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Allianz : les sinistres maritimes restent en baisse, mais les nouveaux risques numériques et climatiques, associés à l’éternel problème de l’erreur humaine, compromettent les progrès en matière de sécurité

juillet 2018 par Allianz

Selon le rapport annuel sur la sécurité maritime 2018 d’Allianz Global Corporate & Specialty SE (AGCS), le nombre de sinistres de grands navires a baissé de plus d’un tiers (38 %) dans la dernière décennie, poursuivant sa tendance à la baisse en 2017. Toutefois, de récents événements, comme la collision du pétrolier Sanchi et l’impact du logiciel malveillant NotPetya sur la logistique portuaire, montrent que le transport maritime est exposé à plusieurs risques, à la fois traditionnels et émergents.

En 2017, 94 sinistres totaux ont été déclarés dans le secteur maritime, soit une baisse annuelle de 4 % (98), le deuxième chiffre le plus bas en dix ans. Les conditions météorologiques défavorables, comme les typhons en Asie et les ouragans aux États-Unis, ont contribué à plus de vingt sinistres, selon le rapport annuel d’AGCS, qui analyse les déclarations de sinistres de navires de plus de 100 tonnes brutes.

« La réduction de la fréquence et de la gravité des sinistres totaux sur l’année écoulée poursuit la tendance favorable constatée sur la décennie, explique Baptiste Ossena, responsable mondial des produits d’assurance maritime chez AGCS. Les demandes d’indemnisation ont été relativement modérées, grâce à une amélioration dans la conception des navires, et aux effets positifs de la politique de gestion des risques et de la réglementation sur la sécurité. Cependant, avec l’utilisation croissante des nouvelles technologies à bord des navires, nous prévoyons une évolution des sinistres maritimes. Les sinistres plus techniques, tels que les cyber-incidents et les défaillances technologiques, iront croissant et s’ajouteront aux sinistres traditionnels, comme les collisions et les échouements. »

Les nouvelles expositions se multiplient dans le secteur maritime. Ainsi, les porte-conteneurs de plus en plus grands (d’une longueur supérieure à la hauteur de l’Empire State Building) créent des difficultés de confinement des incendies et de sauvetage. Le changement climatique engendre de nouveaux risques sur les routes maritimes, liés à l’évolution rapide des conditions de navigation dans les eaux du cercle arctique et de l’Atlantique nord. Avec l’accentuation des préoccupations environnementales, le secteur tente de réduire les émissions, ce qui entraîne de nouveaux risques techniques et des menaces de dommages aux machines. Par ailleurs, les chargeurs cherchent toujours un équilibre entre les bénéfices et les risques d’une plus grande automatisation à bord. La cyber-attaque NotPetya a provoqué des retards de cargos et des congestions dans près de 80 ports, mettant en évidence l’existence de risques cyber dans le secteur.

Mers dangereuses, vendredi 13 et navire le plus malchanceux

Près d’un tiers des sinistres maritimes de 2017 (30) sont survenus dans la région maritime de la Chine méridionale, de l’Asie du Sud-Est, de l’Indonésie et des Philippines, soit une hausse annuelle de 25 %, liée à l’activité dans les eaux vietnamiennes. Cette région a enregistré le plus grand nombre de sinistres au monde dans la dernière décennie, ce qui lui a valu le surnom de « nouveau triangle des Bermudes » par les médias. Les principaux facteurs de sinistres sont les conditions météorologiques (six sinistres causés par le typhon Damrey en novembre 2017), le trafic intense et les normes de sécurité plus faibles sur certaines liaisons intérieures. La région de l’Est de la Méditerranée et de la mer Noire est à la deuxième place en nombre de sinistres (17), suivie des îles Britanniques (8). Par ailleurs, le nombre d’accidents de navigation déclarés a augmenté de 29 % sur un an dans les eaux de l’Arctique (71), selon l’analyse d’AGCS.

Les cargos (53) représentent plus de la moitié des navires perdus dans le monde en 2017. Les sinistres de bateaux de pêche et de navires de passagers sont en baisse par rapport à 2016, tandis que les vraquiers enregistrent cinq des dix sinistres totaux déclarés les plus importants par tonnage brut. La perte par le fond (61) reste la cause la plus fréquente de sinistres dans le monde en 2017. Les naufrages et échouements arrivent en deuxième place (13), suivis des bris et pannes de machines (8).

Selon l’analyse d’AGCS, le vendredi est le jour le plus dangereux en mer, avec 175 sinistres sur les 1 129 sinistres totaux déclarés dans la dernière décennie. Le vendredi 13 serait bien un jour de malchance, avec la perte de trois navires en 2012 dont celle du Costa Concordia, le plus grand sinistre maritime assuré. Le navire le plus malchanceux de l’année dernière est un ferry opérant dans la région de l’Est de la Méditerranée et de la mer Noire, qui a connu sept accidents en douze mois.

L’erreur humaine reste un problème majeur que l’analyse de données peut aider à résoudre

Malgré des décennies d’amélioration de la sécurité, le secteur maritime ne doit pas relâcher ses efforts. Des accidents mortels dans lesquels l’erreur humaine est souvent en cause surviennent encore, comme la collision du pétrolier Sanchi en janvier 2018 ou la disparition du cargo El Faro dans l’ouragan Joaquin à la fin 2015. On estime que l’erreur humaine est impliquée dans 75 % à 96 % des accidents de navigation[1]. Elle est également responsable dans 75 % des 15 000 demandes d’indemnisation du secteur maritime analysées par AGCS, dont le montant s’élève à 1,6 milliard de dollars[2].

« L’erreur humaine continue d’être un facteur majeur d’incidents, indique le capitaine Rahul Khanna, directeur mondial du conseil en risques maritimes chez AGCS. L’assistance portuaire inadéquate et les pressions commerciales influent considérablement sur la sécurité maritime et l’exposition aux risques. Le resserrement des délais peut avoir un effet néfaste sur la culture de la sécurité et la prise de décisions. »

Une meilleure utilisation des données et de l’analyse pourrait contribuer à résoudre ces difficultés. Selon Rahul Khanna, le secteur maritime produit un grand nombre de données qui pourraient être mieux utilisées pour informer et alerter en temps réel : « L’analyse des données 24 heures sur 24 apporterait de nouveaux éclairages sur les comportements des équipages et les quasi-accidents permettant d’identifier des tendances. Le secteur maritime a appris des sinistres du passé, mais l’analyse prédictive pourrait faire la différence entre une traversée en toute sécurité et une catastrophe ».

Avec l’augmentation des sanctions financières, les chargeurs prennent les cyber-risques plus au sérieux

Dans le secteur maritime, les cyber-incidents tels que l’attaque mondiale NotPetya ont constitué un véritable signal d’alarme, car de nombreux opérateurs se croyaient jusque-là à l’abri de ces risques. « La montée en puissance de la technologie à bord des navires s’accompagne d’une augmentation des risques », observe Rahul Khanna. Parallèlement, les nouvelles dispositions européennes - comme la directive sur la sécurité des réseaux et des systèmes d’information (SRI) exigeant des grands ports et services de gestion du trafic maritime qu’ils signalent tous les cyber-incidents et imposent des sanctions financières - va accentuer les conséquences de toute défaillance, intentionnelle ou accidentelle. Selon Rahul Khanna, « l’absence actuelle d’incidents déclarés masque la réalité des cyber-risques dans le secteur maritime. La directive SRI donnera plus de visibilité sur l’ampleur du problème. »

Les autres aspects des risques abordés dans le rapport d’AGCS :

La lutte contre les incendies de porte-conteneurs se poursuit : la capacité des porte-conteneurs a augmenté de près de 1 500 % en 50 ans. Aujourd’hui, les méga-navires engendrent de nouveaux risques et plusieurs incendies en mer sont survenus ces dernières années. Les moyens de lutte contre le feu n’ont pas toujours évolué aussi rapidement que la taille des navires.

Le changement climatique crée de nouveaux risques sur les routes maritimes : le changement climatique modifie les risques liés à la glace et ouvre de nouvelles routes maritimes dans certaines zones, tout en augmentant les risques dans d’autres. Plus de mille icebergs ont ainsi dérivé sur les routes maritimes de l’Atlantique nord l’année dernière, entraînant des risques de collision. Le volume de marchandises sur la route de la mer du Nord a également atteint des chiffres inégalés en 2017.

Les réglementations sur les émissions soulèvent des difficultés : les estimations indiquent que les niveaux d’émission du secteur maritime seraient aussi élevés que ceux de toute l’Allemagne. Elles expliquent le récent accord de réduction des émissions de 50 % à long terme, en plus des engagements de réduction des émissions de dioxyde de soufre d’ici 2020. Le secteur recherche des solutions techniques pour atteindre ces objectifs, et les risques pour les moteurs et l’approvisionnement en biocarburants, ainsi que les difficultés de formation des marins, pourraient s’intensifier.

Navires autonomes et drones : les questions de droit, de sécurité et de sûreté informatique pourraient limiter pour l’heure le développement des navires sans équipage. Le risque lié à l’erreur humaine restera présent dans les algorithmes de prise de décisions et les installations de surveillance terrestres. Les drones et les submersibles pourraient apporter une aide précieuse à la sécurité maritime et à la gestion du risque. A l’avenir, ils pourraient servir à l’évaluation de la pollution, à l’inspection des citernes, à la surveillance de la piraterie et à l’examen de la coque des navires en cas d’échouement.


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