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Forum Atena : quand les « pères » d’Internet se penchent sur son futur...

janvier 2010 par Emmanuelle Lamandé

Le forum Atena a réussi la semaine dernière une prouesse technologique pour sa conférence sur le futur de l’Internet : réunir en visioconférence et streaming près de 1500 personnes autour des trois fondateurs d’Internet : Vinton Cerf, Robert Kahn et Louis Pouzin… le tout orchestré par Gérard Péliks, Président de l’Atelier Sécurité du Forum Atena.

Dans les années à venir, l’état français souhaite investir dans le cloud computing, les infrastructures partagées, les réseaux intelligents, l’e-santé, l’e-administration, le télétravail... « Il faut s’inscrire dans une ambition numérique globale, visant l’alliance entre le numérique et l’écologique », souligne Nathalie Kosciusko-Morizet, Secrétaire d’Etat à l’économie numérique.

Des perspectives qui rejoignent les visions de Vincent Cerf, Vice-président de Google, et Robert Kahn, Président de la Corporation for National Research Initiatives, puisque le « cloud » devrait être l’architecture de l’Internet de demain, avec pour ambition une réduction des dépenses énergétiques. La migration d’IPv4 à IPv6 marquera l’un des principaux défis de ces prochaines années. L’accès à Internet devrait, quant à lui, s’étendre au plus grand nombre et sera de plus en plus mobile. L’arrivée massive des smartphones va d’ailleurs permettre d’amplifier largement son champ d’accès.

Le commerce a régenté le développement d’Internet, laissant pour compte la recherche

« L’Internet d’aujourd’hui est le même que celui créé en 1983, c’est-à-dire un réseau expérimental bourré de défauts » constate Louis Pouzin, Eurolink et SFI. Nous n’avons pas encore touché aux fonctions de base, le commerce ayant régenté le développement d’Internet, laissant pour compte la recherche. Concernant l’Internet de demain, Louis Pouzin soutient l’architecture étudiée depuis 10 ans par John Day, Université de Boston. Cette vision abolit le système de couches pour lui préférer un système de « sabot ». Selon lui, quel que soit l’internet du futur, une chose est sûre : « on ne peut pas mettre l’Internet d’aujourd’hui à la poubelle. L’Internet du futur devra coexister et être interopérable avec l’Internet historique ».

Pour Michel Riguidel, Télécom ParisTech, l’Internet du futur sera polymorphe. Les modèles actuels sont à bout de souffle. Il souligne le conformisme de l’IP et la dictature du paquet. L’informatique ne doit pas uniquement être vu comme un système de nœuds et de liens, mais comme un système poreux et ubiquitaire. Il faut partir de la trame Ethernet si l’on veut réconcilier le sans fil et le filaire. Pour lui, l’Internet du futur, quelque soit son architecture, sera complètement « non-neutre ». Nous assisterons à une balkanisation du numérique qui s’organisera autour des systèmes de géonavigation. Chacun aura son propre système.

Il faut commencer par définir un système légal international

Malgré « l’euphorie » des uns et des autres et les possibilités diverses et variées qui s’annoncent, force est de constater que planent une immense zone d’ombre sur ce que sera Internet demain et une inquiétude grandissante des menaces qui s’abattront demain sur la toile. Car si doute il y a sur demain, nous sommes sûrs que ce sera pire qu’aujourd’hui ! Comme le souligne Vinton Cerf et Robert Kahn, le principal challenge de l’Internet du futur s’articulera autour de la sécurité, avec pour objectif de créer un « Internet de confiance »… une belle utopie, mais ne partons pas fatalistes ! Pour créer ce climat de « confiance », l’identification des internautes passera, selon Bob Kahn, par la PKI. Pour Michel Riguidel, la non répudiation ferait déjà avancer la sécurité. Vinton Cerf souligne, quant à lui, l’importance de définir un système légal international, pour le e-commerce notamment. Pour Louis Pouzin, l’absence de droit international relatif à internet creuse le principal fossé. Nous sommes dans un état de non droit, sans aucun moyen de pression juridique. Avant toute chose, il faut commencer par faire du droit.

Pour Michel Charron, Amesis, parler de sécurité est un non-sens. Nous vivons aujourd’hui avec les bugs et l’incompréhension. Toutes les TIC génèrent des vulnérabilités. L’insécurité est d’ailleurs un business très rentable. C’est un outil géostratégique, permettant par exemple de justifier des mesures et des lois liberticides, mais aussi de guerre économique.

Qui aura le monopole d’Internet demain ?

Le centre de gravité d’Internet est en train de changer, souligne-t-il. Les réserves d’Internet ne se trouvent pas dans les pays occidentaux. En effet, la marge de progression des internautes se situe à l’est. La France représentera, en 2015, 1,86% des internautes. En 2015, Internet devrait être à 45% asiatique, 30% occidental et 25% pour le reste du monde. Alors, qui aura le monopole d’Internet demain ?

Pendant que les uns et les autres mènent de front leur « guerre de pouvoir » sur la gouvernance ou la nationalisation d’Internet, la cyberguerre, elle, se développe de manière internationale. Pour Nicolas Arpagian, Rédacteur en chef de la revue Prospective Stratégique, dans cette lutte contre la cyberguerre, les moyens sont beaucoup trop disparates selon les pays. Il souligne un manque certain de collaboration et d’harmonisation.

Cependant, dans ce débat, le paradoxe est total. D’un côté, une majorité parle de l’importance de la collaboration internationale, au niveau technologique, économique et juridique. De l’autre, certains prônent la « nationalisation » de l’Internet. « Il est temps que nous ayons notre propre réseau et notre DNS, … ». Cependant, les américains ne sont pas prêts à céder leur monopole et si nous nous croyons suffisamment intelligents pour « nationaliser » Internet, alors qu’attendons-nous pour le faire ? Un débat sans fin, car si technologiquement la France et l’Europe en sont capables, en auraient-elles le cran ?


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