Rechercher
Contactez-nous Suivez-nous sur Twitter En francais English Language
 











Abonnez-vous gratuitement à notre NEWSLETTER

Newsletter FR

Newsletter EN

Vulnérabilités

Se désabonner

Intégration et pragmatisme : les deux armes indispensables aux entreprises dans un monde gouverné par les applications

octobre 2017 par Sadaq Boutrif, Solutions Consulting Manager for France

« Ce que nous avons à conduire ensemble, c’est une révolution en profondeur de nos modèles de pensée, de notre organisation économique et sociale. » C’est par ces mots que le Président Emmanuel Macron a rappelé, à l’occasion du salon VivaTech 2017, ses ambitions pour la France en matière d’innovation.

Pour les spécialistes du secteur des nouvelles technologies dont je fais partie, cette révolution n’est plus tout à fait une ambition, mais déjà une réalité qui se construit chaque jour et que nous appelons la transformation numérique. Elle est la pierre angulaire de la nouvelle économie, le moteur d’une société redynamisée, portée par la montée en puissance de l’IoT et le Big Data. Mais cela suppose que les entreprises arrivent à tirer parti de cet immense gisement de données et de valeur pour se différencier et innover.

Pour y parvenir, tout l’enjeu pour les entreprises consiste à faire en sorte que leurs investissements dans des applications innovantes viennent enrichir le patrimoine informatique existant. Formulée ainsi, l’intégration s’impose comme une évidence ; elle est pourtant le défi majeur de toute transformation numérique. Le numérique a provoqué une profusion technologique. Enthousiasmées par les perspectives offertes, certaines entreprises ont multiplié les investissements sans réelle stratégie, cherchant à développer des services basés sur les technologies les plus récentes en se désintéressant parfois volontairement des contraintes d’intégration. L’intégration est également négligée par les entreprises qui fonctionnent en silo. Dans ce cas, les différentes divisions travaillent avant tout pour soutenir leurs propres activités et l’intégration ne se résume qu’à un centre de coût. Tout cela a contribué à un recours massif aux applications en mode SaaS, qui explique aujourd’hui la nécessité d’urbaniser, de rationaliser et de se connecter aux informations présentes historiquement dans le SI de l’entreprise.

La difficulté de réussir son intégration est qu’il n’existe pas de règle, mais plusieurs approches qu’il faut maîtriser et choisir en fonction de ses besoins et contraintes.

La démarche SOA, plutôt traditionnelle, consiste à exposer des services réutilisables par une ou plusieurs applications souvent conçues comme des “monolithes“. Les objectifs principaux sont la réutilisation des services au sein des applications d’un SI, l’utilisation des standards SOA pour la définition des interfaces et la communication entre applications, ainsi que la composition des services élémentaires dans des services à plus haute valeur ajoutée.

Plus récemment, l’émergence des microservices a incité à une remise en cause de cette approche monolithique. Ici, les applications sont constituées de plusieurs modules fonctionnels. Chaque module, également appelé microservice, gère un périmètre métier limité, mais de manière très performante et évolutive. En réalité, le microservice n’est pas aussi micro que son nom l’indique... Il s’agit de services plus autonomes, indépendants, et reposant sur des architectures modulaires. Ils permettent de déployer de nouveaux services beaucoup plus rapidement et sont également plus intéressants en termes d’évolutivité, ce qui est désormais une nécessité.

Il ne faut pas voir les microservices ni comme une révolution, ni un changement de paradigme mais plutôt comme une nouvelle étape, qui s’inscrit dans le prolongement du SOA. Il faut comprendre que le système d’information d’une entreprise a sa propre logique. Autrefois, il imposait des contraintes auxquelles répondait la démarche SOA. Aujourd’hui, les technologies comme les containers, imposent nécessairement une ouverture : on parle d’open data, d’open APIs... Les entreprises ont besoin d’une flexibilité et d’une souplesse bien plus importantes qu’il y a 10 ans. Désormais, cette flexibilité prévaut lorsque l’on souhaite faire communiquer des applications. Il est donc nécessaire de s’orienter vers des protocoles modulaires, plus adaptés au web et moins contraignants dans leur utilisation.

Une démarche axée sur les microservices demande un changement culturel et organisationnel profond qui contribue largement au succès ou à l’échec de la transformation. Toutes les organisations n’ont pas le même business model, les volumes et les moyens financiers d’un GAFA. Le risque d’échec avec les microservices est donc souvent proportionnel à l’enthousiasme aveugle avec laquelle certaines entreprises s’y lancent. Mais attention, cela ne doit pas restreindre pour autant la démarche microservices à une population élitiste : au contraire, un grand nombre d’entreprises peuvent en profiter. L’approche SOA conviendra pour accompagner les activités historiques de l’entreprise alors que les microservices soutiendront les activités à forte vélocité, avec des contraintes de performance importantes et beaucoup de turn-over.

La transformation numérique est une suite de petites projets. Dans les cas les moins graves, une mauvaise intégration va limiter la pertinence d’un projet. Dans le pire des cas, rater son intégration peut conduire à l’échec total du projet, avec une infrastructure dysfonctionnelle et tous les risques que cela engendre, en termes d’images et de mécontentement des clients. Il y a donc un fort ROI autour de l’intégration, quel que soit le modèle choisi. Le maître mot est, et doit rester, le pragmatisme.


Voir les articles précédents

    

Voir les articles suivants