Rechercher
Contactez-nous Suivez-nous sur Twitter En francais English Language
 











Abonnez-vous gratuitement à notre NEWSLETTER

Newsletter FR

Newsletter EN

Vulnérabilités

Se désabonner

Data centers et filière du numérique : quelles tendances en 2023 ?

février 2023 par Fabrice Coquio, Président de Digital Realty France

Bien qu’il s’agisse d’une année de reprise suite à la pandémie mondiale, l’année 2022 a été marquée par une série d’innovations technologiques : meilleure compréhension de l’IA, NFT, métavers, systèmes autonomes... Véritable système nerveux central de l’économie numérique, les data centers sont au cœur de la plupart de ces innovations. C’est en leur sein que sont stockées les données et que les intelligences artificielles prennent vie.

Alors que les crises - climatique, énergétique ou encore géopolitique - se sont multipliées en 2022, à quoi faut-il s’attendre en 2023 ? Quelles seront les avancées technologiques ? Que réserveront les réglementations aux data centers ? Quelles incidences les conflits, l’approvisionnement énergétique et le changement climatique auront-ils sur son activité ? Fabrice Coquio, Président de Digital Realty France, décrypte les 5 tendances qui marqueront la filière numérique.

1. Des réglementations plus lisibles pour favoriser la réduction de l’impact environnemental des acteurs du numérique

2023 promet d’être l’année des tentatives de régulation des grandes plateformes numériques ainsi que d’un web plus responsable. La pression s’accélère et l’impact carbone des acteurs du numérique est scruté de près par les régulateurs tout comme par le grand public. Toutefois, entre les recommandations de l’Ademe et de l’ARCEP, le décret tertiaire et la Loi Pacte, le mille-feuille administratif et réglementaire est parfois si complexe que les acteurs du numérique ne savent plus sur quel pied danser. Cette particularité française devra être résolue grâce à une feuille de route claire, unique et cohérente, grâce également à une coordination efficace de la part des pouvoirs publics, avec les acteurs impliqués du Numérique.

Parallèlement, encourager l’installation des équipements dans les data centers les plus efficaces d’un point de vue énergétique permettra aux pouvoirs publics et aux entreprises d’être plus résilients dans un contexte de pénurie énergétique. Ce faisant, les entreprises pourront compenser plus facilement leurs émissions carbones dont le prix augmente lui aussi, et absorber les hausses des coûts liées à l’énergie.

Si l’électricité est plus abordable et décarbonée en France que dans la plupart des autres pays européens (58 grammes de carbone par kilowattheure contre 390 grammes en Allemagne par exemple ou 750 grammes en Pologne, d’après Electricity Map), la facture pour les utilisateurs de data centers pèse pour près de 40 % des dépenses. La pression sur l’impact carbone du numérique va favoriser la France face aux autres pays européens mais surtout, pour la première fois, les considérations environnementales tendent à rejoindre les considérations financières. De quoi inciter les organisations à se tourner vers davantage de responsabilité ?

2. Vers un impact sociétal de plus en plus fort pour les data centers sur leurs territoires d’implantation

Depuis 2015, le volume de données échangées dans le monde a dépassé celui des biens et des marchandises. D’ici à 2030, une métropole telle que Paris aura besoin de 1400 hectares (soit 1/1000 de la surface de l’Ile-de-France) pour créer de nouveaux data centers et permettre aux données de cheminer sans encombre (source Ville Hybride).

Avec cette croissance, les data centers n’arriveront plus à se disperser sur les métropoles, une programmation territoriale est donc nécessaire. Ils devront contribuer à un impact sociétal positif pour compenser leur empreinte foncière. Les nouveaux agréments pour les construire dépendront de leurs interactions et de leurs interconnexions avec les communautés locales.

3. L’émergence des clouds souverains en France

Alors que les premiers services vont être testés fin 2023, le sujet des clouds souverains n’a pas la même résonance dans tous les pays européens. La France sera concernée par cette tendance en 2023 et en 2024 puisque ses infrastructures et services de cloud souverain se matérialiseront au cours de ces deux années avec les lancements de Bleu (l’alliance entre Microsoft, Orange et Capgemini), de S3NS (la co-entreprise lancée par Thalès et Google) et de Numspot (cofondé par Decaposte, Dassault Systèmes, Bouygues Telecom et la Banque des Territoires). Le grand test sera l’appel d’offres pour l’hébergement des données de santé du Health Data Hub.

En parallèle, le gouvernement promet la mise en place d’un "dispositif d’accompagnement à la qualification" SecNumCloud grâce à un budget de 2,5 millions d’euros. Celui-ci s’adressera aux start-ups et aux petites et moyennes entreprises (PME) qui proposent des services PaaS/SaaS pouvant contribuer à la modernisation et à la résilience des entreprises et des administrations. Une question subsiste pourtant : la demande du marché public sera-t-elle au rendez-vous ?

4. Marseille en passe d’atteindre le Top 5 des hubs Internet mondiaux

Avec 16 câbles sous-marins télécoms déjà présents à Marseille - et accessibles depuis le campus de Digital Realty, la ville est passée du 44e au 7e rang mondial des Hubs Internet en l’espace de sept ans. Un record. Et la cité phocéenne ne s’arrête pas là, puisque la cinquième place mondiale des hubs de données se profile et que les nouveaux projets de câbles sous-marins télécoms se multiplient.

Début novembre 2022, Marseille accueillait 2Africa, le câble sous-marin le plus long du monde (45 000 km, soit plus que la surface de la Terre), avec pour objectif de connecter plus de trois milliards de personnes à travers l’Afrique, l’Europe et l’Asie.

Avec six futurs projets de câbles, Marseille continue de renforcer son rôle central sur la carte mondiale des échanges de données. Au cœur de la Méditerranée, elle constitue une passerelle naturelle entre Europe et Afrique et dispose d’un atout dont aucun autre hub européen ne peut se targuer : malgré le peu de mégawatts ou de mètres carrés déployés, le hub est l’un des tous premiers centres d’échanges de données de la planète avec un nombre d’interconnexions parmi les plus importants d’Europe.

5. 2023 sera l’année de l’accélération forte de la Gravité des Données

Théorisée en 2010 par l’ingénieur logiciel Dave McCrory, le principe de Gravité des données1 (Data Gravity) démontre que les données et les applications sont attirées les unes vers les autres, de la même façon que le sont les objets entre eux. Les entreprises cherchent elles aussi à intégrer les grands hubs où la donnée est échangée et où les data centers se regroupent. Pour ces hubs, une course à la taille critique est lancée dans le but d’intégrer une liste très fermée des grands hubs d’échange et d’interconnexion mondiaux, tels que Londres, Singapour, New York, etc.

Avec l’explosion de l’interconnectivité en Méditerranée, la Mare Nostrum sera bientôt à nouveau le principal lieu d’échanges du monde, comme il y a 2000 ans. Avec entre autres le projet Medusa et l’interconnexion entre l’Afrique du Nord, Marseille, l’Italie, la Grèce, l’Espagne et Israël, la zone sera bientôt la plus fibrée et la plus interconnectée du monde, et donc la plus recherchée par les entreprises pour y échanger leurs données. C’est une grande chance pour la France.


Voir les articles précédents

    

Voir les articles suivants