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Forum du Futur : Une gouvernance de l’Internet ne pourra émerger qu’après de nombreuses crises douloureuses…

avril 2011 par Marc Jacob

Pour sa troisième et dernière session sur l’avenir d’internet sous l’angle de la sécurité et du Cloud Computing, le Forum du Futur avait réuni autour d’Henri Conze, Francis Mer, Didier Lombard, Alain Juillet, Guillaume Schlumberger, directeur de la prospective du CEA, Franck Greverie, de Thalès et François Lavaste, Président de Netasq.

Photo : Lukiyanova_Natalia_ frenta

Didier Lombard en préambule a montré qu’au rythme actuel de la croissance d’Internet, les réseaux ne pourront plus supporter la charge. Ainsi, il s’attend prochainement à une rupture des réseaux. Cette rupture aura pour conséquence de faire prendre conscience de la nécessité de clarifier les règles applicables dans les réseaux et devrait permettre de réaliser les investissements massifs dont cette technologie a besoin.

Franck Greverie est revenu pour sa part sur la nécessité de sécuriser les Cloud Computing qu’il considère comme une des technologies incontournables dans l’avenir. Pour lui, la sécurisation du Cloud s’appuie sur les mêmes grands principes de la sécurité : déploiement de solutions antivirales, de firewall, moyens de détection d’attaques informatique, scan de vulnérabilité… le Cloud nécessite, en plus, une bonne gestion des clés de sécurité et des mesures de protections des machines virtuelles entre autre avec des hyperviseurs. Toutefois, le problème actuel est que les entreprises n’ont pas encore bien pris conscience des risques et ont donc mal sécurisé leur SI. Il a regretté que les grands du domaine de la sécurité soit surtout américains. Pour lui, les PME françaises ont un rôle à jouer. D’ailleurs, Thalès a décidé de regrouper une trentaine de PME de sécurité pour intégrer leurs offres dans sa gamme de solutions. Il a souhaité que l’Etat oblige les entreprises de rajouter un minimum de briques de sécurité dans les appels d’offre. Il a aussi émis l’idée que l’Etat certifie les services de Cloud. Enfin, il a rappelé que Thalès participe au Cloud Security Alliance et y est particulièrement actif sur la partie chiffrement.

Guillaume Schlumberger a insisté sur l’importance de la protection des données caractères personnel. Il a souhaité qu’il y ait une plus grande collaboration entre la Commission Européenne et la CNIL sur ce sujet.

A ce propos, il faut rappeler que la Loi Détraigne et Escoffier passée au Sénat est toujours en « Stand By » à l’Assemblée Nationale, ce que ne semblait pas savoir les participants au débat du Forum du Futur...

Alain Juillet a souligné l’importance de la protection matérielle et immatérielle, de l’identité et du droit à l’oubli. Pour lui, le cloisonnement des problèmes et législations en matière d’internet n’est plus possible car la moindre attaque est mondiale. Il a insisté sur l’importance des partenariats public-privé tant au niveau national qu’européen. Il est primordial, selon lui, de créer les conditions d’un marché européen afin de donner les possibilités aux sociétés de ce continent de se développer et pour atteindre une envergure internationale. Par ailleurs, il rappelé que les réseaux sociaux sont à la source de nombreux risques.

François Lavaste, Président de Netasq, a rebondi en montrant que les systèmes de soutien aux TPE existaient et étaient efficaces. En particulier, il a salué le travail d’OSEO. Par contre, il a déploré que pour les PME de tailles intermédiaires ne bénéficient du même type de soutien. Ainsi, il y a peu d’entreprises pouvant rivaliser avec les acteurs américains de la sécurité. Dans le domaine du Firewall, il y a trois acteurs de tailles européennes : un français, un finlandais et un allemand et à eux trois ils ne font pas un CA équivalent au premier acteur américain. Pour lui, il est nécessaire pour survivre d’avoir une ambition européenne.

Francis Mer a insisté aussi pour le développement d’un partenariat entre les entreprises plutôt que d’attendre le soutien de l’Etat ou de l’Europe. L’internet doit être vu comme une industrie à part entière qui permet de réduire les coûts d’exploitation en particulier avec le Cloud. « Internet est un levier en termes de productivité ». Concernant la nécessité de protéger les identités numériques, il a mis en avant l’offre de Morpho qui est un des leaders mondiaux dans ce domaine.

Lors du débat qui a suivi, tous les intervenants sont tombés d’accord sur la nécessité d’avoir une autorité supranationale qui pourrait agir en tant que régulateur d’internet de la même manière qu’il y en a un qui régit le Commerce Mondial, ou l’aéronautique… Pour eux, cet organisme ne pourra émerger qu’après plusieurs crises majeures comme, par exemple, le détournement de fonds massifs dans les banques… En conclusion, Didier Lombard et Francis Mer ont conclu de concert qu’il faut s’attendre à quelques années difficiles pour parvenir à l’Eldorado d’internet. Mais il faudra entre temps apprendre à se servir d’internet, a rappelé Alain Juillet.


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