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Smart City : le citoyen est devenu un acteur 2.0 de sa ville

avril 2015 par Emmanuelle Lamandé

La Smart City ou ville intelligente nous promet l’illusion d’une vie meilleure. Si ce concept remporte aujourd’hui une forte adhésion auprès des individus, politiques et sociétés, cette ambition collective ne pourra se réaliser que si toutes les composantes du territoire deviennent « smart et connectées ». A ceci s’ajoutent les problèmes de sécurité et de respect de la vie privée, un modèle économique non stabilisé et la course au graal de l’interopérabilité… Autant de challenges technologiques, de paris économiques et de nouveaux paradigmes sociétaux à relever. A l’occasion de ROOMn, Cédric Morel Guilloux, Pôle TES, Emmanuel François, SBA, Pierre-André Martin, Agglomération Caen la Mer, et Nicolas Guy, Soyhuce, dressent un état des lieux des avancées en la matière et présentent quelques projets déjà réalisés.

La Smart City ou ville intelligente est une ville qui doit améliorer la qualité de vie pour tous et la productivité, mais aussi favoriser l’économie et l’emploi, souligne Cédric Morel Guilloux, Directeur du Pôle de Compétitivité Transactions Electroniques Sécurisées (TES). Pour les citoyens, une Smart City serait, en premier lieu, une ville dans laquelle il serait facile de se déplacer. Toutefois, on observe encore actuellement une certaine dichotomie entre ce que veulent les citoyens et les investissements réalisés aujourd’hui par les collectivités.

Les individus doivent être intégrés au cœur de la Smart City

La data permet de rendre la ville plus efficace et de modéliser la complexité urbaine. Pour ce faire, elle s’appuie sur différentes techniques, telles que le Big Data, l’Open Data ou la Small Data. Il est également important aujourd’hui d’impliquer la collectivité et le citoyen, aux côtés des entreprises. Les individus doivent, en effet, être intégrés au cœur de la Smart City. D’autant que l’habitant est devenu un acteur 2.0 de sa ville en étant consommateur de l’information mise à sa disposition, mais aussi producteur d’information.

Le territoire doit, de plus, impérativement se dégager de ses logiques de silo. Il souligne, en ce sens, l’importance de la transversalité des projets et des acteurs, au travers par exemple de la mise en œuvre de Living Labs. Un Living Lab regroupe différents types d’acteurs (publics, privés, entreprises, individus, associations…), dans l’objectif de tester « grandeur nature » des services, des outils ou des nouveaux usages.

L’organisation pyramidale laisse place à une organisation en réseau, et la propriété à la mutualisation

L’objectif de la Smart Buildings Alliance est d’accompagner l’industrie du bâtiment sur la route de la Smart City, explique Emmanuel François, Président de la Smart Buildings Alliance (SBA). La Smart City permet de rendre des équipements passifs actifs. C’est une manne pour l’économie si on sait la manager.

La Smart City s’inscrit également au cœur d’enjeux énergétiques, sociétaux et sanitaires. L’énergie a, en effet, toujours été au cœur de l’humanité et de ses enjeux. Si on maîtrise l’énergie, on maîtrise beaucoup de choses. Il faut également repenser la ville pour pouvoir y accueillir une population toujours plus importante.

L’individu devient, de plus, le maître de l’usage. Nous passons effectivement d’une organisation pyramidale à une organisation en réseau, de la propriété à la mutualisation et au partage. L’usager devient acteur et non plus uniquement spectateur.

La SBA répond à ces interrogations, au travers d’une vision globale et transversale, basée sur une collaboration entre tous les acteurs. « On n’arrivera à rien si les acteurs travaillent de leur côté en silo ». Outre cette collaboration, l’objectif est aussi de s’inscrire dans une mutualisation des équipements. En effet, demain il sera possible de faire passer dans un même tuyau de la data et de l’énergie, de la lumière et de la data… Le champ des possibles est immense.

La métropole intelligente est là pour optimiser le métabolisme urbain

Les dispositifs électroniques sont partout et apportent aujourd’hui une réelle valeur ajoutée aux citoyens, explique Pierre-André Martin, Directeur de l’innovation, en charge de Normandy FrenchTech et de la politique SmartCity de Caen, Agglomération Caen la Mer. Nous sommes en pleine révolution numérique et tout a vocation à devenir smart. L’objectif aujourd’hui est de faire toujours moins cher, plus efficace et plus attractif. La ville va devoir essayer de maîtriser l’information et la circulation humaine qui y transite.

Chaque activité humaine est enrichie aujourd’hui d’un tas d’informations. La métropole intelligente est là pour optimiser le métabolisme urbain : construire, aménager, traiter les données, mais aussi exploiter tous les objets et infrastructures que l’on va désormais faire parler.

La ville de Caen est avant-gardiste en matière de Smart City depuis plusieurs années et se veut un territoire « business friendly ». Elle a ainsi développé de multiples projets numériques dans différents secteurs. Pierre-André Martin en dresse un aperçu :
 Dans le domaine des transports, pour répondre à la problématique des horaires, un système de tags NFC a été installé dans chacune des stations de transports en commun de la ville, afin que les usagers puissent connaître facilement les horaires de passage. Issu du partenariat avec la Compagnie des Mobilités, Caen la mer met également à disposition du grand public Géovélo, un calculateur d’itinéraire dédié aux vélos qui aide les cyclistes à trouver rapidement et optimiser leur chemin. Géovélo calcule leur trajet et leur propose un itinéraire adapté à leur pratique du vélo et à leurs souhaits : du parcours le plus sécurisé au parcours le plus rapide.
 Du côté de l’éducation, la ville organise désormais des « coding » goûters, permettant d’apprendre aux enfants à programmer. Effectivement, le numérique fait dorénavant part intégrante de notre société et le sera encore plus demain, le « coding » fera donc à terme partie des disciplines indispensables à l’éducation de nos enfants.
 Au niveau énergétique, la ville expérimente les réseaux de réverbères intelligents. En effet, en plus de l’éclairage, ceux-ci pourront à terme contenir des bornes Wi-Fi, des détecteurs de pollen…
 La ville de Caen a, en outre, développé le Pass Incity. Cette application mobile a pour but de dynamiser le commerce du centre-ville, avec d’un côté la mise en avant de promotions, de bons plans, et de l’autre la gestion de la fidélité, surtout pour les petits magasins ne disposant pas de systèmes de cartes de fidélité. Cet outil amène peu à peu les petits commerçants sur le chemin du e-commerce et du m-commerce. Le Pass Incity assure aussi la promotion du territoire avec la présentation des principaux lieux touristiques. Il dispose également d’un agenda local regroupant les évènements majeurs, tels que les concerts, expositions ou encore manifestations sportives… La dimension culturelle a, en effet, aussi une part importante dans la Smart City.
 Enfin, la ville de Caen comme celle de Strasbourg testent actuellement le système de paiement Orange Cash, une application « porte-monnaie » qui permet à l’utilisateur de payer directement avec son mobile.

L’implication des citoyens est l’une des clés de l’amélioration de la vie urbaine

Pour fonctionner, la Smart City nécessite l’implication des citoyens et c’est d’ailleurs l’une des clés de l’amélioration de la vie urbaine, estime Nicolas Guy, PDG de Soyhuce. Le métier de Soyhuce, explique-t-il, est d’être Data Solver, c’est-à-dire d’interpréter de manière systémique la donnée, puisque la transformation digitale va venir s’opérer par la donnée.

Pour lui, la ville de demain ressemblera à celle d’aujourd’hui. On ne va pas rajouter une couche supplémentaire de complexité, mais au contraire venir simplifier ce qui se passe dans la ville. Il y a déjà suffisamment de capteurs et d’objets connectés pour être en mesure d’exploiter de manière intelligente ces données.

Afin de replacer le citoyen au cœur de la ville de demain, Soyhuce a développé l’application City2Gether. Via cette application, le citoyen va s’abonner de lui-même à différents services (passage du tri sélectif…) qui vont venir l’informer et lui simplifier la vie. Il va pouvoir, s’il le souhaite, faire remonter de l’information à la collectivité, mais aussi être alerté par celle-ci d’éventuels risques ou problèmes environnementaux (pollution, canicule…). L’objectif est véritablement de créer une collaboration entre la collectivité et le citoyen, et c’est d’ailleurs ce qui rendra plus Smart la ville de demain, conclut-il.


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