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Concentrer les échanges numériques à Paris : un enjeu crucial pour l’économie française et européenne

décembre 2020 par Sami Slim, Deputy Director de Telehouse France

À l’heure de la relance économique et de la transition énergétique, le hub de connectivité de Paris doit passer en tête des échanges mondiaux de données. Le moment est venu de concrétiser cette ambition réaliste et stratégique, sous peine de passer à côté des enjeux de la souveraineté numérique française et européenne.

Quatrième hub mondial du trafic de données, Paris fait de la France un acteur incontournable de l’économie numérique. Aujourd’hui, plus que maintenir cette position, Paris doit devenir la ville la plus connectée du monde. Pourquoi est-ce réaliste ? Pourquoi est-ce stratégique ?

Une ambition à portée de main

Paris détient de nombreux atouts pour se hisser en première position de l’échange de trafic Internet mondial. Située sur la dorsale principale de l’Internet mondial (Londres-Paris- Francfort), la capitale bénéficie également d’une connexion à des câbles sous-marins stratégiques vers des régions à forte croissance Amérique latine, Moyen-Orient et Afrique en particulier.
Paris est le moteur d’un secteur numérique français très dynamique. Le pays se place en effet au deuxième rang mondial en termes de hausse de la compétitivité numérique entre 2017 et 2019, selon le classement « Digital Riser », et à la quatrième position pour le bien-être numérique selon l’index de référence Digital Quality of Life (DQL).

Paris bénéficie également d’une conjoncture favorable au développement de son dynamisme numérique. Ainsi, le Brexit entraînera le rapatriement de nombreuses données sur le continent, notamment à Paris. Les JO de 2024 vont placer la ville au cœur d’une intense activité médiatique et donc numérique mondiale. Le lancement de la 5G et le plan gouvernemental pour fibrer la France d’ici 2022 sont également des opportunités majeures de renforcement de l’attractivité numérique française. Autant de facteurs qui vont booster la connectivité de la capitale.

Il n’est pas étonnant que les acteurs de la connectivité y investissent et y ouvrent de nouvelles infrastructures. D’où une hausse significative des capacités d’accueil en termes de Datacenter et d’interconnexions dans les années qui viennent. Ainsi, d’ici cinq ans, Paris devrait atteindre une capacité cumulée de réseau de plus de 100 téraoctets/seconde, ce qui hisserait la ville à la deuxième place des villes les plus connectées, derrière Francfort.
Placer Paris au cœur de la géostratégie numérique mondiale

Augmenter l’attractivité numérique et la connectivité de la capitale, c’est répondre à des enjeux majeurs de compétitivité, de transition énergétique et de souveraineté numérique.

En effet, fortes d’un puissant hub mondial de l’information à Paris, les entreprises locales bénéficient d’un haut niveau de performance de leurs outils numériques. Cette gestion locale leur permet de conserver une maîtrise et une visibilité sur le mouvement de leurs données. Les implications sont multiples :
Une compétitivité aiguisée : avoir le contrôle de son réseau à l’échelle nationale permet de réduire le volume d’intermédiaires, et ainsi de bénéficier de tous les avantages offerts par un numérique en circuit court. Moins onéreux, plus performant et plus flexible, il permet aux champions nationaux du numérique d’avoir accès aux meilleures routes de l’information, que ce soit pour exporter leurs services ou pour bénéficier des dernières technologies au meilleur prix et avec les meilleurs débits.

Une fracture numérique résorbée : historiquement, les territoires français sont connectés à Paris via le réseau de fibre national, qui emprunte les autoroutes et les chemins de fer, géré majoritairement par des opérateurs français. Si la capitale venait à être déclassée, nombre de services numériques utilisés par les Français, actuellement hébergés à Paris, seront hébergés à l’étranger, et la capitale deviendrait alors un simple relais entre les territoires régionaux et l’étranger. Un tel scénario n’est pas souhaitable, car il impacterait fortement la qualité de l’accès aux services des territoires régionaux en termes de latence et de compétitivité prix.

La transition énergétique favorisée : les entreprises tiennent à contrôler, à maîtriser leur empreinte carbone. Sur le plan numérique, les sources d’énergie décarbonées sont un facteur décisif dans leurs choix. Les datacenters français leurs apportent cette garantie, ainsi qu’une visibilité complète en la matière. Un cap impossible à tenir si les données de l’entreprise transitent en dehors des frontières.

La souveraineté numérique réaffirmée : l’ancrage local des échanges numériques est un enjeu capital de souveraineté numérique nationale et européenne. Il permet aux organisations locales, privées comme publiques, de privilégier une localisation de leurs données en France. À l’heure du cloud, qui peut être hébergé hors du pays et du continent, de tensions numériques entre les grandes puissances régionales, savoir que les fournisseurs de cloud, de SaaS et autres services numériques sont présents dans un datacenter de connectivité parisien est un gage de sécurité industrielle pour l’entreprise.
Il est ainsi stratégique, sur bien des plans, que Paris demeure un hub de connectivité attractif, incontournable pour les entreprises et leurs divers fournisseurs de services. Aujourd’hui, tous les acteurs de l’Internet et du numérique en France doivent s’engager pour que Paris passe de la quatrième à la deuxième place des villes les plus connectées au monde. C’est la condition pour s’assurer une place prépondérante dans la géostratégie numérique mondiale, et garantir l’accès du territoire à des technologies de pointe, dans les meilleures conditions, au meilleur prix, et en s’extrayant de tout risque de dépendance. Mais il s’agit également d’éviter tout déclassement : si nous n’y allons pas maintenant, d’autres prendront la place !


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