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Philippe DEWOST, DG de l’EPITA : Si certains parlent de cybersécurité, à l’EPITA nous les formons !

juillet 2022 par Valentin Jangwa, Global Security Mag

Philippe DEWOST, Directeur Général de l’EPITA, lors de l’inauguration de l’installation de l’EPITA au Campus Cyber s’est confié à notre rédaction. Il considère que pour ce qui concerne la Cybersécurité, certaines personnes en parlent, d’autres la font, et à l’EPITA, nous les formons.

GLOBAL SECURITY MAG : Pouvez-vous vous présenter à nos lectrices et lecteurs ?

Philippe DEWOST : Je suis Philippe DEWOST, Directeur Général de l’EPITA depuis le 1er Octobre 2021.

GLOBAL SECURITY MAG : Pouvez-vous nous expliquer le choix d’intégrer l’EPITA dans le Campus Cyber ?

Philippe DEWOST : Le choix d’implanter l’EPITA au cœur du Campus Cyber a été fait extrêmement tôt, et que l’on doit à la fois à l’intuition de mon prédécesseur Joël COURTOIS, à qui je rends hommage, et à l’intuition conjuguée du Groupe IONIS dans lequel se trouve l’EPITA et qui a vu une opportunité de placer l’école à la fois au cœur de l’écosystème Cyber et au cœur de la Défense. Comme le Campus Cyber regroupe, à la suite d’une initiative du Président de la République, l’ensemble des acteurs publics (Civils et Militaires), mais également des acteurs privés (Organisations et Entreprises), il n’y avait rien de plus logique pour nous que de se joindre à eux. Et nous sommes la seule école, le seul Établissement d’Enseignement Supérieur à être membre fondateur du Campus Cyber. D’autres écoles s’y sont rattachés par la suite, mais une seule est au cœur du dispositif et au sein du Conseil d’Administration comme copilote avec lui l’ensemble des offres, c’est l’EPITA. Une seule école dispose d’une superficie conséquente qui permet de former des dizaines d’apprenants simultanément, parce que nous avons décidé d’installer de la formation de manière permanente dans le Campus. Une raison simple est que depuis sa fondation en 1984, l’EPITA a toujours visé l’excellence par l’exigence, une formation extrêmement intensive. Il suffit de comparer la Majeure de l’EPITA et ceux d’autres formations, pour en tirer soi-même des conclusions.

Depuis 1984, l’EPITA a deux domaines d’excellences reconnus parmi de nombreuses autres, il s’agit de l’Intelligence Artificielle et de la Cybersécurité. Bien sûr, en 1984, Nous ne faisions pas de la Cybersécurité avec les mêmes armes, mais les enjeux ont été multipliés par mille, et nous avons dû élever le niveau de nos étudiant.e.s en conséquence.
C’est la raison pour laquelle la plupart ( celles et ceux qui suivent pendant leurs deux dernières années de cursus la majeure Cybersécurité), vont ensuite aller travailler dans les Agences Civiles et Militaires, voir des Agences dont on ne connaît pas le nom et peut-être même pas l’existence, ou dans les Grandes Entreprises et Organisations, comme Ingénieur.e.s. diplômé.e.s, avec encore une fois, cette dominante extrêmement pointue en Cybersécurité d’une part, et d’autre part (j’insiste là-dessus car c’est vraiment une caractéristique de la pédagogie de l’école) nos étudiant.e.s apprennent en faisant. Quand ils sortent de l’école, ils, elles, ont appris une demi-douzaine de langages de programmation. Développant dans ces langages, ils, elles ont écrit un shell, un serveur http, ils, elles ont « mis les mains dans le cambouis, et donc ils, elles ont une capacité et une intimité dans la compréhension des systèmes et une capacité à faire par eux-mêmes, elles-mêmes, sans aller chercher des recettes à l’extérieur, et ceci est très reconnu par les Organisations et Entreprises qui les emploient.

Pour résumer, la présence de l’école au cœur du Campus Cyber est un marqueur de l’excellence et de l’unicité de l’EPITA, comme l’Établissement d’Enseignement Supérieur à la pointe dans le domaine. C’est aussi l’opportunité pour nos étudiant.e.s en Bachelor Cybersécurité, pour les étudiant.e.s de notre Majeure Cybersécurité, mais aussi pour notre offre de Formation Continue de se placer au cœur du Campus Cyber et au cœur des enjeux et d’y contribuer. Et puis c’est l’occasion et les perspectives d’avenir pour le Groupe, d’entrer au cœur de la Défense, là où sont toutes les Entreprises et Organisations, et donc où tous les besoins en termes de formations, d’Upskilling, de Reskilling, tout au long de la vie professionnelle, vont être les plus grands. Et la Cybersécurité est encore une fois, ce par quoi nous commençons car c’est un de nos domaines d’excellence. Donc quand un.e étudiant.e vient ici, pour faire son Bachelor dont la troisième année se fait en alternance, il a absolument à portée d’ascenseur, toutes les Entreprises et Organisations avec lesquelles il ou elle pourrait travailler. Ces Entreprises et Organisation nous connaissent déjà, et nous en profitons ainsi pour tisser des liens plus profonds. Et pour vous donner un exemple de reconnaissance qu’a déjà l’EPITA et ses étudiant.e.s dans le monde des Entreprises et Organisations, chaque année, l’EPITA est partenaire du FIC à Lille, où nous organisons des hackatons, des challenges de Cybersécurité. Et de la même manière, nous sommes partenaires des Assises de la Cybersécurité à Monaco, qui nous font confiance chaque année en invitant une poignée des étudiant.e.s de la Majeure Cybersécurité à assister à toutes les conférences et à tous les évènements de ces trois jours qui rassemblent plusieurs milliers de professionnels et professionnelles. J’y suis allé pour la première fois l’an dernier, et j’ai pu constater qu’il y avait quelque chose comme une réunion d’anciens et anciennes de l’EPITA.
Nos étudiant.e.s font le tour des conférences et des stands, et produisent ensuite le Livre Blanc des Assises de la Cybersécurité.

GLOBAL SECURITY MAG : Vous avez plusieurs fois dit « nos étudiantes et étudiants ». Comment l’EPITA participe à la Diversité et l’Inclusion, notamment des Femmes, au sein des métiers du Numérique et spécifiquement au sein de la Cybersécurité ?

Philippe DEWOST : La meilleure réponse et la plus juste que je pourrais vous faire est : de toutes nos forces. Car nous avons la conviction, et cela date de bien avant mon arrivée, que les enjeux et les besoins de toute la société et dans l’Économie Numérique et en particulier dans la Cybersécurité, nous avons besoin de toutes et tous, et il est impensable de se priver de la moitié de l’humanité, surtout lorsqu’on s’aperçoit, quand on regarde le talent la progression des jeunes femmes à l’école, de se priver, si j’oserais presque dire, de la meilleure moitié de l’humanité, car en termes de compétences, elles sont très impressionnantes. Et pour ce faire, nous mettons en place des dispositifs, notamment des bourses, que cela soit avec Amazone ou Excellentia, de manière à attirer de plus en plus de jeunes filles. Et je pense qu’il faut travailler sur deux axes. Le premier qui est très en amont du Baccalauréat, qui est d’ouvrir les jeunes filles qu’elles peuvent parfaitement s’autoriser à développer, que le développement logiciel est amusant et qu’elles peuvent y avoir des résultats exceptionnels (nous avons mis en place des programmes avec l’Association Prologin qui a été fondée à l’EPITA est qui y est hébergée, et organise partout en France des évènements « Girls can code » qui s’adressent aux très jeunes filles pour leur mettre le pied à l’étrier et leur montrer qu’elles peuvent s’autoriser à l’envisager parce que c’est amusant et que ce sont des défis intéressants à relever, qu’elles peuvent y arriver, et qu’elles y arrivent même mieux que les garçons dans certains cas. Ainsi les aider à sortir des stéréotypes). Un deuxième enjeu tout aussi important à mes yeux, est de faire en sorte que quand une jeune femme rejoint l’EPITA pour y faire ses études, elle puisse le faire dans un environnement très inclusif, complètement sécurisé et sécurisant pour elle, puisque les jeunes femmes représentent encore une minorité (environ une douzaine de pourcent, ce qui est très faible). Et donc se priver de la moitié de celles et ceux qui obtiennent le Bac, dont les études montrent que les jeunes femmes réussissent plutôt mieux que les jeunes garçons dans le domaine scientifique, serait une aberration pour les écoles et pour la société.

Pour motiver et donner des exemples de réussite aux jeunes femmes, je leur parle non seulement d’Ada Lovelace, mais aussi beaucoup de Margareth Hamilton dont le parcours m’a beaucoup impressionné, car c’était une des premières ingénieures de la NASA, mais aussi parce que quand vous discutez avec des informaticiens de pointe, ils finissent par vous avouer qu’il y a quelque chose de très étonnante dans ce qu’elle a fait, c’est que tous ceux qui ont voulu décortiquer le code qu’elle avait développé, n’ont jamais trouvé aucun bug. Donc, non seulement elle a été une des premières femmes ingénieures logiciels, mettant en place des méthodes de développement informatique qui inspirent encore aujourd’hui certains développeurs. Et enfin, dans ce qu’elle a produit et délivré, au-delà du fait qu’elle a permis aux Américains d’aller sur la Lune et d’en revenir vivants, il y a une forme d’excellence dans la rigueur de son code qui aujourd’hui encore, laissent un certain de personnes tout à fait perplexes car elle a réussi quelque chose d’admirable avec les moyens de l’époque qui étaient dérisoires. Et nous avons des jeunes femmes qui nous rejoignent et qui ont des vocations chevillées au corps, je pense par exemple à Clarisse A qui est en train de travailler à une vocation dans l’ingénierie spatiale. Je pense qu’il faut simplement les aider à s’autoriser et dans ce cas, elles ont des réussites exceptionnelles dans tous les domaines. Prenez par exemple, en dehors des métiers de la Cybersécurité, Claire Calmejane (Chief Innovation Officer, Société Générale), qui est au Comité Exécutif de la Société Générale et s’occupe de toute l’Innovation du Digitale et de l’Infrastructure. En tant qu’ancienne de l’EPITA, elle a été Chef Assistante au sein de la troupe d’Elites qui comprend les Etudiants et Etudiantes de troisième année qui opèrent l’infrastructure pédagogique de l’école à la fois sur le plan technique et sur le plan de l’accompagnement des Etudiantes et Etudiants. Claire est donc un Rôle Model parmi tant d’autres.

Il est donc nécessaire que la barrière mentale saute et que les filles puissent se dire qu’elles peuvent envisager une carrière qui peut être très amusante dans le domaine du Numérique et de la Cybersécurité, et aujourd’hui, l’Informatique touche à tous les domaines avec la nécessité d’Ingénieur.e.s pour résoudre les problèmes qui se posent y compris dans les défis des ressources de la Planète. On ne réparera pas ce qu’on a commencé à abîmer sans recours aux technologies numériques pour simuler, évaluer, modéliser plus efficacement tous les sujets auxquels on fait face.

GLOBAL SECURITY MAG : Concernant la Diversité et l’Inclusion, Sciences Po avait créé un programme pour aller chercher les talents dans zones difficiles du Territoire. L’EPITA a-t-elle envisagé un tel cursus ?

Philippe DEWOST : L’EPITA a déjà une filière semblable, nous nous appuyons sur l’Infrastructure Nationale Parcours Sup puisque le système scolaire français est censé donner leur chance à tous les jeunes qui le suivent. Dans ce cadre, avec le Groupe IONIS, nous avons un concours qui s’appelle advance dans lequel sont regroupées les quatre écoles du Groupe (SUP DE TECH, SME, IPSA, EPITA). Une caractéristique de ce concours, c’est qu’il y a quelques épreuves de sélection pour évaluer le niveau, mais il y a surtout des épreuves orales lors desquelles nous allons pouvoir découvrir la personnalité des candidats car jamais une série de bulletins de notes et mêmes des résultats au Bac ne diront quoi que ce soit du tempérament, de la volonté, de la persévérance, de la personnalité ou du trait de génie d’une candidate ou d’un candidat. Et ce, encore plus cette année où le Bac a lieu après Parcours Sup. Les seules évaluations que fournissent les Lycées sont les notes de contrôle continu qui ne permettent pas vraiment de savoir qui a du potentiel ou pas. Nous nous appuyons tout de même sur ces notes et sur un minimum de tests en Sciences, car contrairement à Sciences Po, les matières enseignées à l’EPITA exigent un niveau scientifique suffisant, et je ne souhaite pas de proposer de rejoindre l’EPITA à une jeune fille ou à un jeune garçon, dont nous savons qu’elle ou il n’aura pas le bagage scientifique suffisant pour réussir. L’EPITA est en effet une école très exigeante, très difficile au sens où elle demande beaucoup de motivation, beaucoup d’engagement, et un bagage suffisant. Je me refuse à faire échouer des Etudiantes ou Etudiants dont je sais par avance le manque du niveau pour réussir. En revanche, le fait d’avoir, dans le concours advance, les épreuves orales, nous permet d’identifier chaque année, des candidates et des candidats, qui même si leurs relevés de notes moyens sont faibles, nous donnent la conviction, après un entretien, que c’est possible, et nous prenons ainsi des risques très mesurés pour ne pas les envoyer à l’échec. En effet, beaucoup de jeunes veulent faire l’EPITA du fait de sa réputation dans les familles ou dans la société.

De plus, depuis que je suis arrivé, j’ai décidé d’ouvrir l’offre de formation de l’école, par un cursus de 3 années qui s’appelle le Bachelor Cyber. Ce cycle permet à des étudiantes et étudiants qui n’ont pas forcément le niveau pour la formation de l’EPITA en cinq années, de se confronter à ce qu’on apprend et aux méthodes de formation de l’EPITA, et donc de permettre aux jeunes de se former en trois ans à la Cybersécurité, d’obtenir un diplôme professionnalisant avec la troisième année en alternance, et de pouvoir dire « moi aussi j’ai fait l’EPITA ». Et les Entreprises attendent ces jeunes qui ont acquis la compétence Cybersécurité. J’ai compris ce besoin des Entreprises, car j’ai passé trente années dans ce monde des Technologies Numériques. Les attaques ayant lieu régulièrement et de plus en plus, le fait de proposer des formations plus courtes, professionnalisantes, qui vont mettre sur le marché du travail, non pas des ingénieurs, mais des professionnel.le.s capables d’opérer dans ces environnements, est à la fois une attente des entreprises et aussi une attente des jeunes qui souhaitent aller travailler vite en passant par l’EPITA.

GLOBAL SECURITY MAG : Quels sont vos messages à l’écosystème de la Cybersécurité ?

Philippe DEWOST : Un seul message, la Cybersécurité, certaines personnes en parlent, d’autres la font, et à l’EPITA, nous les formons.


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