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Reporters sans frontières : Les blogueurs sont désormais menacés avec la même force que les journalistes des médias traditionnels

octobre 2007 par Reporters sans frontières

Cette année, l’Erythrée remplace la Corée du Nord en dernière position du classement mondial de Reporters sans frontières, publié aujourd’hui pour la sixième reprise, et qui mesure le degré de liberté de la presse dans 169 pays.

"Cela n’a rien de surprenant. Même si toutes les violations de la liberté de la presse ne sont pas connues en Corée du Nord ou au Turkménistan, qui précèdent immédiatement l’Erythrée dans le classement, ce pays mérite sa dernière place. La presse privée a été bannie du pays de l’autoritaire Issaias Afeworki et les rares journalistes qui ont osé critiquer le régime ont été jetés au bagne. Nous savons que quatre d’entre eux sont morts en prison et nous avons toutes les raisons de croire que d’autres vont suivre", a déclaré Reporters sans frontières.

En dehors de l’Europe - d’où sont issus les quatorze premiers pays du classement -, aucune région du monde n’est épargnée par la censure ou la violence à l’égard des professionnels des médias.

Parmi les vingt pays les plus mal classés, on trouve 7 asiatiques (Pakistan, Sri Lanka, Laos, Viêt-nam, Chine, Birmanie, Corée du Nord), 5 africains (Ethiopie, Guinée équatoriale, Libye, Somalie, Erythrée), 4 du Moyen-Orient (Syrie, Irak, Territoires palestiniens, Iran), 3 de l’ancien espace soviétique (Bélarus, Ouzbékistan, Turkménistan) et 1 américain (Cuba).

"Nous sommes particulièrement inquiets pour la situation en Birmanie (164e position). La féroce répression des manifestations par la junte militaire au pouvoir n’augure rien de bon pour l’avenir des libertés fondamentales dans le pays. Les journalistes continuent de travailler sous le joug d’une censure implacable à laquelle rien n’échappe, pas même les petites annonces, a indiqué Reporters sans frontières. Nous regrettons également que la Chine (163e) stagne dans les profondeurs de ce classement. A moins d’un an des JO de Pékin 2008, les réformes et les libérations de journalistes tant de fois promises par les autorités ne semblent plus qu’une vaine illusion."

Les membres du G8 connaissent une légère amélioration, sauf la Russie

Alors qu’ils ne cessaient de dégringoler au classement depuis trois années, les pays membres du G8 ont regagné quelques positions. La France (31e), par exemple, remonte de six places par rapport à l’an dernier. Les journalistes ont été épargnés par les violences qui les avaient touchés fin 2005 lors d’un conflit syndical, en Corse, et pendant les manifestations dans les banlieues. Cependant, de nombreuses inquiétudes demeurent en raison de cas de censure persistants, de perquisitions dans des rédactions et d’un manque de garanties concernant la protection du secret des sources.

Aux Etats-Unis (48e), les violations de la liberté de la presse ont été légèrement moins nombreuses et le blogueur Josh Wolf a été libéré après 224 jours de détention. En revanche, la détention sans charge, depuis le 13 juin 2002, du cameraman soudanais d’Al-Jazira, Sami Al-Haj, sur la base militaire de Guantanamo, et l’assassinat de Chauncey Bailey à Oakland, en août 2007, empêchent toujours le pays d’accéder au peloton de tête.

L’Italie (35e) a également stoppé sa descente, même si les journalistes restent sous la menace de groupes mafieux qui les empêchent de faire leur travail en toute sécurité. Au Japon (37e), un certain répit dans les attaques de militants nationalistes à l’égard de la presse a permis au pays de regagner quatorze places.

"Ces évolutions sont une bonne nouvelle. Peut-être que les appels répétés pour que ces démocraties se comportent de manière exemplaire commencent enfin à porter leurs fruits. Il faut cependant rester prudents et vigilants. Rien n’est jamais acquis et nous espérons que cette tendance va se maintenir et même s’accentuer l’année prochaine. Nous regrettons tout de même que seuls deux pays membres du G8, le Canada (18e) et l’Allemagne (20e), parviennent à se hisser dans les vingt premiers", a indiqué Reporters sans frontières.

La Russie (144e) ne progresse pas. L’assassinat d’Anna Politkovskaïa, en octobre 2006, l’impunité des assassins de journalistes et le manque toujours criant de pluralisme dans les médias, notamment audiovisuels, pèsent lourdement dans le bilan de la situation de la liberté d’expression dans le pays.

La Bulgarie et la Pologne, mauvais élèves de l’Union européenne

Tous les pays membres de l’Union européenne, à l’exception de la Bulgarie (51e) et de la Pologne (56e), figurent dans les cinquante premiers. A Sofia, les journalistes peuvent être pris à partie physiquement pour leur travail. Le climat a été encore assombri après l’abandon de toute poursuite à l’encontre de policiers qui avaient agressé un journaliste, en mai dernier. De leur côté, les autorités polonaises refusent de dépénaliser les délits de presse et la justice condamne régulièrement des journalistes à des peines de prison avec sursis. Depuis l’arrivée au pouvoir de Lech Kaczynski, en octobre 2005, puis de son frère Jaroslaw, quelques mois plus tard, les poursuites contre la presse polonaise se sont multipliées.

Les pays d’Europe du Nord sont toujours ceux qui se comportent le mieux. Un bémol tout de même pour les Pays-Bas (12e) qui ont reculé de douze places à la suite du maintien en garde à vue pendant plus de deux jours de deux journalistes du Telegraaf qui avaient refusé de révéler leurs sources à la justice.

L’inconstance des jeunes démocraties

De nouveaux pays non-européens ont fait leur entrée dans les cinquante premiers. C’est le cas de la Mauritanie (50e) - qui a gagné 88 places depuis 2004 -, de l’Uruguay (37e) et du Nicaragua (47e). "Nous espérons que ces améliorations seront durables. L’an passé, la Bolivie (68e) avait opéré une remontée spectaculaire. Malheureusement, il semble qu’il s’agissait d’un simple répit conjoncturel et, dès cette année, elle a reperdu de nombreuses places en raison de violations sérieuses de la liberté de la presse", a expliqué l’organisation.

De la même manière, des pays qui, traditionnellement, figuraient en bonne position ont sensiblement reculé. C’est le cas du Bénin (53e) et du Mali (52e). Pour la première fois depuis plusieurs années, des journalistes ont été emprisonnés dans ces deux Etats africains après avoir été reconnus coupables de "diffamation" ou "d’offense au chef de l’Etat". Sur le continent américain, El Salvador (64e) a aussi quitté la première partie du classement, perdant 36 places en deux ans.

Les blogueurs n’échappent plus à la répression

Internet occupe de plus en plus de place dans le décompte des atteintes à la liberté d’expression. Cette année, plusieurs pays ont reculé dans le classement en raison de violations graves et répétées à la libre circulation d’informations sur le Web.

En Malaisie (124e), par exemple, mais aussi en Thaïlande (135e), au Viêt-nam (162e) et en Egypte (146e), des blogueurs ont été appréhendés et des sites d’informations ont été fermés ou rendus inaccesibles. "Nous sommes inquiets de la multiplication des cas de censure sur la Toile. De plus en plus de gouvernements ont pris la réelle mesure du rôle essentiel que peut jouer Internet dans le combat pour la démocratie et mettent en place de nouveaux moyens de censurer le Réseau. Les autorités des pays répressifs s’en prennent désormais avec la même force aux blogueurs et aux journalistes en ligne qu’aux employés des médias traditionnels", a expliqué Reporters sans frontières.

Au moins 64 personnes sont emprisonnées dans le monde pour s’être exprimées sur la Toile. La Chine conserve son leadership dans cette course à la répression avec 50 cyberdissidents détenus. Huit autres sont en prison au Viêt-nam. En Egypte, le jeune internaute Kareem Amer a été condamné à quatre ans de réclusion pour avoir critiqué le chef de l’Etat sur son blog et dénoncé la mainmise des islamistes sur les universités du pays.

Guerre et paix

La guerre est largement responsable de la mauvaise position de certains pays. La recrudescence des combats en Somalie (159e) et au Sri Lanka (156e) a rendu extrêmement éprouvantes les conditions de travail des journalistes. Plusieurs d’entre eux ont été tués et la censure est renforcée lorsque les affrontements sont quotidiens. Les belligérants ne reconnaissent aucun droit aux professionels des médias qu’ils accusent de soutenir tel ou tel camp.

Dans les Territoires palestiniens (158e), la bataille qui fait rage entre le Hamas et le Fatah est la cause principale de l’accumulation d’atteintes graves à la liberté d’expression. Prises d’otages, arrestations, agressions, saccages de rédactions, etc., les médias palestiniens et les rares envoyés spéciaux étrangers sont menacés de toutes parts.

En Irak (157e), les journalistes craignent avant tout les groupes armés qui les prennent pour cible sans que les autorités n’aient trouvé un moyen de mettre un terme à cette litanie macabre. Depuis le début du conflit en mars 2003, plus de 200 professionnels des médias ont été assassinés.

En revanche, comme annoncé l’an passé, le Népal (137e) a effectué une vraie remontée dans le classement, gagnant plus de vingt places. La fin du conflit et le retour d’un gouvernement démocratique ont immédiatement entraîné un regain des libertés fondamentales et ouvert de nouveaux espaces pour les médias.

Pour établir ce classement, Reporters sans frontières a demandé à ses organisations partenaires (15 associations de défense de la liberté d’expression dispersées sur les cinq continents), à son réseau de 130 correspondants, à des journalistes, des chercheurs, des juristes ou des militants des droits de l’homme de répondre à 50 questions permettant d’évaluer la situation de la liberté de la presse dans un pays. 169 nations y apparaissent, les autres sont absentes, par manque d’informations.


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