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Patrick Bénichou, Open Wide : Le support, modèle économique du logiciel libre ?

décembre 2007 par Marc Jacob

En 2007 l’adoption par le marché de logiciels Open Source ne s’est pas
démenti (+ 80 % de croissance d’après l’étude de PAC pour la France) et le
potentiel de croissance reste énorme si l’on regarde les choses d’un peu
plus près. Tout d’abord jamais le marché n’a été aussi mature. Les exemples
de grands comptes qui intègrent des composants Open Source à leur schéma
directeur sont de plus en plus nombreux et non des moindres. On peut citer
la démarche de la RATP qui a intégré le SGBD Open Source PostgreSQL à ses
préconisations technologiques pour ses applications métiers ou encore le
Crédit Mutuel et l’industriel Plastic Omnium qui ont opté pour des solutions
de GED Open Source, sans parler de l’arrivée remarquée des solutions
décisionnelles libres. On peut également se rappeler la décision de PSA de
déployer Linux sur 20 000 postes de travail et sur 2 500 serveurs avec l’
aide de Novell/Suse. Nous sommes définitivement loin de l’époque ou les
logiciels libres occupaient le devant de la scène des seuls serveurs
internet. Dans le même temps cette percée du logiciel libre vers les couches
métiers ou les postes clients n’en est qu’à ses balbutiements en regard des
taux de pénétration actuels de l’Open Source sur la totalité du système d’
information.

Du côté des grands offreurs mondiaux de l’informatique, bien que les
motivations soient très différentes, le mouvement Open Source s’ancre
fortement au cour des stratégies de développement. Soit parce que les
logiciels atteignent des niveaux de complexité tels qu’ils vont bientôt être
hors de portée d’une entreprise isolée (Steve Balmer a annoncé que Vista
serait sans doute le dernier OS que Microsoft développerait seul, Apple met
une bonne partie de Mac OS X en open source avec Darwin et utilise un noyau
BSD). Soit parce que le modèle Open Source, par nature coopératif, est le
seul qui en cas de succès accélère de façon drastique une adoption massive
au niveau mondial.

Cette concomitance des leviers de motivations tant du côté de l’offre que de
la demande sont les meilleurs gage de la vitalité du mouvement Open Source
pour les prochaines années.

Une évolution forte des modèles économiques

Une des plus grandes inconnues qui pesait sur le logiciel libre il y a 5 ans
était bien sa capacité à trouver son modèle économique, à l’instar des
premiers sites Internet tout gratuit.

Où en est-on aujourd’hui ?

De fait - est-ce un effet de l’évolution ou de la sophistication ? - les
modèles économiques s’avèrent de moins en moins directe. L’exemple récent de
Google est sans doute le plus marquant du moment. L’entreprise développe et
met à disposition des ressources logicielles innovantes et gratuites (qui
représentent des développements logiciels colossaux) afin de tirer le
meilleur parti du trafic généré via ses liens sponsorisés. Pour mémoire le
modèle a fait bien des sceptiques ! Avec la nouvelle plate-forme Android
pour mobile développée selon un modèle Open Source Google cumule deux
approches. D’une part, comme elle l’a fait sur le poste de travail, l’
entreprise va proposer des services logiciels sur le portable en vue de
créer une addiction (accès à une messagerie unifiée, géolocalisation de
services, accès à un stockage multimédia gratuit, moteur de recherche,
portail d’information.), d’autre part elle fournit une plate-forme
complètement ouverte afin d’accélérer le développement d’applications
tierces ou la personnalisation par les opérateurs télécoms de leurs propres
services. A n’en pas douter Symbian doit prendre la menace au sérieux.

L’évolution des modèles économiques vers une commercialisation indirecte ne
touche pas que le monde du logiciel. D’autres exemples sont en marche dans
le domaine des télécoms où la mise en place d’infrastructure de
communication ne sera plus rentabilisée par des minutes de connexion mais
par des abonnement forfaitaires d’accès à des contenus ou par la publicité.
Et que penser encore de la brèche ouverte par Steve Jobs qui a réussit le
tour de force de s’octroyer une part significative des communications
opérateurs en contrepartie de l’exclusivité de la commercialisation de l’
Iphone ?

De l’adoption à l’exploitation d’un logiciel libre

Le monde du logiciel n’échappe pas à cette évolution des modèles économiques
et présente en la matière son propre modèle indirect. Jusqu’alors les coûts
de conception et de développement d’un logiciel était rentabilisés par le
paiement d’un droit d’usage. Pour les logiciels libres les coûts de
développement (et particulièrement de mise au point) sont fortement réduits
car partagés mais sa promotion marketing, sa coordination et son support
ultime doivent trouver une contrepartie commerciale. C’est ce nouvel
équilibre qui est en cours de stabilisation.

En effet dès qu’un logiciel libre est choisi par une entreprise, de par ses
qualités et sa couverture fonctionnelle, l’interrogation immédiate de l’
entreprise est celle de son exploitabilité dans le temps. En d’autres termes
de sa maintenance et de son support. Cette question centrale du support des
logiciels libres est vue de l’entreprise comme l’un des points de rupture
majeur du modèle Open Source par rapport aux logiciels propriétaires dont l’
éditeur est naturellement le fournisseur de la maintenance. Parmi les
attentes connexes on trouve les cycles de maintenance (fourniture des « 
patchs » et mises à jour) ainsi qu’une visibilité sur la planification du
développement de nouvelles fonctionnalités (« roadmap »).

Après quelques années d’ajustements la pérennité d’un modèle d’éditeur Open
Source à même de répondre à ces attentes du marché semble en voie de
stabilisation. Sur le modèle d’un support-assurance et d’une maintenance
logiciel, la société Red Hat a valeur d’exemple sur le marché et la
dynamique ne semble pas faiblir. De nouveaux acteurs sont en passe de
réussir leur entrée en piste à l’échelle mondiale, à l’instar d’Alfresco
dans le domaine de la GED. Et les valorisations suivent. Après Jboss acquis
pour 350 M$ par Red Hat, ou Suse par Novell, c’est au tour de XenSource d’
être acquis par Citrix dans le domaine de la virtualisation de serveurs pour
plus de 500 M$. Oracle semble lui aussi avoir intégré l’importance du
support des logiciels libres et s’est mis à son tour à offrir du support
Linux sur la distribution Red Hat !

Tout comme les logiciels ont progressivement représentés une part majeure de
la valeur ajoutée des équipements électroniques il y a fort à parier que les
services représentent une part importante de la valeurs ajoutée des
logiciels, désormais de plus en plus libres. Les grands acteurs de l’
informatique ainsi que la plupart des intégrateurs sont en tout cas en train
d’intégrer cette nouvelle donne à leur stratégie de conquête.


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