Michel Souque, Prim’X Technologies : Le soutien aux PME passe par l‘obtention de marchés publics
juillet 2012 par Marc Jacob
Michel Souque, président de Prim’X Technologies reprenant les propos du sénateur Jean-Marie Bockel considère qu’il faudrait que l’ANSSI pèse plus sur les décisions des ministères régaliens en matière de préconisation de produits de sécurité. Par ailleurs, il estime qu’en matière d’émergence de champions nationaux, l’Etat français devrait s’inspirer des Etats-Unis qui soutien les PME par l’obtention de marchés publics.
GS Mag : Le sénateur Jean-Marie Bockel, dans son Rapport sur la Cyberdéfense, souhaite que l’ANSSI ait une position plus incitative en matière de préconisation de solutions de sécurité, qu’en pensez-vous ?
Michel Souque : Il apparait, à travers la lecture des textes, que l’ANSSI détient déjà une position forte en matière de règlementation et de préconisation de solutions de sécurité.
Les positions de l’ANSSI sont d’ailleurs suivies par les acteurs structurants de l’économie française. Par contre, et je trouve cela grave et choquant, il n’en est pas de même au niveau de certaines administrations ; on a pu observer encore tout récemment que des règles édictées par l’ANSSI n’étaient pas respectées lors du choix d’équipements de sécurité. Il est clair que l’ANSSI n’a pas aujourd’hui le pouvoir de peser sur les administrations en particulier sur certains ministères régaliens ; elle n’est pas suffisamment soutenue pour faire mettre en place ce qui lui semble souhaitable. S’il y a des choses à faire évoluer, c’est à mon sens bien au-dessus de l’ANSSI que cela doit se passer.
GS Mag : Vous avez obtenu une certification par l’ANSSI pensez-vous qu’elle vous permette d’élargir vos perspectives de marché ?
Michel Souque : Prim’X apprécie, malgré le coût important qu’elles induisent, les procédures de Certification et de Qualification effectuées par l’ANSSI. Elles augmentent fortement la qualité sécuritaire des solutions et présentent donc une garantie de confiance supplémentaire pour les clients. Plusieurs secteurs d’activité sont sensibles à cela et étudient les solutions référencées par l’ANSSI lors de leurs consultations. Bien entendu c’est d’abord l’adéquation de la solution avec les besoins de l’entreprise qui détermine leur choix, mais je pense que la Certification de nos solutions nous a aidés à convaincre plusieurs de nos clients majeurs.
GS Mag : Le sénateur Jean-Marie Bockel plaide pour une politique industrielle volontariste, à l’échelle nationale et européenne, pour faire émerger de véritables champions nationaux, qu’attendez-vous d’une telle politique, comment devrait-elle se matérialiser ?
Michel Souque :Pour commencer, je pense à des choses basiques. Soyons pragmatique ; les PME innovantes ont besoin des commandes de l’Etat, d’une part pour réaliser un chiffre d’affaire honorable, surtout en cette période de crise, mais aussi afin de disposer de références importantes soutenant leur action commerciale à l’exportation.
Une politique volontariste c’est déjà donner l’exemple ; pourquoi ne pas doter les services de l’Etat et les administrations en équipements de sécurité de pointe, notamment au niveau de la protection des données, avec des solutions répondant aux exigences de l’ANSSI ; cela répond à un besoin de sécurité important, et aiderait les PME qui ont conçu les produits inscrits au catalogue de l’ANSSI à se développer. C’est ce qui est fait outre-Atlantique ; les PME technologiques innovantes, bénéficient de par les règles de marché, d’une fraction des achats de l’état, soit directement soit indirectement à travers les gros intégrateurs qui sont tenus de leur sous-traiter une partie de leur chiffre d’affaire. Je ne sais pour qu’elle mauvaise raison en France on ne peut appliquer des règles comparables. Chez nous, il est très difficile pour une PME d’être partie prenante sur les marchés d’état ; c’est plutôt le contraire, ce sont les grands groupes qui sont avantagés notamment par les règles des marchés publics.
GS Mag : Quel est votre message à nos lecteurs ?
Michel Souque : Prenez le temps de comparer les solutions de Prim’X avec celles de la concurrence internationale. Vous serez séduits.
Articles connexes:
- Le sénateur Jean-Marie Bockel propose d’interdire les routeurs cœur de réseau chinois et met en avant la doctrine de cyberattaque française
- Leonard Dahan, Stonesoft : l’ANSSI devrait plus s’impliquer au niveau du secteur privé
- Philippe Marxgut, Mancala Networks : L’Etat doit pousser auprès des administrations un programme de préférence nationale
- Jean-Nicolas Piotrowski, fondateur d’ITrust : l’ANSSI doit revoir son modèle de préconisation et de labellisation
- ESIEA et rapport Bockel : « il faut renforcer les liens avec la communauté des hackers »
- François Lavaste, NETASQ : il faut renforcer les incitations à sélectionner des solutions « made in France » en matière de SSI
- Pierre Calais, Thierry Servais et Joseph Gaceffa, Association R&D-SSI : la France doit se doter d’une politique industrielle ambitieuse en matière de SSI
- Jean-Noël de Galzain, Wallix : un « European Business Act » doit être mis en oeuvre
- Thierry Rouquet, Président d’Arkoon : une forte sensibilisation des acheteurs publics et privés en faveur des PME innovantes est nécessaire
- Charles d’Aumale, Ercom : Pour une PME, un contrat a une valeur bien plus significative qu’une subvention !