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Vers une politique industrielle de sécurité européenne ?

décembre 2013 par Emmanuelle Lamandé

Le développement d’une politique industrielle de sécurité se dessine actuellement au niveau européen. Celle-ci nécessitera toutefois, pour être substantielle, une coopération et une unicité renforcées au sein de l’Union européenne, et sera la résultante d’une mutualisation des efforts, des compétences et des ressources… Sans oublier, bien sûr, la nécessaire harmonisation des programmes de Recherche & Développement et des standards au niveau européen. La Commission européenne ouvre le débat à l’occasion de Milipol Paris.

La politique de sécurité française est directement pilotée par le Premier Ministre, en raison de son caractère transverse, explique Georges-Henri Mouton, Secrétaire Général Adjoint, Secrétariat Général de la Défense et de la Sécurité Nationale. Le Premier Ministre a annoncé le 23 octobre dernier la création du Comité de la filière industrielle de sécurité (CoFIS). Ce Comité a en charge la mise en œuvre de la feuille de route de cette politique, qui couvre des domaines aussi divers que la protection des grandes infrastructures publiques ou privées, le secours aux personnes, la sécurité des frontières, la lutte contre le terrorisme et la grande criminalité, la gestion de crise, la cybersécurité... L’objectif est également de mettre en réseau les acteurs, afin de resserrer les liens et le dialogue entre les différents ministères en charge des problématiques de sécurité, les différents acteurs publics et privés qui mettent en œuvre au quotidien les politiques de sécurité, les représentants du monde de la recherche, la société civile…

« La démarche française s’articule aujourd’hui autour de trois enjeux : mieux protéger, mieux réguler et mieux dépenser. Elle s’inscrit dans la volonté d’établir un équilibre entre les enjeux de sécurité et de compétitivité, et un accès à un coût raisonnable à des solutions fiables. La structuration de la filière nationale ne signifie pas, cependant, un repli national. La France soutient une politique industrielle européenne de sécurité. C’est pourquoi nous pensons aussi notre démarche au niveau européen. C’est d’ailleurs en mutualisant nos efforts que nous pourrons gagner. Nous devons protéger ensemble nos pépites industrielles européennes pour rester dans la course internationale. L’objectif de cette politique est, et sera, de répondre aux exigences de sécurité tout en assurant le respect des fondamentaux éthiques de la vie privée. Pour cela, il est indispensable d’intégrer les utilisateurs finaux dans le développement des technologies ».

Le marché de la sécurité est extrêmement particulier, constate Lars Jernbäcker, Vice-Chairman of the Board of Directors, European Organisation for Security (EOS), et doit donc disposer d’un modèle spécifique. « Il nous faut, de plus, trouver les moyens de développer un marché plus cohérent en Europe. Nous attendons plus de résultats concrets. Par exemple, dans le domaine de la normalisation, la définition des processus est aujourd’hui beaucoup trop lente, car les normes s’avèrent déjà archaïques quand elles sortent ». Pour lui, les Etats Membres sont la clé de voûte et doivent, en conséquent, être plus actifs et s’investir davantage pour que cette politique de sécurité européenne fonctionne.

La question de la souveraineté doit aussi se poser au niveau européen…

Hervé Guillou, Président du Conseil des Industries de Confiance et de Sécurité (CICS), souligne, pour sa part, trois attentes quant à la politique de sécurité européenne :

 Avoir une approche plus coordonnée des besoins du marché européen. Il faut, pour cela, tout d’abord les définir. Un besoin de clarification entre les notions de sécurité et de sûreté est également nécessaire, les gens faisant souvent l’amalgame entre les deux. Il met également en exergue une ligne de fracture à l’intérieur même de l’organisation européenne. « Il n’existe pas, à l’heure actuelle, d’autorité unique, pouvant gérer les besoins en matière de sécurité et ayant une vision sur le long terme. Nous souhaitons avoir un guichet unique à Bruxelles pour aborder les problématiques de sécurité. Cela permettra d’atteindre une certaine consolidation de la demande ».

 Disposer d’une véritable politique industrielle de sécurité. Le marché de la sécurité est spécifique, la notion de politique industrielle qui y est associée doit donc prendre un sens différent. Pour ce faire, il convient, entre autres, de changer le rythme des normes et des standards, mais aussi de traiter différemment les questions de financement ou encore de propriété intellectuelle…

 Enfin, avoir une souveraineté européenne : « il faut que nous arrivions à travailler de concert et à nous organiser au niveau européen. L’industrie européenne doit se consolider et atteindre une taille critique, lui permettant de rester dans la course internationale. La question de la souveraineté est aujourd’hui traitée au niveau national. Même s’il est évident que nous ne pouvons pas « ouvrir tous nos livres », il faut tout de même accroître la coopération et l’unicité au sein de l’Union européenne ».

La coopération européenne doit, en outre, être encore plus étroite dans certains domaines, comme pour les grands programmes de Schengen par exemple… Des efforts restent également à faire afin d’aligner les programmes de Recherche & Développement, notamment au niveau des démonstrateurs, qui sont relativement coûteux. Regrouper les efforts et le financement au niveau européen permettrait de réduire les coûts au niveau national. Enfin, il serait nécessaire d’accélérer la reconnaissance mutuelle des standards des différents pays, souligne-t-il.

Outre un renforcement de la coopération européenne, Dirk Grabowski, Head of Division, German Federal Ministry of Economics and Technology, estime, quant à lui, qu’il est essentiel de réduire le fossé entre la recherche et l’industrie. Il insiste, de plus, sur le rôle important des PME, ainsi que des intégrateurs durables. Il convient, en effet, de mieux définir le rôle de ces intégrateurs, notamment dans leur rapport avec les PME, dans le but de s’inscrire autant que faire se peut dans la durabilité. « Sans compter que si les citoyens n’acceptent pas les technologies que nous sommes en train de développer, nous perdons notre temps », complète Graham Willmott, Head, Policy and Research in Security Unit, DG Enterprise and Industry, European Commission. Il convient donc de les intégrer en amont de tout cycle de développement.

Le marché de la sécurité est aujourd’hui important, compétitif, générateur et porteur d’emplois, conclut Georges-Henri Mouton. On observe, de plus, une très forte attente d’un juste équilibre entre sécurité et respect de la vie privée. C’est ce à quoi s’évertuera la politique industrielle de sécurité, que ce soit au niveau national ou européen. Le développement de l’industrie en Europe ne pourra être que le résultat d’un dialogue riche et concret entre les Etats Membres et la Commission européenne. Le nouveau Programme-cadre pour la recherche Horizon 2020 permettra, en ce sens, d’élargir les différentes manières de collaborer au sein de l’Union européenne.


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