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Batteries, cybersécurité, incendies : la croissance de la voiture électrique s’accompagne de nouveaux risques et scénarios de sinistres pour les constructeurs, les sous-traitants et les assureurs

juin 2020 par Allianz Global Corporate & Specialty (AGCS)

L’adoption de la voiture électrique devrait s’accélérer rapidement dans le monde entier, grâce à la hausse de la demande et aux politiques gouvernementales pour lutter contre le changement climatique. L’avenir de la mobilité est clairement électrique, mais la transition changera radicalement le panorama des risques pour les constructeurs, les sous-traitants et les assureurs, et elle aura un impact significatif sur la responsabilité du fait des produits auto, selon un nouveau rapport de l’assureur Allianz Global Corporate & Specialty (AGCS).

« Des réseaux d’approvisionnement aux produits eux-mêmes, en passant par les processus de production, tout le secteur automobile devra faire face à de multiples risques émergents afin de mener à bien la transition vers les véhicules électriques, indique Daphne Ricken, souscriptrice senior Responsabilité civile chez AGCS. Les prévisions de croissance de la voiture électrique soulèvent des questions liées aux défauts et à la performance des produits, à la hausse des coûts de réparation, aux nouveaux risques d’incendie et cyber, voire aux difficultés d’approvisionnement et de retraitement des composants et des matières premières essentiels pour les batteries. »

Intitulée The Electric Vehicles R-ev-olution : Future Risk And Insurance Implications, la nouvelle publication d’AGCS souligne que l’utilisation des voitures électriques devrait augmenter en flèche grâce à la baisse progressive des coûts, au doublement ou presque de l’offre de modèles, à l’amélioration de l’autonomie, mais aussi à la demande de véhicules plus propres de la part des consommateurs et des gouvernements. L’Agence internationale de l’énergie prévoit plus de 100 millions de véhicules électriques sur les routes en 2030, contre quelque 7 millions aujourd’hui, avec des ventes annuelles de 20 millions, sous l’effet notamment de la croissance en Chine (déjà premier marché du monde), en Union européenne (deuxième marché), au Japon, au Canada, aux États-Unis et en Inde.

Nouveaux risques

La crise du coronavirus pourrait assombrir les perspectives de ventes mondiales de voitures électriques pour 2020 et au-delà, mais les prévisions de croissance à long terme soulèvent plusieurs questions liées aux risques techniques et opérationnels en responsabilité du fait des produits, et dans d’autres domaines :
Sécurité et fiabilité : les essais menés par l’Allianz Center for Technology (AZT) ont montré que les composants à haute tension des véhicules électriques étaient bien protégés et ne seraient pas touchés dans la plupart des accidents. L’évaluation statistique des demandes d’indemnisations, réalisée par Allianz, a aussi révélé que les véhicules électriques étaient actuellement moins exposés aux accidents. De manière générale, ils effectuent des trajets courts et ont de faibles kilométrages, mais les réparations sont plus coûteuses que sur les voitures conventionnelles.

« Dans de nombreux cas, si la batterie doit être remplacée, la voiture sera déclarée en sinistre total, remarque Carsten Reinkemeyer, directeur de la recherche en technologie et en sécurité des véhicules chez AZT Automotive. Par ailleurs, le fait que ces véhicules doivent être confiés à des ateliers de réparation spécialisés peut augmenter les coûts. »

L’autonomie et les performances de la batterie sont des questions essentielles pour les voitures électriques. Si les garanties de performance n’étaient pas respectées, on pourrait s’interroger sur la responsabilité des constructeurs et des sous-traitants, ainsi que sur le coût de réparation ou de remplacement des batteries.

Risque d’incendie : comme sur les véhicules classiques, les défauts dans les composants électriques et les courts-circuits peuvent provoquer un incendie. En outre, les batteries au lithium-ion peuvent prendre feu lorsqu’elles sont endommagées, surchargées ou soumises à des températures élevées. Les incendies de batteries à haute tension peuvent être très intenses, difficiles à éteindre et émettre de grandes quantités de gaz toxiques : il faut parfois plus de 24 heures pour les maîtriser. Ces incendies étant relativement rares pour le moment, les services de secours et d’intervention ont une expérience limitée dans ce type d’incidents.

Questions environnementales : malgré leurs atouts écologiques, les véhicules électriques posent des questions environnementales sources de risques potentiels pour la responsabilité et la réputation des constructeurs et les sous-traitants automobiles. L’adoption rapide de la voiture électrique obligera les constructeurs à rechercher un approvisionnement durable en composants et en matières premières essentiels pour augmenter leur production. Ainsi, la technologie des batteries augmentera considérablement la demande de cobalt et de lithium ; la fourniture de ce dernier devrait tripler d’ici 2025. Le recyclage et la réutilisation des matériaux seront donc déterminants. Les questions environnementales et sociales porteront également sur l’approvisionnement durable en minerais, ainsi que la traçabilité et la transparence des chaînes d’approvisionnement. Les batteries à haute tension peuvent aussi présenter un risque de pollution, si elles ne sont pas correctement traitées après usage.
Commercialisation accélérée et défauts potentiels : les constructeurs sont contraints d’accélérer la transition vers la mobilité électrique. Selon l’analyse d’AGCS, les nouvelles technologies, associées à des cycles de développement court et à l’impression 3D/4D dans les processus de production, pourraient accroître le nombre de défauts et de problèmes de qualité. Cela aurait pour conséquence des rappels de produits dans le secteur automobile, qui font déjà partie des plus importants et des plus complexes.

Risques cyber : les véhicules électriques devraient être plus connectés et plus dépendants des données, des capteurs et des applications, y compris de l’intelligence artificielle, pour la gestion de leurs systèmes et l’aide à la conduite. Comme sur les voitures classiques, l’augmentation de la connectivité devrait accroître les vulnérabilités informatiques, telles que l’exposition aux cyberattaques, pannes, bugs et autres défauts. Dans le secteur automobile, les problèmes de cybersécurité ont déjà provoqué des rappels de produits.

Répercussions dans l’assurance et complexité des sinistres

La mobilité électrique aura de nombreuses répercussions dans l’assurance, notamment sur les sinistres, puisque la technologie créera de nouveaux risques et de nouvelles expositions, et que la responsabilité sera transférée au sein de la chaîne d’approvisionnement. La croissance du marché électrique aura, en particulier, un impact significatif sur l’assurance de responsabilité civile du fait des produits.

« Les pièces et composants automobiles seront plus intégrés, souligne Daphne Ricken. Un assemblage de trois pièces dans une voiture classique pourrait devenir une seule pièce dans une voiture électrique. Cette intégration soulève des questions sur l’interaction entre ces pièces et sur la responsabilité du constructeur ou du sous-traitant en cas de défaut. En outre, les pièces automobiles contiennent de plus en plus de logiciels intégrés. La complexité croissante de la chaîne d’approvisionnement automobile et la dépendance aux fabricants de logiciels et de technologies engendreront de nouvelles expositions et diviseront les responsabilités au sein de la chaîne de valeur. »
Les risques d’incendie et d’explosion liés aux batteries à haute tension, en particulier lorsque de nombreux véhicules sont rechargés dans des parcs de stationnement souterrains, pourraient donner lieu à des demandes d’indemnisation en assurance dommages aux biens. Les scénarios de sinistres d’incendie sont multiples : câbles de batteries surchauffés causant des dommages, défaillance électronique du système de gestion des batteries provoquant une panne…

Les assureurs peuvent aussi s’attendre à une augmentation des sinistres en rappels de produits et en responsabilité civile, liés aux nouvelles technologies et aux composants, ainsi qu’à la réduction des délais de développement et des périodes de test. Enfin et surtout, n’oublions pas les risques de responsabilité civile de l’employeur, du fait, par exemple, de l’émission de fumées toxiques et de l’incendie pendant une impression 3D, ou de la manipulation de batteries au lithium exposant à une contamination.


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