centres de formation et de recherche, de fédérations professionnelles, d’associations… Atos, Capgemini, Orange et Thales se sont engagés à y installer des équipes (en moyenne une centaine de personnes par entité) et à contribuer au développement de ce pôle d’innovation. L’ANSSI (Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information) est également fortement impliquée dans ce projet et y positionnera une partie de son équipe opérationnelle (de 30 à 100 personnes). Outre ces organisations, un certain nombre d’acteurs privés ont d’ores et déjà officialisé leur soutien au projet, comme Ace Management, Advens, Airbus Cybersecurity, Alsid, Axa, Beijaflore, BNP Paribas, CEIS, Citalid, Cyber Test Systems, EDF, Enedis, Gatewatcher, L’Oréal, Oodrive, Schneider Electric, Sopra Steria, Wavestone et Yes We Hack. Du côté des acteurs publics, le projet a notamment obtenu le soutien du ministère de l’Economie et des Finances, de la DGE, du ministère de l’Education nationale et de la Jeunesse, de Bpifrance, du CEA, de Cybermalvaillance.gouv.fr, de la Gendarmerie nationale, de la Police nationale et de l’INRIA. Plusieurs organismes de formation ont également répondu présents (EPITA, ESD Cybersecurity Academy, ESIEA, HS2, ISEP, Simplon.co), au même titre que certaines associations (CESIN, CLUSIF, Pôle d’Excellence Cyber, France Digitale, System X, Syntec numérique), etc. Certains acteurs prévoient même d’y installer l’ensemble de leurs équipes.

L’engagement de tous ces acteurs démontre aussi une évolution des mentalités aujourd’hui. Bien que concurrentes pour certaines, les entreprises sont désormais prêtes à coopérer dans un lieu unique pour mettre en commun leurs savoir-faire, favoriser l’innovation et identifier les meilleures pratiques pour protéger leurs organisations.

Un lieu idoine, où la transversalité sera au cœur des projets

Toutefois, ce lieu totem ne doit pas être une galerie marchande où les entités commerciales se contenteraient de cohabiter. Ce Campus sera ainsi le lieu idoine pour accueillir des équipes transverses travaillant autour de projets relatifs à des domaines stratégiques, comme par exemple la sécurité des véhicules et objets connectés, de l’industrie du futur, la protection des communications, de la 5G... L’installation d’équipes de chercheurs spécialisés en cybersécurité sur le site du Campus sera d’ailleurs de nature à favoriser ces partages et l’élaboration de travaux communs avec les industriels. Cette proximité facilitera l’expression des besoins concrets et l’identification des axes d’innovation.

Le Campus favorisera ainsi le mode projets multipartites dans des domaines tels que la recherche et l’innovation, l’anticipation et la détection des menaces informatiques, la formation et l’entraînement. La conduite de travaux portant sur les logiciels libres, la cybersécurité industrielle, la cryptographie quantique et la cryptographie post-quantique, ou encore la connectivité et la sécurisation de la voiture autonome sont autant de pistes de projets impliquant plusieurs entités, publiques, privées, académiques.
Les organisations participant au Campus pourront, de plus, accéder à une base commune de Threat Intelligence composée par les indices de compromission assemblés par les différents partenaires.
Plusieurs entités souhaitent également y positionner leurs CERT (Computer Emergency Response Team). La localisation de ces équipes dans un même lieu permettra de renforcer leur capacité de veille, de détection et de traitement de la menace.
Des programmes communs de formation et d’entraînement pourraient, en outre, être mis à disposition au sein du campus, afin de pallier à la pénurie de talents et de renforcer le capital humain en matière de cybersécurité.

Le Campus sera aussi le lieu idéal pour développer les « communs » de la sécurité et de la confiance numériques. L’idée des communs oppose l’ouverture et l’intelligence collective à l’accaparement et au risque de duplication. Les communs emportent également une conception différente de la gouvernance d’une ressource partagée, au travers de l’auto-organisation et de l’agilité.

Un campus ouvert sur le monde…

Ce Campus n’a pas vocation à être égocentré. Il sera d’ailleurs ouvert aux entités du monde entier, et accessible à des partenaires technologiques de toutes nationalités. Cette ouverture n’empêchera pas bien évidemment de disposer de zones et d’infrastructures à accès restreint, afin de garantir la confidentialité de certains projets et de préserver les intérêts de chacun.

…et connecté aux dynamiques régionales

Il ne sera pas non plus déconnecté du reste du territoire et des dynamiques régionales. Ce Campus Cyber parisien, et aura d’ailleurs à terme vocation à devenir le nœud central d’un futur réseau d’antennes régionales qui s’appuiera sur les expertises spécifiques de chaque territoire, comme en Bretagne. La réussite de la région rennaise dans le domaine de la Défense montre que les expertises verticales peuvent susciter des regroupements très profitables. Des satellites du Campus dans d’autres régions, où se développent également de véritables ruptures technologiques, par exemple les Pays de la Loire, les Hauts-de-France ou en Auvergne-Rhône-Alpes ont aussi à terme toute leur légitimité pour accueillir leurs propres Campus Cyber autour de spécialités de pointe, comme la e-santé, la sécurité industrielle ou les villes intelligentes.

De plus, le Campus Cyber parisien n’aura pas la capacité d’accueillir tout le monde. Cette dynamique régionale représente donc une alternative idéale pour pouvoir coopérer avec l’ensemble des acteurs sur le territoire, d’autant que bon nombre de talents ne souhaitent absolument pas travailler sur Paris.

Un financement en partie via les acteurs privés

La structure juridique choisie pour piloter le Campus est celle d’une société par actions simplifiée (SAS), dans laquelle l’État n’a pas vocation à devenir l’actionnaire majoritaire.
Le financement du campus sera assuré au moins pour moitié par des acteurs privés. La région Ile-de-France soutient également ce projet et participera au financement dans le cadre de son dispositif « Grands lieux d’innovation ». Le budget de lancement est estimé à 11 000 euros d’investissement par poste. Puis, le projet s’autofinancera entre autres via les loyers payés par les membres et les prestations du Campus.

S’inspirer des autres, mais ne pas reproduire les mêmes erreurs

Certains pays ont d’ores et déjà initié ce type d’initiatives dans le domaine de la cybersécurité ou plus largement du numérique, comme par exemple le CyberSpark de Beer Sheva en Israël, le parc technologique Skolkovo près de Moscou en Russie, le Cyber NYC à Manhattan aux États-Unis, les parcs dédiées à la cybersécurité de Pékin et Wuhan en Chine… L’objectif est donc, à travers cette réalisation, de s’inspirer à la fois de ce qui existe déjà, mais aussi de trouver les chaînons manquants et de ne pas reproduire les mêmes erreurs. Selon l’étude de terrain réalisée ces derniers mois, la proximité de capitales apparaît comme un facteur essentiel pour garantir la réussite du projet. L’emplacement géographique et l’attractivité du lieu font partie des critères prépondérants pour attirer les talents, notamment les plus jeunes. C’est d’ailleurs le point faible identifié sur le site de Beer Sheva, qui est relativement enclavé. Parmi les autres facteurs clés identifiés, on retrouve entre autres la présence de l’ensemble des acteurs de l’écosystème, le soutien des pouvoirs publics, les facilités fiscales, la présence du capital-risque et d’infrastructures communes…

Certaines initiatives émergent également en Europe, comme en Allemagne, mais aucun campus dédié à la cybersécurité. Ce projet représente donc une opportunité pour la France, et l’Union européenne, de mettre sur pied une vitrine internationale de son savoir-faire en ce domaine.

L’inauguration est prévue pour le 1er semestre 2021

Après cette première étape consacrée à l’étude de terrain et à la définition des besoins de chacun, le projet rentre aujourd’hui en phase d’opérationnalisation. L’objectif est que ce Campus prenne vie le plus tôt possible, et soit opérationnel dès son ouverture, prévue au premier semestre 2021. Près de 700 spécialistes sont attendus a minima dès le lancement du projet.

Cédric O, secrétaire d’État chargé du Numérique

« Le Campus Cyber est un projet structurant pour la filière de la cybersécurité, qui vient incarner l’ambition du Président de la République et du Premier ministre de faire de la cyber un enjeu politique et économique », explique Cédric O, secrétaire d’État chargé du Numérique. « Le Campus Cyber permettra de rassembler physiquement tous les acteurs du secteur et l’État pour répondre aux enjeux de souveraineté, avec comme ambition de faire de la France le cœur de l’innovation européenne en matière de cybersécurité. »

« Ce projet de Campus Cyber est tout à la fois technique, économique, humain et stratégique. Il porte en lui les outils de notre souveraineté future, en investissant sur le cadre propre à stimuler les talents qui bâtiront les technologies de demain. C’est la combinaison des investissements et du savoir-faire du monde économique, des capacités de la communauté scientifique et de l’expertise des instances étatiques qui dotera la France et l’Europe des moyens nécessaires à la durabilité de son organisation numérique », souligne Michel Van Den Berghe.


Le rapport « Campus Cyber : fédérer et faire rayonner l’écosystème de la cybersécurité » est téléchargeable sur le site de l’ANSSI : https://www.ssi.gouv.fr/agence/cybersecurite/un-campus-dedie-a-la-cybersecurite/


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